Lors de la visite que doit effectuer le président Français François Hollande en Algérie les 19 et 20 décembre, il prononcera, selon le communiqué de l'Elysée et le Conseil de la nation, deux discours devant respectivement les deux Chambres du Parlement et les étudiants de l'université Abou-Bakr-Belkaïd de Tlemcen. François Hollande sera certainement très attendu par rapport à ce qu'il va prononcer surtout lorsque l'on sait qu'il y a plusieurs sujets qui fâchent qui doivent être forcement abordés... Hormis ces deux discours, François Hollande, dans son programme, selon des sources généralement bien informées, fera étape place Maurice-Audin à Alger. Reconnaîtra-t-il que Maurice Audin est mort un certain 21 juin 1957 sous la torture des parachutistes de Massu et Bigeard ? Ouvrira-t-il les archives qui permettraient de faire toute la lumière sur ce qu'il est advenu du corps du jeune assistant de mathématiques français à l'université d'Alger, le membre du parti communiste français (PCA) et militant de la cause anticolonialiste, sachant que l'ex-colonel Godard a bien écrit dans ses mémoires que Maurice Audin a bel et bien été exécuté par le parachutiste Gérard Garcet alors sous les ordres du général Bigeard et de Massu ? Le chef d'Etat Français est en tout cas interpellé par l'épouse de Maurice Audin, Josette, dans cette lettre ô combien éloquente... «Monsieur le président de la République, Je vous écris au sujet de mon mari, Maurice Audin. En 1957, nous vivions à Alger avec nos trois enfants (3 ans, 20 mois et 1 mois). C'était la guerre d'Algérie. Comme beaucoup d'autres Algériens, Maurice était engagé dans la lutte pour la libération de l'Algérie. Comme beaucoup d'autres Algériens, il a été arrêté par les parachutistes français responsables du maintien de l'ordre. C'était le 11 juin 1957 pendant la bataille d'Alger. Comme beaucoup d'autres Algériens, il a été atrocement torturé, torturé jusqu'à la mort. Comme pour beaucoup d'autres Algériens, les militaires français, responsables de son assassinat, ont prétendu qu'il s'était évadé au cours d'un transfert. Les autorités civiles, militaires, juridiques françaises s'en sont toujours tenues à cette thèse. Pourtant, des historiens, dont Pierre Vidal-Naquet, ont établi que mon mari était mort sous la torture. Une journaliste, Nathalie Funès, a trouvé récemment, dans les archives d'une université américaine des éléments nouveaux. Il est temps, plus de cinquante ans après la fin de la guerre d'Algérie, que la vérité soit connue et reconnue. Pour commencer, il faut que les historiens puissent avoir accès à toutes les archives de toutes les personnalités civiles et militaires françaises en charge du maintien de l'ordre en Algérie, et à tous les niveaux. J'espère, Monsieur le président de la République, que vous aurez à cœur de faire ouvrir toutes ces archives pour que soit établie la vérité sur ce qui s'est passé, au nom de la France, en Algérie. Comme le président de la République Jacques Chirac l'a fait pour condamner la rafle du Vel d'Hiv, j'espère que vous ferez aussi, au nom de la France, non pas des excuses pour des actes qui ne sont pas excusables, mais au moins une condamnation ferme de la torture et des exécutions sommaires commises par la France pendant la guerre d'Algérie. Avec mes sentiments respectueux, Josette Audin.» François Hollande répondra-t-il alors à Josette ? Attendons pour voir...