Le 19 juin 1965, le colonel Chadli Bendjedid, alors commandant de la 2e région militaire à Oran, fera partie de ceux qui participèrent au renversement du président Ahmed Ben Bella. Ce putsch militaire qui sera qualifié plus tard par son leader, le colonel Houari Boumediène, «de redressement révolutionnaire» verra la création d'un Conseil de la révolution. Chadli Bendjedid sera membre de ce Conseil jusqu'au jour du décès de Houari Boumediène un certain 27 décembre 1978. En janvier 1979 Chadli Bendjedid sera désigné secrétaire général du FLN, alors parti unique. Ce dernier le désignera comme son candidat unique à l'élection présidentielle. Chadli Bendjedid sera alors le premier président de l'Algérie indépendante proposé par le FLN après le coup d'Etat militaire de juin 1965. En 1979, l'année où Chadli Bendjedid devenait président de la République, la population algérienne dépassait les 18 millions d'habitants, soit huit millions de plus qu'en 1962, année de l'indépendance du pays. Quelques mois après son investiture, Chadli Bendjedid fera face à l'une des plus importantes contestations juvéniles jamais connues depuis la contestation estudiantine de 1968. Des dizaines de milliers de lycéens descendirent dans les rues à travers le pays pour contester l'introduction de l'histoire et de la géographie dans les épreuves du bac. Après plusieurs jours de manifestations et d'affrontements avec les forces de l'ordre, le nouveau Président décida d'annuler l'histoire et la géographie des épreuves du bac. Les jeunes venaient de réaliser leur première victoire sur le régime du parti unique. Quelques mois plus tard, c'est au tour des étudiants en Kabylie de se révolter. Une décision prise au mois de mars de l'année 1980 par le wali de Tizi Ouzou d'interdire une conférence de Mouloud Mammeri mettra le feu aux poudres. En réaction toute la Kabylie va se révolter. Ce mouvement sera soutenu durant plusieurs semaines par plusieurs autres universités à travers le pays. Chadli Bendjedid faisait alors face à l'une de ses plus graves crises politiques de son début de règne. Mais les premiers signaux envoyés par les jeunes de l'époque assoiffés de changement n'ont pas été perçus par le régime en place. Contre toute attente ces mouvements de contestations vont radicaliser la politique du FLN qui décida d'instituer l'article 120 qui obligea tous les cadres et fonctionnaires dans les institutions de l'Etat et les entreprises publiques d'adhérer au FLN s'il veut aspirer à des fonctions supérieures. Cet article ouvrira grandes les portes à l'opportunisme et à la médiocrité. Et pour renforcer son emprise sur les universités, le parti unique décide de mener une politique d'arabisation accélérée. Une politique qui se fera au détriment de la qualité de l'enseignement dispensée à l'époque et ouvrira grandes les portes à «l'importation» de centaines d'enseignants du Moyen Orient et du Pakistan qui ramenèrent aussi dans leurs bagages les idéologies intégristes et «takfiristes». En tant qu'ancien militaire, Chadli Bendjedid n'avait pas d'autres choix que de suivre les orientations du puissant appareil du FLN de l'époque. Si sur le plan politique les choses paraissaient simples avec le FLN, sur le plan économique la situation semblait bien plus complexe. A la fin de l'année 1978, année du décès du président Houari Boumediène, la dette extérieure de l'Algérie dépassait déjà les 13,5 milliards de dollars. Selon les analystes l'Algérie était déjà lourdement endettée en 1978. Cet endettement serait la conséquence de la politique de «l'industrie industrialisante» menée par l'équipe de Houari Boumediène. En dollar constant, le stock de la dette de 1978 serait équivalent à plus de 26 milliards de dollars actuellement. En 1979 la situation économique du pays était loin d'être encourageante. L'agriculture dominée par les domaines autogérés et les coopératives agricoles de la révolution agraire arrivaient difficilement à alimenter le marché en fruits et légumes et viandes rouges et blanches. Les gigantesques complexes industriels fraîchement construits ne pouvaient répondre à la demande nationale en biens de consommations courants et durables. Le monopole étatique sur