De notre bureau de Paris, Khadjidja Baba Ahmed ��tre de gauche, ce n�est pas r�gulariser tous les sans-papiers.� C�est dit et c�est le nouveau premier flic de France qui le dit. Dans un entretien donn� cette semaine au quotidien le Monde (28 juin 2012) Manuel Valls, ministre de l�Int�rieur, d�cline les grandes lignes de la politique de gauche de l�immigration qui sera formalis�e d�abord dans trois circulaires en pr�paration et dans une nouvelle loi sur l�immigration qui viendra un peu plus tard. Par rapport � l��re Sarkozy, celle de Hollande ne conna�tra pas, en apparence, de chamboulements notables sur la question de la r�gularisation des sans-papiers : ��tre de gauche, ce n�est pas r�gulariser tout le monde et se retrouver dans une impasse. Il faut mener une politique r�publicaine, conforme aux valeurs de la France, tenir compte de la situation �conomique et sociale de notre pays et poser, effectivement, des crit�res.� Ce sont les propos tenus par Valls mais cette absence de changement n�est, a priori (en attendant les textes et leur application), qu�apparente car tout est dans la pr�cision que fournit le ministre sur l�exigence plus qu�imp�rative de d�finir des crit�res de r�gularisation. Une circulaire est en pr�paration pour d�finir ces crit�res, informe le ministre : �Les r�gularisations doivent se faire en s�appuyant sur des crit�res pr�cis, objectifs, compr�hensibles � la fois par ceux qui sont dans cette situation, ceux qui pourraient venir sur notre sol national et nos compatriotes. Ces crit�res sont les ann�es de pr�sence en France, la situation par rapport au travail, les attaches familiales, la scolarisation des enfants.� Sans les d�tailler pour l�heure, Manuel Valls insiste, toutefois, sur ce qui le distingue des pratiques ant�rieures de la droite qui laissaient libre cours aux interpr�tations multiples par les pr�fectures des crit�res d�alors non appliqu�s d�une fa�on uniforme sur tout le territoire fran�ais ou souvent appliqu�s avec beaucoup de restrictions. Je veux, dit le ministre, �mettre fin � l�arbitraire�. Dans la foul�e cependant, il avertit que �les personnes susceptibles d��tre refoul�es le seront�. Et lorsqu�il lui fut demand� si la pr�cision des crit�res allait conduire � une r�gularisation plus importante que par le pass�, la r�ponse est sans �quivoque : Valls dit qu�il ne pourra r�gulariser plus que par le pass� expliquant que �la situation �conomique et sociale ne permet pas d�accueillir et de r�gulariser autant que certains le voudraient�. Plus explicite encore, il d�clare assumer ce choix et rappelle � l�occasion et pour tous ceux qui, comme Olivier Besancenot, ironisent sur �un ministre de droite qui se serait faufil� dans le gouvernement Ayrault� que la politique qu�il applique �n�est pas celle de Manuel Valls, c�est celle du pr�sident de la R�publique et du Premier ministre�. Plus globalement, sur les titres de s�jour, le ministre critique s�v�rement les pratiques de la droite et se dit �r�volt� par le sort r�serv� � ces �trangers qui se retrouvent dans les files d�attente devant les pr�fectures pour renouveler leurs papiers pendant des heures, la nuit ou dans le froid. �a n�est pas �a, la France�, tonne-t-il. Le gouvernement va y rem�dier en l�gif�rant cette ann�e �en cr�ant un titre de s�jour interm�diaire d�une dur�e de trois ans qui permette de stabiliser ceux qui vivent et travaillent de mani�re r�guli�re sur le sol national. Le ministre a enfin annonc� deux circulaires : l�une pour mettre fin � la r�tention des familles et l�autre pour faciliter les naturalisations qui ont chut�, rel�ve le ministre, de 40% ces deux derni�res ann�es. Pour Valls, la naturalisation, c�est une r�ussite pour la France et ne doit plus �tre pens�e comme l�issue d�un parcours du combattant mais comme l�issue d�un processus d�int�gration �. Il va sans dire que les d�clarations de Valls n�ont laiss� indiff�rents ni la gauche autre que le PS et l�extr�me gauche qui consid�rent que ces nouvelles d�cisions de Valls � pr�sent� comme le champion de l�aile droite du PS � sont loin d�une politique de gauche d�accueil et d�ouverture, ni la droite qui consid�re que le fait que le gouvernement ne fixe pas d�objectifs chiffr�s de reconduite ; qu�il pr�pare une circulaire de r�gularisation des clandestins et limite le recours � la r�tention, �il envoie un signal de rel�chement aux pr�fectures et aux forces de l�ordre�.