Face à la fronde des associations, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, annonce une circulaire sur la régularisation au cas par cas des sans-papiers étrangers, tout excluant de dépasser le chiffre d'environ 30 000 par an que réalisait l'ancien gouvernement de droite. Paris. De notre correspondant «Les régularisations doivent se faire en s'appuyant sur des critères précis, objectifs, compréhensibles, à la fois par ceux qui sont dans cette situation, ceux qui pourraient venir sur notre sol national et nos compatriotes. Ces critères sont les années de présence en France, la situation par rapport au travail, les attaches familiales, la scolarisation des enfants. Ils ont été interprétés de manière beaucoup trop restrictive et n'ont pas été appliqués de manière uniforme sur l'ensemble du territoire par le précédent gouvernement», a déclaré, au Monde, le ministre de l'Intérieur. Manuel Valls est sorti de son silence après la bronca des associations qui ne voyaient pas de différence sur la politique de l'immigration entre le nouveau pouvoir et l'ancien. Pour elles, en maintenant l'immigration au ministère de l'Intérieur, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault entérine un «hold-up» réalisé par l'ex-président Nicolas Sarkozy et contredit les engagements de François Hollande dans ce domaine. Pour l'historien Patrick Weil, le maintien de l'immigration dans le giron de l'Intérieur est contradictoire avec les engagements de François Hollande. «D'abord parce que ce rattachement à l'Intérieur relève d'une approche uniquement répressive de l'immigration qui a doublement échoué. Sur le plan éthique, elle conduit à des interpellations de personnes qui ne posent pas de problème d'ordre public. Cela induit un malaise chez les policiers dont le travail est d'interpeller en priorité les vrais criminels ou délinquants, y compris étrangers. Tout cela pour un échec des résultats : les arrêtés de reconduite à la frontière en grande majorité non exécutés», relève l'historien. Au cas par cas Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur a écarté une régularisation plus ample que les 30 000 par an réalisées sous Nicolas Sarkozy, qui militait pour une réduction des flux : «Aujourd'hui, la situation économique et sociale ne permet pas d'accueillir et de régulariser autant que certains le voudraient. C'est ma responsabilité de ministre de l'Intérieur de le dire. Je l'assume.» Pour les associations, il y aurait une continuité «dans la politique sarkozyste de l'immigration». Ainsi France Terre d'Asile regrettait le manque de signes clairs de changement : «Il n'y a là aucun signe encourageant pour la société civile et les défenseurs des droits de l'homme. Un changement nous avait été promis mais les premières notes jouées par le nouveau gouvernement sont, hélas, issues d'un répertoire qui n'a suscité jusqu'alors que rejet.» Dans le Monde, Manuel Valls répond clairement à ces associations et annonce qu'une autre circulaire sur les naturalisations sera signée : «La naturalisation, c'est une réussite pour la France. Elle ne doit plus être pensée comme l'issue d'un parcours du combattant mais comme l'issue d'un processus d'intégration. Il faut redonner la totale possibilité de devenir français. Depuis deux ans, les naturalisations ont chuté de 40%. C'est la conséquence de choix politiques délibérés, mais non écrits, non dits. Je veux inverser cette tendance.» Et d'annoncer une loi pour créer un nouveau titre de séjour de trois ans.