l'activité économique et commerciale a ouvert le champ à d'importantes pénuries. Face à cette situation explosive, Chadli Bendjedid décide alors de lancer son fameux programme anti pénurie (PAP). Les Algériens vont alors découvrir dans les fameux centres commerciaux étatiques les bananes du Costa Rica et le fromage rouge français. Au profit des jeunes, Chadli Bendjedid décide aussi d'annuler l'autorisation de sortie du territoire national et augmente l'allocation touristique. Encouragé par une hausse importante des prix du baril de pétrole sur les marchés mondiaux, Chadli Bendjedid lancera d'importants programmes de construction de logements sociaux, d'infrastructures de base et socioculturelles. Bendjedid mènera aussi un ambitieux plan de désendettement du pays. La dette extérieure de l'Algérie baissera à 14 milliards de dollars en 1984. Mais les réformes économiques menées par le Président ont été timides. Ces réformes ne pouvaient êtres efficaces sans réformes politiques. Le puissant appareil du FLN s'opposait à l'époque à toutes réformes politiques profondes. En 1986 et suite à une guerre des prix menée par l'Arabie Saoudite le baril de pétrole va descendre sous la barre des 14 dollars alors qu'il avait dépassé les 27 dollars une année plus tôt. Les recettes des exportations des hydrocarbures ne seront que de 7,90 milliards de dollars en 1986. Une grave crise financière frappera aux portes de l'Algérie. Elle allait durer plus de 14 ans. En 1988 la dette extérieure du pays avoisinera les 23,5 milliards de dollars. Pressé par les institutions financière internationales,, Chadli Bendjedid doit rapidement mener de profondes réformes politiques et économiques. Mais le FLN s'oppose à toute ouverture politique ou remise en cause «des acquis du socialisme». Les monarchies du Golfe réchignent à venir en aide à l'Algérie. Seul le défunt leader libyen, Mouammar El- kadhafi accepte d'aider financièrement l'Algérie en contrepartie d'une Union entre les deux pays. L'Appareil du FLN accepte et lance le débat autour de cette proposition libyenne au sein de ses structures politiques au milieu de l'année 1988. Cette année là, l'Algérie comptait 24 millions d'habitants. Octobre 1988, le régime est dans une impasse. La rue se révolte un certain 5 octobre 1988. Chadli Bendjedid demande à l'armée d'intervenir pour rétablir l'ordre. Il y aura beaucoup de morts et de blessés. La révision de la Constitution de 1988 ouvre la voie au multipartisme. L'Armée nationale populaire est appelée pour marquer sa neutralité. Le FLN n'est plus le parti du pouvoir. En 1989 Chadli Bendjedid tente de lancer d'importantes réformes économiques et politiques. Le prix moyen du baril de pétrole arrive difficilement à dépasser les 18 dollars en 1989 à un moment où la dette extérieure avoisinait les 28 milliards de dollars en 1990. A la fin de l'année 1989, le monde assista à la chute du mur de Berlin et du bloc communiste. En 1990 et sur le plan politique, le FIS dissous venait de gagner les premières élections locales pluralistes depuis l'indépendance du pays. Le mois d'août 1990 verra l'Irak envahir le Koweït. Menée entre autres par le FIS dissous, la rue algérienne prendra position avec l'Irak. En adoptant une position de neutralité lors de cette première guerre du Golfe, le gouvernement algérien ne pouvait prétendre à aucune aide financière internationale à l'avenir. Pour longtemps les monarchies du Golfe reprocheront à l'Algérie sa position suite à l'occupation du Koweït par l'Irak. Au mois de mai de l'année 1991, le FIS dissous lance sa grève insurrectionnelle. Au mois de juin de la même année, Chadli Bendje proclame l'état d'urgence et décide du report des élections législatives. Le 11 janvier 1992, Chadli Bendjedid remet sa démission au Conseil constitutionnel et le second tour des élections législatives est annulé. A la fin de l'année 1991, la dette extérieure de l'Algérie dépassait les 28 milliards de dollars à un moment où le service de cette même dette avoisinait les 9 milliards de dollars. En 1991 les recettes des exportations des hydrocarbures n'étaient que de 13 milliards de dollars pour un prix moyen du baril de pétrole ne dépassant pas les 20 dollars.