A scruter l'horizon tunisien, on se rappelle la décennie noire qu'a connue l'Algérie, notamment la vague d'assassinats de la pensée. Près de 64 intellectuels ont payé les frais de l'obscurantisme alors que leurs bourreaux, les commanditaires de ces meurtres, se dorent au soleil qatari et sans vergogne aucune et continuent leur show anti-algérien à travers la chaîne dépotoir Al Magharibia. Cela dit, nos frères tunisiens semblent en passe de vivre le même calvaire, eux qui, après la chute de Ben Ali, croyaient qu'ils allaient mettre un terme à leur misère sociale. Ainsi, après l'assassinat de Lotfi Nakhd et de Nidaa Tounès il y a quelques mois, voilà un autre militant qui vient d'être criblé de balles. Un crime de sang-froid qui dénote cet «humanisme» tant défendu par les Occidentalo-sionistes et leurs sbires des pétromonarchies du Golfe. C'est cela la charia version wahabite que l'on tente d'imposer à coups de bombes au mépris des vies humaines. Le militant tunisien Chokri Belaïd était père de deux petites filles. Voilà donc deux nouvelles orphelines que la vraie charia n'a jamais condamné à vivre comme tel. Suite à ce crime odieux, les Nahdaouis, à leur tête Ghannouchi, ont vite crié au loup. Selon eux, Chokri a été victime de «terrorisme». Aussi, le jour même où Chokri a été tué, dans la matinée, Rached Ghannouchi a pris un vol Tunis Air à 14h35 de l'aéroport Tunis-Carthage en direction de Londres. Il a atterri à l'aéroport de Londres Heathrow à 16h50. Sa propriété londonienne a été placée sous haute protection policière par la police britannique. Dans cette logique, il n'est un secret pour personne que de nombreux membres d'Ennahda, y compris son leader, n'ont jamais soldé leur passé terroriste et n'ont jamais renoncé à la violence pour arriver au pouvoir par le passé et pour se maintenir au pouvoir après les dernières élections. Ce parti n'a t-il pas, il y a seulement quelques jours, publié un communiqué appelant à la libération de l'assassin de Lotfi Nagdh ? Lors des deux journées du vendredi 1er et du samedi 2 février, le bras armé d'Ennahda, les pseudo Ligues de protection de la révolution n'ont-elles pas empêché par la force deux meetings des partis de l'opposition de se tenir à Kairouan et au Kef ? Les milices d'Ennahda n'ont-elles pas séquestré Ahmed Néjib Chebbi à Gabès, agressé un vieux militant démocratique âgé de 70 ans à Kairouan, essayé de s'attaquer au siège central de Nida Tounes à Tunis et saccagé le local de ce parti à Kébili ? Alors ? Si l'on se réfère à certaines pages Facebook de la mouvance islamiste, les photos de plusieurs personnes à abattre y circulent. Parmi ceux-là, justement, figure le défunt Chokri Belaïd. Les personnes figurant sur cette liste sont pour la plupart des journalistes et des militants qui sont directement menacés de mort. Et dans toute cette affaire, le plus choquant est cette attitude adoptée par le ministre de l'Intérieur. Le 6 février, lors du transfert de la dépouille du regretté Chokri Belaïd au niveau de l'avenue Habib Bourguiba, le cortège de l'ambulance, suivi par des milliers de Tunisiens criant leur colère, a été harcelé par des islamistes et surtout par la police de cet Etat qui a jeté du gaz lacrymogène contre de simples passants criant leur douleur et contre une ambulance transformée en corbillard. Alors, y aurait-il anguille sous la «Troïka» ?