Après avoir été le premier pays occidental à reconnaître la Coalition comme «seule» représentante du peuple syrien, la France va accueillir à Paris un «ambassadeur» issu de la Coalition, a annoncé François Hollande. La nouvelle Coalition de l'opposition syrienne a affirmé hier vouloir former vite un «gouvernement de technocrates» incluant «toutes les composantes» de la Syrie, après un entretien avec le président français qui a annoncé l'accueil d'un futur «ambassadeur» à Paris. Sur le terrain, des combats meurtriers opposaient dans le même temps l'armée aux rebelles à Alep (nord), tandis que des tirs d'artillerie retentissaient dans la région de Damas survolée par des appareils de l'armée de l'Air, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh, basé en Grande-Bretagne). Reçu à Paris avec les honneurs, Ahmed Moaz al-Khatib, nouveau chef de la Coalition de l'opposition syrienne créée il y a une semaine, s'est engagé lors d'un entretien de plus d'une heure à ce qu'un futur gouvernement comprenne «toutes les composantes de la Syrie», notamment des «chrétiens et alaouites», selon François Hollande. La formation d'un exécutif de transition ne représente aucun obstacle, a assuré devant la presse Ahmed Moaz al-Khatib. «Il n'y a pas de problème. La Coalition existe et nous allons lancer un appel à candidatures pour former un gouvernement de technocrates qui travaillera jusqu'à la chute du régime». «Nous avons le souci du peuple syrien dans toutes ses composantes, dans toute sa diversité», alors que depuis 50 ans le régime «a oeuvré à dresser les Syriens les uns contre les autres», a ajouté le chef de l'opposition. Après avoir été le premier pays occidental à reconnaître la Coalition comme «seule» représentante du peuple syrien, la France va accueillir à Paris un «ambassadeur» issu de la Coalition, a annoncé François Hollande. Ce diplomate parfaitement francophone, Monzir Makhous, membre de la délégation syrienne reçue à l'Elysée, est l' «une des premières personnalités à avoir parlé de liberté en Syrie», a relevé Ahmed Moaz al-Khatib. «A l'origine, il appartient à la communauté alaouite mais avant tout c'est un homme libre qui a toujours travaillé pour le peuple syrien. C'est quelqu'un d'extrêmement compétent qui a quatre doctorats», a-t-il ajouté. Jusqu'à présent, la Coalition syrienne n'a été reconnue comme seule représentante légitime du peuple syrien que par la France, les monarchies du Golfe et la Turquie. A propos des réticences des alliés occidentaux de Paris à suivre le choix français, François Hollande a indiqué que «le travail de conviction auprès des pays européens et de l'Union européenne» allait continuer. «De nombreux pays vont rejoindre la position qui a été celle de la France», a-t-il prédit. Ahmed Moaz al-Khatib a salué «la position extrêmement courageuse» de Paris qui «a ouvert la porte à la communauté internationale pour continuer à soutenir davantage le peuple syrien». La Grande-Bretagne a indiqué vendredi qu'elle pourrait se prononcer dans «les jours prochains» sur la reconnaissance de la Coalition. Une réunion des chefs de la diplomatie de l'Union européenne est prévue lundi à Bruxelles. La question de l'embargo européen sur les armes, qui interdit d'en livrer à l'opposition, devrait y être abordée à l'initiative de Paris qui souhaite une exception pour un armement «défensif» pour les zones libérées par l'opposition. «Je ne veux pas dissimuler l'importance de cette question, à la fois le besoin qu'ont les Syriens de disposer de moyens militaires mais aussi le contrôle que la communauté internationale doit assurer», a déclaré François Hollande. «Cette discussion aura lieu au sein de l'Union européenne», a-t-il précisé. Une aide militaire «ne peut se faire que dans le cadre de la communauté internationale pour la protection des populations civiles». «Dès lors qu'il y aura un gouvernement alternatif qui pourra lui-même délimiter ses zones, il en appellera à ce soutien et à cette protection», a-t-il précisé. A Alep, deux rebelles ont péri hier lors des combats dans la métropole du nord, où une voiture piégée a explosé après des affrontements à Liramoun, dans le nord-ouest de la ville, a précisé l'ONG OSDH. Un caméraman turc, Cüneyt Ünal, détenu depuis août en Syrie a été remis hier à des députés turcs en déplacement dans ce pays, selon un parlementaire turc.