Des représentants de l'opposition syrienne ont incité hier Moscou à jouer un rôle plus transparent dans la crise que vit présentement la Syrie. La Russie a reçu hier des représentants de l'opposition syrienne, qui l'ont appelée à jouer un rôle «plus positif» dans la crise, après que le président russe Dmitri Medvedev a dénoncé la présence de «terroristes» et d'extrémistes dans l'opposition. «La Russie doit jouer un rôle plus actif et plus positif dans le règlement de la situation intérieure en Syrie», a déclaré Ammar Qurabi, directeur de l'organisation nationale syrienne pour les droits de l'homme et du bureau exécutif de la Conférence pour le changement, au cours d'une conférence de presse à Moscou. «Nous voulons raconter aux médias russes ce qui se passe vraiment en Syrie et pour qu'ils nous aident et fassent pression sur le pouvoir russe», a-t-il ajouté, après des entretiens avec le représentant spécial du président russe Mikhaïl Marguelov. Il a déploré que «la position russe évolue plus lentement qu'espéré». Jeudi soir, le président russe Dmitri Medvedev a estimé qu'un «message sévère» devait être envoyé non seulement au pouvoir syrien, mais à l'opposition, dans un entretien avec la chaîne de télévision Euronews. Il a affirmé que certains opposants pouvaient être qualifiés de «terroristes». Mikhaïl Marguelov a indiqué que la Russie voulait discuter avec les deux parties «pour comprendre ce qui se passe vraiment en Syrie». «Le Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe) est prêt dans un avenir proche à former et à envoyer en Syrie une délégation de sénateurs russes pour une mission visant à éclaircir les faits, afin de voir sur place ce qui se passe vraiment en Syrie», a-t-il ajouté. M.Marguelov a cependant précisé qu'il attendait l'accord des autorités syriennes pour envoyer cette mission. Il espère l'obtenir à l'occasion de la visite lundi à Moscou pour des entretiens de la conseillère du président syrien Bachar Al Assad, Boutheina Chaabane. La délégation de l'opposition syrienne s'est déclarée favorable à l'envoi d'une telle mission. Dans une interview hier au quotidien Kommersant, un autre représentant de l'opposition syrienne, Mahmoud al-Hamza, a souligné que Moscou devait comprendre que «l'amitié entre la Russie et la Syrie était avant tout une amitié avec le peuple syrien et non avec le régime» en place. Alliée de longue date de la Syrie, à laquelle elle fournit des armements, la Russie bloque depuis des mois une condamnation du régime syrien au Conseil de sécurité de l'ONU. Mercredi, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a opposé une fin de non-recevoir aux appels de son homologue français Alain Juppé, en visite à Moscou, à faire cesser des «crimes contre l'humanité». La Russie est aussi opposée au départ du président Bachar Al Assad, réclamé par les Occidentaux, et a désapprouvé l'embargo de l'Union européenne sur les importations de pétrole syrien pour sanctionner le régime de Damas. La Russie, comme elle n'a cessé de le faire depuis le début des mouvements de mobilisation qui ont secoué plusieurs pays du monde arabe et musulman, prône la non-ingérence en Syrie, où les manifestations ont commencé en mars. Moscou s'était également abstenu avec la Chine au moment du vote de la résolution 1973 qui a permis l'intervention de l'Otan en mars en Libye, avant de critiquer les opérations militaires occidentales contre le régime du colonel Mouamar El Gueddafi, estimant qu'elles outrepassaient le mandat de l'ONU.