La Commission européenne a proposé une révision de la directive sur les produits du tabac et prévoit qu'apparaissent sur les trois quarts d'un paquet de cigarettes des mises en garde contre les risques encourus par les fumeurs. Aux termes de la législation européenne actuelle, l'avertissement sur les risques pour la santé doit occuper au moins 30% de la surface du paquet sur l'avant et 40% sur l'arrière. Le projet de la Commission, présenté après deux années de concertation et de débat, doit maintenant être approuvé par les Etats membres et le Parlement européen, ce qui pourrait prendre encore deux ans. «Les chiffres parlent d'eux-mêmes : le tabac tue la moitié de ses adeptes et crée une grande dépendance», souligne le commissaire européen à la Santé, Tonio Borg, dans un communiqué. Le texte prévoit d'interdire les cigarettes fines dites «slim», particulièrement appréciées de la clientèle féminine, et celles qui sont parfumées, notamment au menthol. «Il ne faut pas tromper les consommateurs. Les produits du tabac doivent ressembler à des produits du tabac et en avoir le goût. Cette proposition empêchera d'utiliser à des fins de marketing une présentation flatteuse et des additifs parfumés», explique Tonio Borg. L'Australie est déjà allée plus loin : depuis le début du mois, tous les paquets de cigarettes à la vente sont désormais identiques, sans logo, ni marque. Les compagnies comme Imperial Tobacco et Philip Morris craignent que le durcissement des restrictions dans l'Union européenne ne fasse école dans des marchés actuellement en pleine croissance, comme en Asie et en Afrique, et l'UE s'attend à une forte résistance du lobby pro-tabac. Depuis que les nouvelles propositions européennes ont commencé à circuler lundi dernier, l'action British American Tobacco a perdu plus de 3%. Le précédent commissaire européen à la Santé et à la Politique des consommateurs, le Maltais John Dalli, a démissionné en octobre après avoir été mis en cause dans une affaire de trafic d'influence présumé liée justement à la législation contre le tabac. Selon l'Office européen de lutte antifraude (Olaf), un homme d'affaires maltais a tenté de monnayer auprès d'une compagnie suédoise les contacts dont il se prévalait avec John Dalli. L'enquête de l'Olaf a été ouverte à la suite d'une plainte déposée en mai par un fabricant suédois de tabac, Swedish Match, qui dit avoir été approché par cet homme d'affaires. Ce dernier proposait d'intervenir dans l'élaboration de propositions de la Commission européenne, notamment sur la politique à l'égard du «snus», de la poudre de tabac autorisée en Suède mais interdite dans le reste de l'UE.