L'élaboration d'une force d'intervention internationale au Mali constituera l'un des principaux dossiers de la présidence française du Conseil de sécurité de l'ONU qui débute le 1er août et durera un mois. Suscitée par l'instabilité du Mali, dont tout le Nord est passé sous le contrôle de mouvements radicaux alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) après le putsch du 22 mars dernier, la résolution 2056 du 5 juillet demandait à Ban Ki-moon de fournir au Conseil de sécurité un rapport sur la situation avant le 31 juillet. Le «briefing» des quinze membres du Conseil (dont cinq permanents) par le secrétaire général de l'ONU aura lieu le 8 août. Des consultations s'engageront ensuite entre les pays membres pour tenter de dégager les voies et moyens d'une force africaine dont les effectifs tourneraient autour de 3 300 hommes, chargés de sécuriser la transition politique à Bamako, d'aider à la reconstruction d'une force armée malienne et d'épauler celle-ci dans sa lutte contre les mouvements terroristes. Une deuxième résolution du Conseil de sécurité sera nécessaire. Laurent Fabius a exclu lundi que la France, dont six ressortissants sont retenus en otage par Aqmi, puisse déployer des hommes sur le terrain. Paris n'entend pas se porter en première ligne et privilégie un «accompagnement» qui pourrait se traduire par la fourniture d'un soutien logistique. Le 12 juillet, le ministre des Affaires étrangères avait jugé «probable» une intervention militaire. Une perspective qu'il a évoquée, le 15 juillet, lorsqu'il a été reçu par les dirigeants algériens, hostiles par principe à voir une force étrangère pénétrer dans ce qu'ils considèrent comme leur pré carré. Le sujet a également été au centre de la visite que le patron du Quai d'Orsay a effectuée le week-end dernier au Niger, au Burkina Faso, au Sénégal et au Tchad. En visite en France la semaine dernière, l'Ivoirien Alassane Ouattara, qui préside actuellement la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a jugé une intervention militaire «inévitable». Une déclaration jugée quelque peu intempestive à l'ONU, où l'on insiste sur le préalable, inscrit dans la résolution 2056, de clarifier «les moyens, les objectifs et les modalités» d'une intervention. «Il y a une disponibilité du Conseil de sécurité à travailler avec les organisations régionales et sous-régionales pour le déploiement d'une force, mais tout cela requiert des précisions», tempère une source onusienne en relevant les obstacles soulevés par une intervention. Une première demande introduite par la Cédéao avait d'ailleurs été accueillie avec circonspection le 15 juin.