Dépenses estivales (pour s'offrir des vacances, pour organiser des fêtes familiales diverses, pour un mariage ou un succès dans les études...), dépenses du Ramadhan puis celles de la rentrée scolaire, il ne restait sans doute pas beaucoup d'économies pour affronter la nouvelle dépense, faramineuse celle-là, liée à l'achat du mouton de l'Aïd El-Adha, sachant que les hausses de salaires avec rappels intervenus l'an dernier avaient déjà été absorbés par l'achat du véhicule. Sans compter qu'avec le mouton, il faut acquérir tous les accessoires nécessaires pour faire les brochettes et les légumes qui garniront les plats et les fruits pour le dessert, dont les prix ont connu les envolées habituelles en pareille occasion. On comprend pourquoi le nombre de moutons vendus par les maquignons, cette année, n'a pas dépassé les 2,2 millions de têtes, à peine la moitié du record établi en 2011. Le prix élevé a découragé beaucoup de gens qui n'ont pas craint de passer pour «pauvres» aux yeux de leur voisinage en s'abstenant d'acheter le mouton. Car le mouton de l'Aïd a tendance à être non seulement le signe extérieur de la richesse, pour les uns, mais également la preuve, pour les autres, à montrer aux voisins, qu'ils ne sont pas dans la catégorie des pauvres. Les intervenants, intermédiaires sur le marché du mouton, doivent connaître cette psychologie et n'hésitent pas prélever leur marge consistante entre les lieux de production et les grandes agglomérations du nord du pays où se vend le mouton. Mais peut-être assiste-t-on à un changement de mentalités ? 2,2 millions de moutons sacrifiés, il n'y a aucun risque sur le cheptel ovin national qui dépasse largement les 20 millions de têtes. Les pluies qui sont tombées et celles qui sont annoncées sont de nature à rassurer les éleveurs qui freinent le délestage du cheptel.