La capitale espagnole a maintenu, en dépit de la sévérité de la crise, sa candidature à l'organisation des jeux Olympiques 2020, espérant «vendre» au CIO ses infrastructures existantes et, si elle est choisie, profiter de l'effet JO pour sortir du marasme. Après le désistement de Rome en février, forfait en raison de sa situation économique, rares étaient les observateurs à croire en la pérennité de Madrid dans la course olympique. Troisième pour 2012, derrière Londres et Paris, finaliste inattendue face à Rio pour 2016, la ville, endettée à hauteur de près de 6,5 milliards d'euros, a pourtant réussi à tourner son handicap en atout. «Si l'époque est au retour à la modestie des JO en terme budgétaire, alors nous pouvons symboliser cette tendance», se félicitait ainsi Alejandro Blanco, chef du comité olympique espagnol et du dossier madrilène, lors de la sélection de sa ville pour la finale à trois qui opposera en 2013, Madrid à Istanbul et Tokyo pour le choix de la ville hôte. Candidate malheureuse lors des trois dernières élections – moins cependant qu'Istanbul, en lice pour la cinquième fois, mais plus que Tokyo qui tente sa seconde chance –, Madrid se targue de posséder 85% des infrastructures sportives contenues dans un dossier de candidature qui est peu ou prou le recyclage de celui qui avait failli créer la surprise en 2009, pour les JO de 2016. Madrid a «déjà tout», dit sa maire Ana Botella, qui se vante en plus de diriger une capitale possédant les «meilleures infrastructures en Europe, notamment sur le plan des transports», et n'a donc plus grand chose à construire. Le dossier, qui a, pour 2012 comme pour 2016, bénéficié de l'influence encore déterminante de Juan Antonio Samaranch au sein du CIO, n'a pas eu peur ces derniers mois de communiquer sur une notion pourtant peu en vogue au sein du mouvement olympique, celle de «candidature low cost». Jusqu'à présent, l'institution de Lausanne n'a pas ostensiblement montré d'hostilité à ce concept, confirmant, par la voix de son directeur général Gilbert Felli, que la candidature madrilène était recevable car «peu coûteuse» et porteuse d'espoir en terme économique, «un peu à la manière de Barcelone» qui avait objectivement profité de l'organisation des JO-1992. Sous la pression d'une opinion publique qui assiste à des coupes budgétaires drastiques en matière de santé ou d'éducation, le comité de candidature a parallèlement réduit ses ambitions en portant son budget (déjà bas) de 50 à 30 millions d'euros, soit trois à quatre fois moins que ce qui se pratique généralement en matière de candidature pour des Jeux d'été. Pour la suite, en cas de succès très hypothétique sur les favorites turque et japonaise lors de l'élection de septembre 2013 à Buenos Aires, Madrid dépenserait 1,25 milliard d'euros jusqu'en 2020 pour tenir ses Jeux, d'après les dernières estimations qui ne comptent plus le stade de hockey ni la salle de volley-ball. On est loin des quelque 10 milliards investis par Londres-2012 mais encore très haut pour un pays au bord de la faillite.