La visite qu'a effectuée l'émir du Qatar en Algérie peut, a priori, susciter des interrogations légitimes sur la portée politique et stratégique d'une rencontre au sommet avec le chef d'Etat algérien. Même si ce n'est pas le premier voyage du prince Hamad Ben Khalifa Al-Thani à Alger. Cette visite intervient dans une conjoncture régionale très tumultueuse, marquée par des foyers de tension que continuent d'alimenter plusieurs mouvements insurrectionnels, où l'émirat du Qatar justement joue un rôle très visible, voire même déterminant dans certains pays arabes. A telle enseigne que son nom est souvent assimilé à des manœuvres visant à soulever des troubles, voire à renverser des régimes, comme ce fut le cas en Libye. Redouté pour sa capacité de nuisance, le Qatar n'en profite pas moins pour élargir son rayonnement économique dans la région arabe et dans le monde. C'est, sans doute, dans ce cadre que les dirigeants de ce «grand petit» émirat du Golfe conçoivent leurs relations avec des pays jugés stables comme l'Algérie, où ils comptent intensifier et diversifier leurs investissements, profitant des opportunités «exceptionnelles» qu'offrirait le marché algérien. A ce titre, il est important de signaler que la venue de l'émir du Qatar succède à celle du président français, venu lui aussi approfondir les relations économiques de son pays avec l'Algérie, et faire avancer des projets qui étaient comme bloqués depuis des années dans divers domaines. Pour dire l'importance économique et géostratégique de l'Algérie d'aujourd'hui. Cette visite est donc l'occasion pour les deux parties de procéder à l'évaluation de la coopération bilatérale et signer des accords de partenariat entre les deux pays, dans les domaines du gaz, du pétrole, de la pétrochimie et du transport maritime. Huit accords et mémorandums ont été signés hier. Mais le plus important accord est celui portant création d'un partenariat algéro-qatari dans le domaine de la sidérurgie à Bellara (Jijel), qui a été signé en présence du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et l'émir du Qatar. Aussi, dans le domaine de la production du GNL, l'Algérie doit trouver, en urgence, un terrain d'entente avec le Qatar, premier producteur de gaz dans le monde, et qui ne cache plus ses ambitions de monopoliser le marché mondial. Ce qui n'ira pas, assurément, pour notre pays sans consentir à de petites concessions, par-ci, et de petits compromis par-là, pour s'assurer une place au soleil !