Dans le passé, la plupart des marchés populaires étaient approvisionnés par les plantations situées sur le piémont, tout en servant de lieu de rendez-vous à de nombreux marchands de fruits et légumes frais et de petits animaux domestiques tels que les poules, les lapins, les dindes. Ces marchands se retrouvaient chaque vendredi. Mais avec l'avènement du terrorisme, plusieurs régions ont été désertées par leurs habitants qui ont abandonné leurs activités. Dans le souci de revaloriser ce patrimoine culturel, économique et civilisationnel, le département d'agronomie de la faculté des sciences agrovétérinaires et biologiques de l'université Saâd-Dahlab de Blida a organisé, à la fin de la semaine écoulée, un séminaire international sur «Les produits agricoles et agroalimentaires du terroir et leur impact sur le développement local». Plusieurs participants venus du Maroc et de France ont pris part à cette rencontre où chacun des participants a apporté sa contribution à l'enrichissement de ce thème. De l'avis de certains universitaires, l'exemple de certains pays permet de confirmer que les produits agricoles du terroir peuvent constituer un apport considérable et être un levier de valorisation socioéconomique important pour peu que les mécanismes adéquats soient mis en place. Mais avant de mettre en place ces mécanismes, il faut commencer par identifier ces ressources agricoles par régions, par qualité, par capacités de production, puis entamer la labellisation des produits agricoles du terroir pour les protéger contre la standardisation et leur donner une place privilégiée aussi bien sur le marché national qu'international. Ainsi, l'huile d'argan qui est devenue, en très peu de temps, l'huile la plus chère du monde, demeure très recherchée pour sa finesse et ses qualités nutritionnelles et même médicamenteuses et ce, grâce aux travaux conjugués des producteurs, des responsables politiques et des scientifiques qui ont donné, chacun dans sa spécialité, une labellisation et un plus à cette huile qui était fort méconnue auparavant. C'est une valeur ajoutée non négligeable qui a contribué à l'essor socioéconomique de la région où cette huile est produite. Il y a aussi le fromage de chèvre – il peut aussi être produit chez nous – qui a permis à la région du Languedoc-Roussillon en France de promouvoir ce produit et d'en tirer des bénéfices substantiels en produisant 1 500 tonnes par an et en créant un tissu industriel local qui a permis la labellisation de ce fromage et de lui donner une AOP (appellation d'origine protégée) qui le distingue des autres produits de même type. Devant la presse, M. Sahli a souligné que chez nous, beaucoup reste à faire dans ce sens, surtout quand on sait les dégâts occasionnés à nos zones rurales par le phénomène du terrorisme et l'abandon de terres à très haut rendement agricole dans les zones montagneuses et que le modèle de consommation algérien s'est laissé entraîner par les produits commercialisées par les multinationales qui, pour la plupart, ne possèdent pas les qualités nutritionnelles que nous trouvons en Algérie. Dans ce même contexte, le Dr Sahli, maître de conférences à l'université de Blida et organisateur de cette rencontre, estime que les thèmes retenus sont l'identification des ressources végétales et animales du terroir, identification des produits agricoles et agroalimentaires dans le cadre d'une analyse des aspects économiques et, enfin, l'impact des produits agricoles du terroir sur le développement socioéconomique local. Plusieurs recommandations ont été faites par les scientifiques dans le but de promouvoir les produits algériens du terroir qui présentent des qualités médicales, nutritionnelles reconnues partout, mais qu'il convient de promouvoir et de protéger contre toutes sortes de prédation.