Après avoir financé et armé la rébellion en Syrie, le Qatar vient de former une coalition de l'opposition syrienne à Doha. Quelques instants après, la Ligue arabe applaudit et reconnaît officiellement l'alliance syrienne issue de l'opposition comme étant la seule représentante du peuple syrien. Ainsi, la Ligue arabe forte de 26 pays se trouve entre les mains de ce petit «village» de Doha et se fait manipuler comme un pion sur un plateau de jeux d'échec. «Cette initiative n'est pas la première du genre, nous avons fait la même chose dans le conflit libyen», s'est réjoui Hamad Ben Jassem Al-Thani, le ministre des Affaires étrangères du Qatar. Il a bien raison, le Qatar a réussi et par le biais de la Ligue arabe, non seulement de reconnaître l'opposition mais de livrer sur plateau la Libye au Conseil de sécurité avant que l'Otan ne fasse le reste. Le Qatar fait la même chose aujourd'hui avec la Syrie et utilise également la Ligue arabe pour écarter le pouvoir en place. Pour ce faire, le Qatar a organisé une rencontre de l'opposition à Doha et une coalition a été formée. Pendant quatre jours, les dizaines d'opposants venus des quatre coins du pays ont été pris en charge dans la capitale du Qatar, tous frais payés. L'objectif consiste à isoler le pouvoir en place et de créer une coalition composée d'opposants qui jouera le rôle d'un gouvernement provisoire à l'extérieur. Par le biais de la Ligue arabe, le Qatar a exigé à ce que la coalition syrienne en sa qualité d'observateur au sein de cette organisation, soit présente. Par cet état de fait, le Qatar utilise la Ligue arabe pour destituer le pouvoir syrien comme il l'a déjà fait en Libye. Ainsi, le Qatar a commencé par forcer la main des pays arabes pour reconnaître l'opposition syrienne représentée par la coalition formée à Doha. Pour ne pas laisser le choix au pays de reconnaître ou non l'opposition syrienne, le Qatar et par la voix de la Ligue arabe a reconnu la coalition de l'opposition syrienne en sa qualité du seul représentant légitime du peuple syrien. En second lieu, Doha a exigé à ce que la dite coalition syrienne réintègre la Ligue arabe en sa qualité d'observateur. Cet état de fait a contraint trois pays dont l'Algérie à émettre des réserves sur le statut accordé à l'opposition comme représentante du peuple syrien. L'Algérie a même demandé à ce qu'il soit laissé le choix libre à chaque pays de reconnaître ou non la légitimité de la dite «coalition». La Russie a demandé à la coalition de dialoguer avec le Président syrien et rejette la condition du départ de Bachar Al Assad. Le chef du mouvement chiite libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, également proche de Damas, a accusé la nouvelle instance d'avoir été créée de toutes pièces par les Etats-Unis et regrette qu'elle ait préféré la destruction au dialogue. En somme, le Qatar a mis main basse sur la Ligue arabe.