Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a indiqué mardi avoir suggéré au président iranien Mahmoud Ahmadinejad la tenue de pourparlers à trois avec l'Egypte au sujet de la crise syrienne, l'Arabie Saoudite s'opposant ouvertement à une implication de l'Iran dans l'actuel «quartet». S'adressant à des journalistes à son retour de Bakou, où il s'est entretenu avec le président iranien lors du sommet de l'Organisation de coopération économique (OCE), le Premier ministre a proposé différentes options pour que les quatre pays concernés soient impliqués dans de futures discussions sur la Syrie. «Nous avons proposé un système à trois, un trio qui pourrait être formé par la Turquie, l'Egypte et l'Iran», a déclaré Tayyip Erdogan, cité par l'agence de presse officielle Anatolie. «Un deuxième système pourrait être formé de la Turquie, la Russie et l'Iran. Un troisième pourrait être constitué de la Turquie, l'Egypte et l'Arabie Saoudite», a-t-il ajouté. L'Egypte a formé début septembre un «quartet» sur la Syrie avec l'Iran, la Turquie et l'Arabie Saoudite mais cette dernière ne s'est pas rendue à une réunion qui se tenait au Caire le mois dernier. L'absence de Riyad a été considérée par les diplomates comme une réaction à la présence de l'Iran, à majorité chiite, principal rival du royaume sunnite en matière de puissance et d'influence régionales. Le président égyptien Mohamed Morsi a, par la suite, annulé une réunion des quatre puissances régionales le 26 septembre en raison de l'absence de Tayyip Erdogan à l'Assemblée générale des Nations unies, selon un porte-parole de la présidence égyptienne. La Turquie, l'Egypte et l'Arabie Saoudite ont publiquement soutenu les rebelles syriens, alors que l'Iran s'est illustré comme l'allié le plus loyal du président syrien Bachar al-Assad, compliquant toute possible approche consensuelle des quatre puissances régionales pour désamorcer la crise syrienne. Le Premier ministre turc a également exprimé mardi son soutien aux efforts de Lakhdar Brahimi, le médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe dans le conflit syrien, pour obtenir un cessez-le-feu en Syrie après 19 mois de massacre. «Brahimi a pris une initiative. Obtenons au moins un cessez-le-feu durant l'Aïd-al-Adha», a précisé Tayyip Erdogan. L'Aïd-El-Adha, appelée aussi Aïd-El-Kebir, est une fête musulmane qui doit débuter vers le 25 octobre et durer plusieurs jours. Les tensions entre la Turquie et la Syrie se sont accentuées au cours des deux dernières semaines en raison du débordement des combats entre insurgés syriens et forces loyalistes sur le territoire turc. La chute d'un obus de mortier a coûté la vie à cinq civils turcs le 3 octobre, entraînant une riposte turque. Ankara a interdit son espace aérien à tous les avions syriens et a inspecté des avions à destination de la Syrie afin d'éviter que des équipements militaires soient envoyés au régime de Damas.