Les cinq membres du gouvernement issus du parti laïc du président Moncef Marzouki, menacent de démissionner s'ils n'obtiennent pas le limogeage de deux islamistes ministres de la Justice et des Affaires étrangères. La crise se poursuit en Tunisie après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, soulignant les divisions au sein du parti islamiste Ennahda, au pouvoir à la tête d'une Coalition. Les cinq membres du gouvernement issus du Congrès Pour la République (CPR), le parti du président Moncef Marzouki, ont fait savoir qu'ils annonceraient ce lundi s'ils démissionnaient faute d'avoir obtenu dans la semaine le limogeage de deux islamistes ministres de la Justice et des Affaires étrangères. La classe politique et la rue attendent le résultat du coup de poker de Hamadi Jebali, numéro 2 d'Ennahda, qui a pris de court son parti et ses alliés laïcs de centre-gauche en annonçant préparer la création d'un gouvernement de technocrates pour éviter au pays «le chaos» après l'assassinat de Belaïd dont sont accusés, sans preuve, les islamistes. Vilipendé par son propre camp mais soutenu par l'opposition laïque, le Premier ministre islamiste a menacé samedi de démissionner s'il ne parvenait pas à former avant le milieu de la semaine un cabinet de personnalités «sans appartenance politique». Jebali veut changer les ministres de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères. Il a précisé que les ministres de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères devaient changer, alors qu'Ennahda refuse depuis des mois de lâcher ces postes. Les futurs membres du cabinet devront aussi s'engager à ne pas participer aux prochaines élections, selon Hamadi Jebali. Des responsables d'Ennahda, dont l'instance dirigeant était réunie dimanche, estiment que le Premier ministre devra obtenir la confiance des députés de l'Assemblée nationale constituante (ANC), où les islamistes sont en position de force avec 89 sièges sur 217. Mais Hamadi Jebali a rejeté cet argument, assurant que l'ANC, en l'intronisant à la tête du gouvernement en décembre 2011, lui avait donné le droit de remanier son équipe. Ce que confirment des experts réunis samedi par la présidence. Selon la loi d'organisation provisoire des pouvoirs publics, le chef du gouvernement peut en effet «créer, modifier et supprimer les ministères et les secrétariats d'Etat, et fixer leurs attributions et prérogatives, après délibération du Conseil des ministres et information du président de la République». Mais la frange radicale d'Ennahda a prévenu qu'elle était prête à descendre dans la rue pour défendre la «légitimité des urnes», laissant présager la persistance des difficultés de la Tunisie à se stabiliser deux ans après la révolution de 2011, mais aussi une scission des islamistes.