Dans le cadre des consultations politiques régulières entre l'Algérie et la Russie, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, s'entretiendra dès demain, lundi, à Moscou avec les responsables russes sur les questions régionales et internationales. Le responsable algérien s'entretiendra avec M. Mikhaïl Margelov, représentant spécial du président Vladimir Poutine pour la coopération avec les pays africains et président du comité des Affaires étrangères du Conseil de Fédération et avec Mikhaïl Bogdanov, représentant spécial du président Poutine pour le Proche-Orient et vice-ministre des Affaires étrangères. Ainsi il sera question au cours de sa visite à Moscou selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Balani, d'une audience avec le chef de la diplomatie russe, M. Sergueï Lavrov. Il est à rappeler qu'Alger et Moscou ont signé en 2001 la déclaration de partenariat stratégique, premier document du genre que Moscou signe avec un pays arabo- africain, marquant un rebondissement pertinent dans les relations algéro-russes qui remontent pour rappel, à loin. La visite de M. Messahel à Moscou et ses entretiens avec les responsables russes précités s'articuleront certainement sur les questions régionales et internationales. Avec le représentant spécial de Vladimir Poutine pour la coopération avec les pays africains, il sera question de consultations et d'échanges de points de vue politiques sur les questions brûlantes de l'actualité africaine et en premier lieu, la crise malienne. Si la voix de Moscou sur la crise malienne n'a pas été répercutée comme ce fut le cas pour les autres acteurs extra régionaux, son rôle au sein du Conseil de sécurité dans son adoption de la résolution 2071 a été percutant. Les déclarations de part et d'autre sur la scène régionale et internationale ont fait état que la résolution 2071 sur la crise malienne reflète un large consensus auquel a abouti la communauté internationale, à savoir, l'ONU, UA et la Cédéao. L'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie à Alger, Alexandre Zolotove, a soutenu que «nous (Moscou ndlr) avons dit que ce problème doit être réglé dans le cadre de la souveraineté malienne». Cette déclaration a été émise par le diplomate russe dans un entretien accordé à l'Expression, en avril dernier, soit à moins d'un mois de l'éclatement de la crise au Mali en mars dernier. Par ailleurs, le diplomate russe, M. A. Zolotove, tout en insistant que la crise malienne doit trouver sa solution dans un processus politique inter-malien, a fait savoir que «nous sommes également en faveur des efforts déployés par la Cédéao et les pays du champ», suite à quoi il soulignera que «parmi ces pays figure en pole position l'Algérie» qui, pour M Zolotove «joue un rôle crucial d'abord parce qu'elle a une frontière prolongée avec le Mali d'une part, ensuite par le fait qu'elle connaît bien la situation dans la région d'autre part». Pour Moscou, selon le diplomate russe Alexandre Zolotove « pour le règlement de cette crise, nous estimons que le rôle de l'Algérie est absolument incontournable» et de préciser «que le réglement de la crise qui sévit dans la région du Sahel, appartient exclusivement aux pays du champ et c'est à eux seuls de trouver la formule appropriée pour une solution pacifique dans la région et au Mali», avait-il déjà déclaré en avril dernier. Nul n'ignore que Moscou revient en force sur la scène internationale sur fond des mutations en cours dans les rapports mondiaux. Le début de la fin du rôle unique de Washington et ses alliés sur la scène mondiale et ce, depuis la chute du mur de Berlin ne cesse de se manifester et de se raffermir, pour ne citer que le triple veto sino-russe brandi contre l'adoption d'une résolution sur la crise en Syrie. Moscou qui s'appuie dans ses approches dans sa politique diplomatique s'agissant des crises internes aux pays ou des conflits sur le droit international, via l'esprit et les textes de la charte onusienne, depuis la crise en Libye, pèse avec davantage de prudence sur le cours des travaux du Conseil de sécurité. Les propos de M Zolotove sur cette question le soulignent clairement. «Si on revient au cas libyen et à cette fameuse résolution que nous avons laissée passer», a –t-il déclaré «elle ne prévoyait pas pour nous l'utilisation des avions de guerre, le bombardement contre des objectifs militaires libyens. La résolution prévoyait l'instauration d'une zone de non-survol». Et de conclure à ce propos «voyez maintenant les répercussions de cette action pour les pays voisins de la Libye dont l'Algérie, avec la circulation d'armes et la recrudescence du terrorisme». Le rappel des déclarations de responsables algériens sur les conséquences de la militarisation de la crise libyenne dont la circulation de tout types d'armes au cours et après la crise libyenne a été au profit des terroristes et des réseaux des narcotrafiquants. Ainsi le déplacement de M. Messahel à Moscou et les entretiens qu'il aura avec ses homologues russes reflète la portée de la déclaration de partenariat stratégique signé en 2001 entre Moscou et Alger. Le concours d'acteurs régionaux et internationaux dans leur soutien politique effectif aux efforts inter-malien en cours est à même d'assurer une réelle sortie de crise pour le Mali. La promotion en premier lieu d'une solution militaire par certains acteurs étrangers en direction de la crise au Mali est porteuse de risques majeurs et d'embrasement de toute la région. La décision de l'envoi par l'UE de près de 300 experts militaires européens à Bamako intervient pour rappel à quelques jours avant l'expiration du délai accordé dans la résolution onusienne 2071 sur le mali, prévu fin novembre.