Le président de la Fédération ivoirienne de football veut être président de la CAF. Un rêve ou un besoin de changer les choses dans ce monde jamais compris et souvent dénoncé par la majorité des Fédérations qui veulent assainir leur institution, lui éviter la pire catastrophe. Il faut certainement s'attendre à un beau spectacle, disant plutôt à un avant goût d'un duel qui ne dit pas nom. Pour défoncer les portes de la Confédération africaine de football, Jacques Anouma, président de la Fédération ivoirienne de football décide de lutter, quitte à être seul contre tous, pour arriver à détrôner l'actuel boss de la CAF, Issa Hayatou. Pour contourner le vent venant de face, il porte plainte auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS). Il va dénoncer ce que l'actuel «maréchal» de la CAF veut «tricoter» pour faire annuler la motion l'empêchant de briguer la présidence de l'instance africaine. L'un veut donc le siège et l'autre refuserait de le libérer, et ce, «pour des raisons non de gestion, mais plutôt d'intérêt», soulignait voilà quelque temps un journaliste. En effet, nul ne peut nier ce qui caractérise la vie de cette institution sportive. Des traces encore fraîches scintillent au passage de chaque mandat mais n'aveuglent personne. Et le siège restera à la même personne qui bénéficie d'un soutien pas très correcte de la part de nombreux présidents de football. La plainte qui a été déposée, le lundi 26 novembre auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne pour faire annuler les nouvelles conditions d'éligibilité à la tête de la CAF, suffira-t-elle pour enfin détrôner ce «manitou» de la Confédération africaine de football qui a fait son histoire, chargée de faits graves qui remontent à la surface ? Qui aura raison ? Le duel entre ces deux hommes ne sera pas facile, plus encore pas facile à digérer sur le terrain des textes. Va-t-il tourner le dos à cette plainte et s'appuyer sur le soutient de ces «valets» ? Mais au fait pourquoi et dans quel intérêt bénéficie-t-il de ce soutient ? Nous le saurons peut-être jamais. Sauf que l'histoire de la CAF a son emprunte, une emprunte que nul ne peut effacer parce qu'elle est encrée à tout jamais et reflète les différentes péripéties ayant secoué la vie de cette institution qui demeure, aujourd'hui, au centre de critiques et dénonciations. La minorité des membres de la CAF crie au scandale. «Il faut deviser Hayatou de son siège», la réaction, sauf erreur de calcul, sortira du prochain verdict que rendra le juge du TAS, «si le juge décide de suspendre provisoirement le texte, l'ancien président de la Fédération ivoirienne de football Jacques Anouma pourrait alors relancer le duel qui l'oppose à Issa Hayatou.» C'est dire que le combat, nous le qualifierons ici de pas très sportif, ne sera pas prêt de connaître l'issue. Pourtant «lors de son assemblée générale organisée le 3 septembre aux Seychelles, la Confédération africaine de football, dirigée depuis 1988 par le Camerounais Issa Hayatou, a adopté une motion obligeant tout candidat briguant le poste de président à être membre du comité exécutif de la CAF ou à avoir occupé cette fonction par le passé.» Quelle belle tactique employée par Hayatou pour se débarrasser de son concurrent en le mettant en position d'hors jeu. «Cette stratégie mise en scène par l'actuel pilote de la CAF, repose sur le fait que Jacques Anouma n'a jamais siégé au comité exécutif de l'institution panafricaine malgré plusieurs années passées à la tête de la fédération ivoirienne», écrivait récemment un reporter. L'amour du siège, l'amour de gouverner, l'amour de servir ses serviteurs font que 1988-2012, c'est peu pour ce vieux mauvais joueur. Lors de la dernière AG, il y avait ce jour là un débat presque houleux dans la salle de conférence. La Fédération ivoirienne de football faisait entendre sa position, quand bien même connue de tous. Mais ses réactions semblaient ne pas convaincre, à savoir fermement opposée à cette motion. Peu ou très peu de membres étaient alors accrochés au wagon de la Fédération ivoirienne qui estime que cette mesure était un coup de force d'Issa Hayatou visant à empêcher son président, Jacques Anouma à se présenter à la présidence de la CAF. Depuis la tenue de l'assemblée générale à ce jour, rien ne semble bouger. Les dirigeants ivoiriens ont alors attendu la période de dépôt des candidatures, allant du 8 novembre au 8 décembre, pour déposer plainte auprès du Tribunal arbitral du sport. Le dossier volumineux contient des pièces justifiant les raisons de leur plainte, «ils réclament l'annulation du texte modifiant les conditions d'éligibilité à la présidence de la CAF et la suppression de la circulaire instaurant la procédure de validation des candidatures.» «Conformément au règlement de la CAF, le texte de la discorde doit entrer en vigueur le 3 décembre, trois mois après le vote de l'assemblée générale.» Le juge du TAS s'est engagé à rendre sa décision provisoire le 30 novembre c'est-à-dire hier. S'il décide de recevoir la plainte ivoirienne, la nouvelle motion serait partiellement suspendue et Jacques Anouma aurait alors jusqu'au 9 décembre pour déposer une éventuelle candidature. Selon les textes en vigueur, «l'affaire sera ensuite jugée sur le fond dans les mois à venir, très probablement avant le début du mois de mars 2013, date de l'élection pour la présidence de la CAF.» «Tout l'enjeu de cette affaire repose sur la décision provisoire du juge», confie une source judiciaire. «S'il suspend provisoirement les nouveaux textes, cela donnera une indication sur la suite de la procédure». Reste à savoir quelle sera la décision de Jacques Anouma en cas de décision favorable du TAS en sa faveur ? «Il est très probable que celui-ci fasse acte de candidature», souffle une source proche de l'ancien président de la fédération ivoirienne de football. Le duel entre les deux hommes reprendrait alors de plus belle.