8,5 milliards de dollars est le manque à gagner pour l'Algérie d'ici l'application totale de l'opération de démantèlement tarifaire conclue entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) pour la création d'une zone de libre-échange en 2020. Lors d'une journée d'information, tenue hier à Alger, portant sur le nouveau schéma de démantèlement tarifaire pour les produits industriels et la révision des cessions tarifaires agricoles avec l'UE en vue de l'accord d'association entre cette dernière et l'Algérie, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a indiqué qu'au plan fiscal, le gel du démantèlement tarifaire va aider à renflouer le Trésor public par des recettes supplémentaires en droits de douane. Il a cependant expliqué que l'Algérie perdra environ 8,5 milliards de dollars d'ici la création de la zone de libre-échange à cause du démantèlement tarifaire. Continuant sur le même point, le ministre a rappelé que le démantèlement tarifaire mis en œuvre avec l'UE a fait perdre à l'Algérie 2,5 milliards de dollars de recettes au Trésor entre l'année 2005 et l'année 2009, ce qui a nécessité l'intervention de l'Etat pour revoir le rythme et le niveau de démantèlement, notamment pour les branches industrielles en difficulté. D'ailleurs, le comité interministériel algérien chargé des négociations avec le partenaire européen a réussi à repousser le calendrier du processus de démantèlement à 2020 au lieu de 2017 suite à une demande formelle introduite le 15 juin 2010, lors de la 5e session du conseil d'association, portant sur la révision du démantèlement tarifaire concernant les produits industriels ainsi que les concessions tarifaires des produits agricoles et agroalimentaires. «Notre attente dans cette expérience de négociation était de parvenir à l'obtention d'un délai supplémentaire dans la mise en œuvre de la zone de libre-échange et aussi de rétablir ou de geler les taux de droits de douane pour les produits et filières sensibles afin de permettre à nos entreprises publiques et privées d'avoir l'opportunité d'une mise à niveau dans la perspective d'une préparation à une concurrence loyale», a-t-il dit. Les négociations qui ont duré plus de deux années ont permis alors de repousser la création de la zone de libre-échange avec l'UE de trois années supplémentaires. Un temps qui constituera, selon le ministre, un avantage aux opérateurs économiques nationaux qui ont à saisir cette occasion pour renforcer l'économie nationale de manière à la rendre concurrentielle et surtout pour compenser l'éventuelle perte du Trésor public qui s'élèvera à plus de 8 milliards de dollars. M. Benbada a souligné, à cet effet, que les opérateurs économiques algériens seront obligés de redoubler leurs efforts pour pouvoir maintenir l'économie nationale face à la puissance de l'économie européenne. «C'est à l'entreprise algérienne de se distinguer en redoublant d'efforts dans les domaines de la production, de la gestion et du management afin non seulement de préserver ses parts de marché, mais de les développer en améliorant sa compétitivité et en mettant à son avantage les opportunités offertes par cet accord d'association pour consolider nos exportations hors-hydrocarbures», a-t-il précisé. Il a souligné l'important rôle joué par l'Etat et toutes les mesures prises pour aider ces opérateurs à renforcer leur potentiel pour y faire face. Il y a lieu de noter que le nouveau schéma de démantèlement prévoit 174 lignes tarifaires des produits jugés très sensibles qui bénéficient du droit de douane, rétabli partiellement à 23% pour les produits assujettis à 30% et 12% pour les produits assujettis à 15% et d'un délai supplémentaire de 3 ans (2020). Ce schéma prévoit également 617 lignes tarifaires bénéficiant d'un gel de droits de douane à 21% pour les produits assujettis à 30%, à 10,5% pour les produits assujettis à 15% et à 3,5% pour les produits assujettis à 5% et ce, pour une période supplémentaire s'étalant de 2012 à 2015 et d'un délai supplémentaire de 3 ans avant d'être totalement démantelé à un taux de 0% à l'échéance 2020.