Dans sept mois, en mars 2013, au Maroc, l'assemblée générale de la Confédération africaine de football (CAF) sera appelée à élire le président de l'instance pour un mandat de quatre ans. L'actuel président, le Camerounais, Issa Hayatou, est candidat à sa propre succession. A la tête de la CAF depuis 24 ans, il a été élu au Maroc en 1988, il brigue un autre mandat. A priori, cette fois il ne sera pas le seul candidat. L'Ivoirien, Jacques Anouma, a déjà fait savoir qu'il va se présenter lui aussi à l'élection de mars 2013. Cette annonce a déclenché une campagne hystérique contre le président de la Fédération algérienne de football (FAF), au motif que la FAF a présenté un amendement aux statuts de la CAF qui stipule : «Tout candidat à la présidence de la CAF, outre les compétences nécessaires, devra être, ou avoir été, membre du comité exécutif de la CAF.» Cette proposition d'amendement a provoqué un déchaînement dans les rangs du candidat ivoirien. Le camp Anouma a vu à travers cet amendement une manœuvre pour lui barrer la route. D'abord, il faut que cet amendement soit adopté par l'assemblée générale le 3 septembre prochain aux Seychelles. Rien n'est moins sûr. L'assemblée générale est souveraine et peut donc ne pas l'adopter. Par contre, si l'amendement proposé par la FAF passe, cela signifierait qu'au moins la majorité des membres de l'assemblée soutiennent la proposition algérienne. Dans cette affaire, la FAF est totalement dans son rôle. Les opposants à cet amendement se recrutent essentiellement dans les rangs de ceux qui ne portent pas dans leur cœur le président de la FAF. Pour donner du volume à leur mécontentement, ils vont jusqu'à faire croire que si l'amendement de la FAF passe le 3 septembre, leur élu, Jacques Anouma, sera écarté de la course à la présidence de la CAF. Rien n'est moins vrai parce que même si l'amendement est adopté, il n'entrera en vigueur qu'à l'occasion de l'assemblée générale élective de 2016. En mars prochain, avec ou sans l'amendement en question, Jacques Anouma aura le droit de défier Issa Hayatou. Tout ce raffut, alimenté et entretenu par les partisans de l'ancien président ivoirien de la Fédération, n'est en fin de compte que la poursuite de la tentative amorcée par le concerné en 2007 en pleine célébration du cinquantenaire de la CAF et étouffée dans l'œuf. Cinq ans plus tard, l'ancien argentier du régime de Laurent Gbagbo revient à la charge avec d'autres sponsors qui, eux, ont des visées plus lointaines que l'élection de 2013. Jacques Anouma n'est que la partie visible de l'iceberg européen qui s'est déjà mis en rang de combat pour la succession de Joseph S. Blatter programmée pour 2015. C'est l'une des parties majeures de l'enjeu de la candidature de Jacques Anouma pour l'élection au poste de président de la CAF au printemps prochain. Pour beaucoup d'observateurs, Issa Hayatou ne sera pas inquiété par la candidature de Jacques Anouma qui a reçu le soutien des autorités de son pays. Les deux hommes disposent de sept mois pour rassembler leurs troupes et réunir les voix qui garantiront le succès.