Elle n'a pas mis de gants durant l'heure et demie de discours tenu devant ses militants et ses sympathisants. Louisa Hanoune, égale à elle-même depuis qu'elle a raffermi ses positions anti-impérialistes et antilibérales, est passée à une vitesse supérieure, jeudi, lors du meeting qu'elle a animé dans la salle omnisport du 5-Juillet de Djelfa devant le millier de personnes venues des différentes communes où le PT est en course. D'emblée, elle désignera Belkhadem en tant que fossoyeur de la démocratie. En fait, elle n'a fait que répondre à la provocation de Belkhadem qui, du même podium, avait évoqué le PT et ses militants faibles de convictions partisanes qui ont fait que le P/APC de Messaâd ait changé de veste au profit du RND. Elle fustigera l'ex-maire PT de Messaâd. L'assistance applaudit alors que les femmes entonnent des «zgharites» en signe de soulagement du départ de l'ex-maire. Elle lancera à ses militants de cette troisième grande ville de la wilaya et seizième grande ville d'Algérie que le PT assume malgré tout le choix tout en se désolidarisant du «traître». Pour en revenir à Belkhadem, elle sera plus claire dans ses dénonciations, faisant part du fameux député grand trafiquant de drogue et brasseur d'argent «sale» en le désignant comme avoir eu de l'influence sur Belkhadem pour qu'il soit tête de liste du FLN à Djelfa pour, dira-t-elle, bénéficier de l'immunité parlementaire. «Voilà ce qui arrive lorsqu'il y a des interférences dans le vote !» Elle revient sur ses précédentes déclarations sur le vote des militaires en se référant aux déclarations du ministre de l'Intérieur et du Premier ministre. Concernant les élections locales, Louisa Hanoune parlera de la solution que préconise son parti pour la création de l'emploi : «Nos élus se devront de mettre sur pied des entreprises communales ou intercommunales pour créer de l'emploi et améliorer le cadre de vie, et donner un sens à la commune.» Tout en précisant que cela relève de leurs pouvoirs. «Ceux que vous allez élire parmi nos listes sont intelligents et ont des idées pour changer la situation qui, en fait, ne fait que pourrir.» Elle les appellera à non seulement à aller voter mais aussi à suivre de près les opérations du scrutin et demander les procès-verbaux de chaque bureau et centre de vote. Est-ce que le PT annoncera les résultats du scrutin ? C'est la question que l'on vérifiera le 29 novembre prochain. «Allez voter et expliquez aux citoyens la nécessité d'une assemblée constituante et d'une deuxième République» Louisa Hanoune, lors d'un meeting électoral animé à la salle omnisport Baghoura-Younes à Bordj Bou-Arréridj, a appelé à «aller voter et expliquer aux citoyens la nécessité d'une assemblée constituante et d'une deuxième République». S'exprimant devant une forte assistance de militants et de sympathisants, Mme Hanoune a insisté sur la nécessité d'une autre APN afin que toute la société soit représentée. «L'actuelle Assemblée ne représente même pas les 5% de la population», dira-t-elle. Elle a estimé que le PT, dont le mot d'ordre est défendre la souveraineté nationale, est «la première force vive du pays malgré les entraves de l'administration». Elle ajoute que son parti a obtenu 80 sièges aux législatives qui se sont transformés en 24. «Malgré les oppositions des élus FLN et RND, nos élus proposent et mènent un combat pour le bien de la nation, parce que le PT a une histoire et un programme pour gérer les affaires du pays», précise-t-elle. Elle dénoncera à ce propos les nouveaux codes régissant la commune et la wilaya dont la teneur «confirme la primauté de l'administration sur l'élu». Pour Mme Hanoune, cette situation a favorisé le mélange de l'argent et la politique et crée «la pollution politique». Cette dernière a fragilisé le front intérieur que l'impérialisme veut utiliser comme moyen de pression sur les responsables algériens. La SG du PT a estimé que les élections locales peuvent constituer un début pour une dynamique politique qui va provoquer une révolution, arguant que le scrutin du 29 novembre «a une portée nationale, voire régionale et internationale». Elle ne manquera pas de dénoncer les pressions exercées sur l'Algérie dans la crise malienne. Pour elle, certains pays occidentaux, à leur tête les Etats-Unis, veulent impliquer l'ANP dans la guerre au nord du Mali. «Ils veulent affaiblir économiquement et politiquement l'Algérie», dira-t-elle en ajoutant que ces pays attendent, en plus de l'implication de l'ANP, un financement de cette guerre. «L'Algérie n'est pas le Qatar ou l'Arabie Saoudite», dira-t-elle. Dans le même sillage, la SG du PT, a dénoncé le prêt de l'Algérie au FMI. «C'est un signe de fléchissement de notre position», dira-t-elle. «Comment accorder un prêt à une organisation criminelle qui a détruit l'économie algérienne, paupérisé 1,5 million de travailleurs, fermé 1 200 entreprises, dévalué la valeur du dinar, généralisé le chaos dans le marché et disloqué le marché du travail ? Cela n'est pas acceptable, ni politiquement ni économiquement, encore moins moralement ! Surtout que cette décision se base sur la base de diminution du budget de l'exercice 2013 de l'ordre de 10 à 13% !» «L'argent algérien appartient aux Algériens», lance-t-elle à l'auditoire et demande à ce que cette réserve, 200 milliards de dollars, n'aille pas aux ennemis du peuple algérien mais au développement local. «S'ils veulent emprunter qu'ils empruntent aux Palestiniens ou aux Egyptiens », suggéra-t-elle sous les applaudissements de la salle. «Dernièrement, le Premier ministre a déclaré que l'Algérie a respecté 17 sur les 38 recommandations de l'Union européenne concernant les élections. Pour quoi notre gouvernement n'a pas retenu au moins une des propositions de la commission nationale des élections, malgré les nombreuses suggestions ?» s'est-elle demandé, en mettant en garde contre ce genre d'ingérences. Avant de conclure, Mme Hanoune n'a pas hésité à rappeler les combats que le PT a mené contre les décisions et aux politiques qui s'opposent aux valeurs de la République algérienne. «En 2005, nous nous sommes opposés à la privatisation des hydrocarbures et vous voyer maintenant les biens faits de cette décision», dira-t-elle. Mme Hanoune invite ces partisans et les citoyens à voter pour les listes du PT. Belkhadem à Mascara : une démonstration de force Le dispositif de sécurité et la garde rapprochée mis à la disposition du secrétaire général du Front de libération nationale, hier, tout le long du circuit emprunté par Abdelaziz Belkhadem ont renoué les vieilles méthodes de l'ex-parti unique. Les journalistes et les correspondants de presse ont été bousculés par des gros bras au cours de cette fugace virée de Belkhadem. L'anarchie qui a caractérisé cette visite a été analysée comme étant une descente aux enfers d'un parti politique miné par des problèmes internes au niveau local. Beaucoup de bruit pour rien !