La scène se présente désormais comme un échiquier où chacun joue son rôle. Des grandes puissances à leurs pions, les bras de fer ne manquent pas. Alors commençons par ces hordes qui s'entre-déchirent pour un éventuel leadership, ne constituant, en fait, qu'un feu de paille dans les stratégies des maîtres du jeu. Les récentes infos nous apprennent que ce n'est pas le gouvernement qui a tué le chef rebelle syrien Abou Djamel. Ce fut la bagarre pour son butin. Le motif de son meurtre repose dans un grand entrepôt d'Alep, que son unité avait saisi une semaine auparavant. Ce bâtiment était rempli d'acier laminé, saisi par les combattants comme butin de guerre. Mais des disputes ont eu lieu pour savoir qui prendra la plus grosse part du butin et s'est ensuivie une querelle de chefs, avec menaces et contre-menaces les jours suivants. Dans ce méli-mélo, on avait propulsé le cheikh Moaz Al Khatib à la tête de la présidence de la coalition nationale syrienne, principal représentant de l'opposition pro-occidentale au gouvernement de Damas. Cet homme, qui était jusque-là totalement inconnu du public international, est décrit par une intense campagne de relations publiques comme une haute personnalité morale sans attaches partisanes ou économiques. Toutefois, ce que les médias mainstream feignent de signaler, c'est que le bonhomme est en réalité membre des Frères musulmans et cadre de la compagnie pétrolière Shell. Cherchez l'erreur ! «Les butins» sont devenus donc la principale motivation pour beaucoup d'unités alors que les chefs des bataillons cherchent à accroître leur pouvoir. Ainsi, dans cette tragédie qui décime tout un peuple, on se retrouve dans une situation où les brigades de tueurs à gages «internationaux», adeptes de la décapitation et des attentats suicides à la voiture piégée font le jeu du club des criminels de guerre, en l'occurrence l'Otan et ses marionnettes du Conseil de coopération du Golfe. Sur cet échiquier, la toute nouvelle Coalition nationale des forces syriennes d'opposition et révolutionnaires semble gâtée par ses pourvoyeurs d'armes létales pour en finir avec le gouvernement Assad. Ainsi, dans la guerre libyenne, le Qatar avait livré «comme on livre des bonbons» des tonnes d'armes aux mercenaires libyens, et les conséquences anarchiques sont là. Des règlements de comptes et une anarchie qui a plongé le pays dans le chaos alors qu'au même moment, les rapaces continuent de pomper le pétrole au détriment du sang libyen. Qu'en serait-il pour la Syrie si demain le gouvernement Bachar tombait ? Apparemment, même si le Pentagone semble «mesurer» les risques, le Qatar continuera à livrer des tonnes d'armes en Syrie sans se soucier des massacres sectaires abominables qui pourraient être perpétrés. Pour l'instant, Washington continue de déplacer ses pions en attendant des jours meilleurs. (A suivre)