La conjoncture malienne n'est pas aussi complexe que l'on voudrait nous le laisser imaginer. Quels sont les ingrédients et la recette de cette bouillabaisse Françafrique ? La crise économique systémique qui sévit durement dans les pays d'Afrique depuis 2008 a jeté les paysans, les ouvriers et les artisans dans la misère et dans les ornières d'un exil plein de péril. Les puissances impérialistes continuent de rapatrier les profits et d'acheminer les matières premières vers les métropoles cupides, mais elles ne veulent rien entendre des souffrances qu'elles infligent à ces peuples désespérés et font tout pour que ces pestiférés demeurent dans ces contrées qu'elles ont affamées et sinistrées. En conséquence, les marchés, les places publiques, les quartiers, les fleuves et les sentiers d'Afrique sont encombrés d'hommes désœuvrés, en transhumance entre le Sud paupérisé et le Nord, «marche-pied» vers l'Europe, cet eldorado inhumé. Cette main-d'œuvre bon marché est prête à tout pour ravitailler leur famille. L'offre de service en bras armés – flibustiers engagés, métayers fusiliers – a de beaucoup augmenté depuis quelques années au point d'engorger les agences de recrutement et de renseignement de l'OTAN et de leurs sous-traitants – djihadistes, islamistes, intégristes – et autres pestiférés de cet univers de mercenaires sous-payés. Le recrutement des exécutants Tantôt, l'aspirant «terroriste» est recruté et embauché pour un coup fourré de courte durée – cahier des charges spécifié – solde déterminé et autorisation de se payer à même ce qu'il pourra voler aux populations exécutées, ce qui comprend la permission de violer des femmes pour se rassasier. Souvent, ces flibustiers de la modernité s'emparent d'armes sophistiquées pour se préparer à honorer le prochain contrat qui sera attribué par l'OTAN, les Etats-Unis ou la France. Ils doivent penser à s'équiper pour la prochaine équipée. Parfois le futur «terroriste» est embauché pour un temps indéterminé. Sa foi dans le Coran étant garant de son recrutement, de son entraînement et de son réengagement. Lavage de cerveau, rhétorique euphorisante anti-Occident et le militant est prêt à donner sa vie pour son gourou du moment. En effet, les monopoles miniers criminalisés, les pétrolières polluantes et prévaricatrices, les entreprises manufacturières prédatrices, les représentants des gouvernements néo-colonialistes, les camps militaires retranchés, menaçants comme celui de la banlieue d'Abidjan (43e Bima), tout l'environnement social concourt à accréditer l'idée que l'Occident occupe et vide le continent africain de ses ressources, de sa plus-value et de ses biens. C'est si vrai que les services secrets américains, français, britanniques et russes s'appuient sur ces sentiments d'aversion-répulsion pour recruter et enflammer le continent africain ravagé. Les coups d'Etat approuvés par la «communauté internationale» Quand un coup de force tordu est terminé, comme en Libye l'été dernier, en Côte d'Ivoire l'année qui l'a précédé, ces mercenaires – corsaires du désert regroupés en bandes armés anarchiques – sont remerciés par leurs sponsors, mais ils ne désarment pas pour autant. Ils errent à la recherche d'un nouvel engagement, d'un nouveau théâtre d'opération ou l'OTAN, le Qatar, l'Arabie saoudite, la France ou les Etats-Unis voudront bien les exfiltrer – les aéroporter – pour une nouvelle «guerre humanitaire». Préférablement loin de la Syrie ou le gouvernement local tient bon et extermine les terroristes infiltrés dans le pays mortifié. S'ils ne sont pas recrutés, s'ils ne sont pas de corvée, les «djihadistes» de service et les mercenaires sans foi ni loi errent dans le désert en quête de nouvelles proies à leur propre compte, tels des seigneurs de guerre... Pendant ce temps, au Mali... Pendant ce temps, au Mali, le gouvernement national fantoche de ce pays artificiel dont les frontières ont été dessinées par la France impérialiste il y a cinquante années, quand Paris peinait à massacrer les peuples d'Indochine et d'Algérie et ne disposait pas d'assez de troupiers pour exterminer la moitié du continent africain colonisé, en mars 2012, le gouvernement malien était renversé par une révolte de palais à Bamako. Un petit capitaine obscur et imprévisible, le major Sanogo, démettait le Président Touré et assignait un nouveau ex-président, M. Traoré, puis congédiait le Premier ministre pendant que la bourgeoisie compradore malienne se remplissait les poches à même les «aides» internationales, la solde des soldats détournée, le trafic de drogue, la vente d'armes et autres activités illicites comme toutes les autres bourgeoisies patriotiques d'Afrique sponsorisées par l'Occident, la Russie et la Chine concertées. Le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA et Ansar Dine) trouva approprié de profiter de la déliquescence de l'Etat fédéral malien pour s'emparer du contrôle du Nord du pays désertique, sous-développé, affamé et oublié par Bamako l'éloignée. Et voilà qu'une caravane de mercenaires terroristes désœuvrés, saqués, passait par-là, de retour de sa croisade de rapine assassine à Tripoli et à Benghazi. Les damnés armés jusqu'aux dents par les soins de la France et de l'OTAN se trouvèrent disposés à saccager ce pays meurtri dont l'armée nationale laminée n'avait nullement l'idée de se sacrifier pour la patrie des pourris de Mopti et pour préserver les intérêts d'Areva, de Total, de Sahara Mining, de MDL d'Australie et d'Oromin du Canada et pour que la France mette la main sur 5% environ de la production d'or dans le monde (production d'or au Mali). A suivre