Le médiateur international Lakhdar Brahimi a brossé un tableau sombre de la Syrie en jugeant «ahurissant» le nombre de victimes et «catastrophiques» les destructions dans ce pays ravagé par un an et demi de conflit. Alors que la crise entre le 15 septembre dans son 18e mois sans aucune perspective de règlement, les violences ne connaissent aucun répit avec la mort mercredi d'une vingtaine de personnes dans de nouveaux raids de l'armée sur Alep, où les rebelles sont retranchés depuis plus d'un mois. Dans son premier discours mardi devant l'Assemblée générale de l'ONU depuis le début officiel samedi de sa mission destinée à tenter de trouver une issue à la crise, M. Brahimi a annoncé des visites «dans les prochains jours» à Damas et au Caire. Il a jugé «indispensable» le soutien de la communauté internationale» qui reste profondément divisée sur les moyens de régler le conflit, les Russes et les Iraniens, des alliés du régime de Bachar al-Assad refusant tout ingérence en Syrie, et les Occidentaux et leurs alliés arabes soutenant la rébellion. «Le bilan des pertes humaines (en Syrie) est ahurissant, les destructions atteignent des proportions catastrophiques et la souffrance de la population est immense», a-t-il dit en soulignant que la situation «n'a cessé de se dégrader». Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 26 000 personnes ont péri depuis le début de la révolte déclenchée en mars 2011 par une contestation populaire qui s'est militarisée au fil des mois face à la répression menée par le régime. M. Brahimi avait pris samedi le relais de Kofi Annan, qui avait démissionné le 2 août en invoquant un manque de soutien des grandes puissances. Le secrétaire général de l'ONU qui s'exprimait lui aussi devant l'Assemblée générale, a critiqué les pays qui fournissent des armes aux belligérants et lancé un appel à la solidarité internationale pour financer l'aide humanitaire en Syrie et chez ses voisins. La Russie et l'Iran livrent des armes au régime de Bachar al-Assad, tandis que l'Arabie Saoudite et le Qatar se sont dits prêts à en apporter à l'opposition syrienne. «La situation humanitaire est grave et se dégrade, à la fois en Syrie et dans les pays voisins affectés par la crise», a poursuivi M. Ban. Le chef du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer se trouve en Syrie jusqu'à aujourd'hui, jeudi, pour réclamer aux autorités un meilleur accès aux centaines de milliers de personnes touchées par les violences. M. Assad l'avait assuré mardi de son soutien aux «opérations humanitaires menées par le Comité sur le terrain tant qu'elles restaient indépendantes et impartiales». Le porte-parole du Cicr à Genève, Rabab Rifaï, a évoqué une réunion positive lors de laquelle les deux hommes ont discuté notamment de «l'importance de l'accès aux soins et à la nourriture et les visites pour les personnes détenues». «Le président Maurer a aussi discuté de la nécessité d'assurer un approvisionnement plus rapide de l'aide humanitaire fournie par le CICR», notamment du matériel médical et la remise en état du réseau d'eau potable, a-t-il ajouté. Face à l'escalade des violences, plus de 100 000 Syriens se sont réfugiés dans les pays voisins en août, «le chiffre mensuel le plus élevé depuis le début du conflit» en mars 2011, a indiqué le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) à Genève. Au total, quelque 235 000 Syriens ont fui la Syrie et 1,2 million ont été déplacés dans le pays. Depuis le début de l'année, le Cicr et le Croissant-Rouge syrien ont distribué des secours à plus de 800 000 personnes, pour la plupart déplacées, et assuré l'approvisionnement en eau potable à plus d'un million de personnes. Sur le terrain, une vingtaine de personnes, dont sept enfants, ont péri avant l'aube dans des bombardements sur des quartiers rebelles d'Alep, deuxième ville de Syrie, rapporte une ONG syrienne. Dans l'Est, des combats acharnés se déroulent dans un aéroport militaire de la ville de Boukamal, que les rebelles tentent de contrôler, selon l'OSDH. Depuis plusieurs jours, les rebelles concentrent leurs attaques contre les aéroports du pays, affirmant avoir détruit une dizaine d'hélicoptères et d'avions, afin d'affaiblir l'armée de l'air dont les bombardements font chaque jour des dizaines de victimes.