Nul doute que les changements dynamiques constatés sur le terrain en milieu rural à travers la wilaya de Batna sont le fruit direct de l'exécution par les services de la Direction de l'agriculture (DSA) de la politique des aides de l'Etat et subventions accordées aux fellahs et éleveurs de la région. En fait, la wilaya de Batna a une longueur d'avance sur certaines wilayas. Les niveaux de production confirment les avancées enregistrées dans différents créneaux de l'agriculture et de l'élevage. Batna accède ainsi au stade de la performance, ce qui est, du reste, confirmé par les chiffres officiels et la situation sur le terrain. Ces progrès avaient été signalés à maintes reprises par le directeur de wilaya de l'agriculture, Grabsi Mohamed-Lamine, notamment au cours des assises sur les investissements où il avait présenté aux candidats à l'investissement tout un programme de créneaux porteurs dans l'agriculture et l'élevage. Absence de main-d'œuvre agricole Contacté par nos soins, Benramdane Hamoudi, chef du service «production et appuis techniques» à la DSA-Batna, a bien voulu nous dresser schématiquement un tableau global des actions réalisées au titre de la politique des aides et subventions de l'Etat, dont l'objectif est de stimuler l'essor des productions agricoles et de l'élevage. Bien que déplorant l'absence d'une main-d'œuvre agricole, M. Benramdane a déclaré que depuis l'an 2000, ont été mis en exécution les mécanismes de cette politique dite des aides de l'état. La fourchette de ces aides et/ou subventions alternent entre 30 et 70 % des montants des projets et actions pour la réhabilitation de l'agriculture et des élevages, tous types confondus. Pour la filière lait, reposant jadis sur un cheptel ne dépassant pas les 9 000 à 10. 000 têtes bovines, elle comptabilise aujourd'hui 40 000 têtes. Du coup, la production de lait cru est passée de 10 millions de litres à près de de 120 millions de litres. La laiterie des Aurès (secteur public), qui croulait auparavant sous le fardeau de l'importation de la poudre de lait, se trouve maintenant confortée par l'apport de la production privée du lait de vache. Une unité concurrente du secteur privé, installée à Timgad, occupe déjà une place appréciable dans le marché économique local. Deux autres laiteries privées sont en train de s'installer. Pour rappel, chaque année et grâce à l'initiative de l'APC d'El-Madher, se tient dans cette localité le Salon annuel de la vache, lequel renseigne sur le degré d'évolution de la production de lait et des produits dérivés. Des partenaires dans cette filière et des fabricants d'aliments de bétail, à l'image de Hodna (M'sila), unité d'El-Kseur (Béjaïa), Numidia (Constantine) y participent avec succès. A Lambéridi, localité proche de Batna, on signale l'apparition de petites unités de fromagerie et de fabrication de cashir. Pour les cultures maraîchères, le bond en avant est lui aussi amorcé : de 3 000 à 4 000 ha cultivés en 2000, la superficie plantée s'est étendue à 12 000 ha. Les fellahs dans ce créneau bénéficient d'aides en semences et en engrais notamment pour ce qui est de la pomme de terre et de la tomate destinée à la transformation industrielle. Cette extension dans les cultures maraîchères serait en partie due à l'extension des surfaces agricoles irriguées, passant de 3 000 ha seulement à 12 000 ha. Le progrès a touché aussi l'arboriculture qui, pratiquée auparavant sur 6 000 ha, toutes espèces confondues, est passée à 24 000 ha. Les vergers de pommiers pullulent à présent à travers le territoire de la wilaya où 5 000 ha produisent de la pêche alors que la surproduction de l'abricot permet d'approvisionner les unités de transformation telles celle de l'ex-Enajuc de N'gaous (ex-unité publique privatisée). Il y a reprise de la culture de l'olivier. Se limitant à seulement 4 000 à 5 000 ha, l'oléiculture dans les Aurès est actuellement pratiquée sur une superficie de 12 000 ha et de plus en irrigué. L'objectif de la DSA de Batna consiste à assurer la plantation chaque année de 3 500 ha, subventionnée par l'Etat. 4 000 forages hydriques opérationnels Près de 4 000 forages hydriques ont été réalisés dans la wilaya de Batna grâce au système des aides et subventions de l'Etat, nous apprend Benramdane Hamoudi, ajoutant que des forages sont accordés même aux fellahs exploitant les terres agricoles du régime arch, grâce à une procédure spéciale concoctée par les autorités locales. Mais en raison du problème d'insuffisance en eau, la céréaliculture demeure toujours otage des conditions climatiques. Heureusement que grâce à des irrigations d'appoint, la superficie exploitée en céréaliculture est passée quand même de 500 ha à 10 000 ha et la tendance à la croissance est perceptible. Dans le secteur de l'élevage, la politique de réhabilitation des étables , des bergeries et des poulaillers ainsi que celle visant la modernisation des moyens et des techniques aura permis à la wilaya de Batna d'être citée partout en exemple. Les aides de l'Etat à l'aménagement et au réaménagement des infrastructures, avec dotation en humidificateurs et extracteurs de l'air vicié, se sont traduites par une poussée réconfortante de la production et de la productivité en viandes blanches et viandes rouges. Batna produit chaque année un milliard d'œufs de consommation et la ville d'Aïn Touta (35 km de Batna) dominerait la bourse de la poulette de ponte alors qu'El-Eulma tient, dans ses cafés, sa bourse du poulet de chair. Pour la production de miel d'abeilles, la wilaya de Batna comptabilise 70 000 ruches pour 4 500 q par an de production de miel. Selon certains, Batna peut mieux faire en la matière. La culture du champignon : une première nationale à Batna Ce phénomène de mutation de l'agriculture dans la wilaya de Batna a dévoilé l'ambition de certains à vouloir investir dans certains créneaux spécifiques, c'est-à-dire non traditionnels. Tel ce projet de production du champignon comestible, plus intéressant en gastronomie que la viande, semble t-il. C'est dans la ferme agricole de Mme Bendaima El-Alia qu'aura lieu cette production. Une première nationale, selon Benramdane Hamoudi. Le chef du projet Chaibainou Imadeddine s'appuie sur les compétences de l'agronome universitaire Naim Abdelhak pour la mise en place et la gestion productive de ce projet-programme. Outre la mise en place du système de froid et de l'irrigation goutte-à-goutte, le projet pris en charge par la Direction de l'agriculture de Batna n'attend plus qu'une signature libératrice ou feu vert des services du ministère de l'Agriculture. Le produit champignon cru sera livré aux consommateurs et aux restaurateurs et grands hôtels sous emballage sophistiqué. Une partie de la production pourrait être réservée à l'exportation. Mais l'idée d'une extension du projet trotte déjà dans la tête des promoteurs. Cette extension portera essentiellement sur la mise en place d'une conserverie d'où sortiront les boîtes de conserve champignon de Mallal, du nom de la localité, question de concurrencer le fameux champignon de Paris qui est importé en Algérie.