Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, arrivera demain à Alger, a annoncé, jeudi, le porte-parole du département des Affaires étrangères de Russie. Cette visite du chef de la diplomatie russe entre dans le cadre des entretiens de concertation avec les responsables algériens sur la «situation qui prévaut au Mali et l'actualité au Proche-Orient», selon Alexandre Loukachevitch, porte-parole du département de M. Lavrov. Le conflit au Mali est pour Moscou une conséquence de la crise libyenne et des plans visant la répartition globale des ressources du continent africain due à la crise économico-financière qui secoue l'Occident. C'est ce qu'a déclaré l'ambassadeur de Russie à Bamako, Alexeï Doulian, vendredi, à l'agence RIA Novosti, en précisant que le Mali est «un pays riche en minerais précieux, comme l'or, l'uranium, le pétrole, le fer...». Il indiquera qu'«on comprend que cela attire du monde». Tels sont les propos tenus par le diplomate russe à partir de la capitale malienne en soulignant par ailleurs que «le conflit au Mali est en bonne partie une conséquence de la crise libyenne». Ce sont justement des Touaregs armés ayant afflué dans le nord du Mali après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye qui ont constitué la base de commandos extrémistes ayant soulevé une rébellion armée en janvier 2012». Des déclarations ont été émises par l'ambassadeur de Russie à Bamako au lendemain de l'annonce de la venue du chef de département des Affaires étrangères de Russie Sergüe Lavrov à Alger, dès demain, lundi. Il est utile de rappeler les propos de responsables russes à divers niveaux sur les questions marquant l'actualité régionale et internationale en vue de mieux saisir la portée de la lecture faite par le Kremlin sur les évènements actuels. Pour le représentant spécial du président russe pour l'Afrique, Mikhaïl Marguelov «les événements postrévolutionnaires, d'abord en Egypte et maintenant en Tunisie, contredisent la thèse de l'islamisation pacifique inévitable des pays arabes indépendamment des mots d'ordre des révolutions dans ces pays». Cela n'a fait qu'encourager les faucons dans les rangs des «islamistes modérés au pouvoir». Précisant plus loin dans ses propos qu'«il est évidemment difficile de prédire aujourd'hui l'issue des protestations en Tunisie» et que «pourtant, l'extrémisme armé, provoqué en grande partie par le printemps arabe, pourrait empêcher la victoire des forces sécularistes dans ce pays», a relevé M. Arguelov. De nouvelles donnes, voire des mutations importantes dans les rapports internationaux ont été enregistrés ces dernières années et demeurent en cours. Le retour du rôle de Moscou sur la scène internationale, l'avènement de pays émergents, la portée des pays du Brics, la montée en puissance de la Chine ainsi que les conséquences de la crise économico-financière, ont constitué des facteurs pour marquer le début de la fin de l'hégémonie américaine. C'est ce qui est illustré par l'élargissement de cercles de concertations, au sein de l'ONU s'agissant des dossiers brûlants de la scène internationale dont la portée de consultations sur les plans bilatéral et multilatéral entre pays n'est pas en reste. Aussi, n'excluant pas leurs intérêts immédiats ou stratégiques, l'approche développée ou adoptée par les pays dans leur traitement des questions brûlantes, telles que la crise en Syrie ou la guerre au Mali. L'esprit des textes et de la charte onusiens devront demeurer des lignes rouges. Ce qui semble être souvent pris en compte par certains membres permanents au Conseil de sécurité et non pas par d'autres. Il y a lieu de souligner le triple véto sino-russe brandi au Conseil de sécurité contre une résolution ouvrant la voie à une intervention étrangère en Syrie pour éviter le pire scénario au peuple syrien et l'ensemble de la région. Ce qui n'est pas le cas pour la Libye qui a vite plongé dans la voie armée et de surcroît sur l'intervention de l'Otan dont les conséquences ont précipité la crise malienne puis la guerre dans ce pays depuis le 11 janvier par l'intervention militaire française sans l'aval de l'ONU. Le cours des évènements de la guerre au Mali dont Paris ne manque pas de relever que « son intervention fait suite à la demande de Bamako» que les militaires français ont été envoyés au Mali. Il est question, ces derniers jours d'envoi d'un force onusienne dans le pays pour prendre le relais. Autant d'actualités qui seront certainement au menu des discussions entre le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et son homologue algérien, Mourad Medelci qui fera part à son hôte du rôle stratégique exercé par l'Algérie.