L'intervention militaire de la force africaine censée chasser les rebelles islamistes du nord du Mali pourra avoir lieu au premier semestre 2013, estime le ministre français de la Défense, une échéance jugée trop rapprochée par des diplomates. Le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté jeudi à l'unanimité une résolution autorisant le déploiement d'une force africaine pour une période initiale d'un an afin de reprendre le contrôle du nord du Mali, tombé en avril aux mains d'islamistes et de rebelles touareg. La force africaine, qui prendra le nom d'Afisma, devrait compter jusqu'à 3 300 hommes et aidera les forces gouvernementales maliennes à reprendre les zones du nord du pays. «L'intervention militaire pourra avoir lieu au premier semestre de l'année prochaine», a déclare Jean-Yves Le Drian dans les colonnes de La Croix d'hier lundi, estimant que «pour l'instant, il n'y a pas de solution politique» au Mali. «La France apporte un soutien technique à la Cédéao (la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) dans la constitution d'une force capable d'aider le Mali à retrouver l'intégralité de son territoire. Le concept opératoire est en train de s'affiner», poursuit-il. Un contingent européen de 400 militaires sera constitué au début de l'année prochaine avant d'être envoyé au Mali pour «former l'armée malienne et la préparer à rendre à ce pays la souveraineté sur l'ensemble du territoire», ajoute-t-il, précisant que ces militaires ne participeraient pas aux opérations de combat. De source diplomatique française, on estime cependant qu'une intervention ne pourra avoir lieu avant le second semestre de 2013 «au mieux», compte tenu des préalables et on évoque même une date ultérieure, ce qui impliquerait la prorogation de la résolution du conseil de sécurité de l'Onu valable pour un an. Il faut d'abord que des élections aient lieu au Mali et la France estime que cela ne pourra avoir lieu avant avril en raison notamment de la difficulté d'organiser un vote dans le nord du pays. Les diplomates français se montrent en revanche plus optimistes sur la faisabilité de l'opération militaire. La formation des militaires pourra commencer rapidement et concerner 2 500 hommes à raison de cycles de six à sept semaines, le Togo, le Sénégal, le Nigeria et le Niger étant cités parmi les pays qui fourniront des contingents. Le Bénin, le Burkina-Faso, la Guinée et le Ghana pourraient aussi fournir des hommes, ajoutent les diplomates français. L'expérience somalienne est citée en exemple pour balayer les doutes sur l'efficacité d'une intervention africaine. Dans ce pays, les islamistes ont cédé du terrain sans réel affrontement, ce que les troupes occidentales avaient échoué à faire, et les diplomates estiment que les groupes d'insurgés pourraient se retirer des villes sans livrer bataille. Chaque pays occidental participant financera ses propres missions de formation et les militaires qui la mèneront ne feront pas partie des forces spéciales : il s'agirait de 250 formateurs et de 150 hommes chargés de leur protection. L'opération militaire elle-même serait financée par l'Union européenne à raison de 50 millions d'euros par an pour les soldes et la nourriture des soldats de la force africaine. Le groupe islamiste nigérian Ansaru a revendiqué dimanche l'enlèvement d'un ingénieur français capturé dans le nord du Nigeria, expliquant notamment son geste par le soutien de la France à une intervention militaire dans le nord du Mali. Concernant les neuf otages français détenus sur le sol africain, Jean-Yves Le Drian dénonce une «logique infernale que nous ne pouvons pas laisser évoluer ainsi.» «Nous nous occupons de très près des otages et faisons tout notre possible pour obtenir leur libération. Mais cela ne nous empêche pas de considérer que l'enjeu de l'intégrité du Mali est essentiel pour la sécurité de ce pays, comme pour celle de la France et de l'Europe», souligne-t-il.