Mustapha Berraf, candidat à la présidence du Comité olympique algérien (COA), prône l'adoption d'une politique de renouveau et de restructuration en cas de victoire samedi lors de l'assemblée générale élective, reconnaissant que le sport algérien avait enregistré un «net recul» malgré les moyens colossaux mis à la disposition des fédérations par l'Etat. «Nous devons adopter une politique de renouveau et de restructuration, aller vers la bonne gouvernance et la bonne gestion car il y a eu différentes défaillances dans les mécanismes de gestion», a déclaré M. Berraf dans un entretien à l'APS. Déjà président du COA en 1996-1998, 2001-2004 et 2005-2009, Mustapha Berraf est, cette fois-ci, en concurrence avec le patron de la Fédération algérienne de tennis, Mohamed Bouabdallah, pour le poste suprême du premier organe de gestion du sport en Algérie. M. Berraf, ex-basketteur international et un habitué donc du COA, a arrêté un programme constitué de quatre trajectoires pour séduire les membres de l'assemblée générale. «En premier lieu, j'insiste sur la bonne gouvernance et une meilleure gestion au niveau du COA qui a connu cette année un rejet des bilans moral et financier et des réserves importantes du commissaire aux comptes, ce qui n'était jamais arrivé auparavant», a-t-il rappelé. «Il y a aussi le sport féminin qui a enregistré un net recul, que ce soit dans la pratique ou au sein des institutions, des organisations et du pouvoir de décision, où on s'aperçoit que le nombre de femmes s'est rétréci de jour en jour et d'année en année, au point où nous avons l'impression que les Algériens sont devenus subitement misogynes», a regretté le candidat Berraf. Ce dernier s'est engagé ainsi à prendre toutes les décisions nécessaires pour que les femmes reprennent leurs véritables places dans le mouvement sportif algérien, rappelant qu'il y avait des athlètes dames qui ont honoré au plus haut niveau le sport algérien, telles qu'Hassiba Boulmerka, Nouria Benida-Merah ou encore Soraya Haddad. «La femme algérienne mérite toute la considération, elle doit être à tous les niveaux du pouvoir de décision, du pouvoir d'exécution, au niveau des universités, des fédérations, des clubs et des ligues, pour traiter d'égale à égale avec le sport masculin. Ce sera difficile, mais les révisions statutaires que nous envisageons, si nous sommes élus, montreront ces aspects qui sont très importants», a promis M. Berraf, 59 ans. Berraf rêve de deux pôles d'élite pour 2016 et 2020 Autre axe du programme de M. Berraf, celui de mettre en place des mécanismes pour permettre à toutes les familles algériennes d'inscrire leurs enfants dans la pratique du sport avec facilité. «Les jeunes doivent pratiquer librement la discipline de leur choix. Ce n'est pas normal qu'un simple citoyen soit forcé d'appeler X ou Y pour faire du sport», a-t-il martelé. L'interviewé, qui regrette l'absence d'une politique d'élite et d'écoles dans les fédérations, a indiqué aussi qu'il envisageait de lancer deux grands pôles d'élite pour 2016 et 2020, même s'il reconnaît que pour la première échéance, les choses seront difficiles à réaliser. «Il vaut mieux parler de 2020 car en trois ans, c'est difficile de reconstituer des effectifs de niveau mondial. D'ici à 2020, nous avons toutes les aptitudes et les potentialités pour conjuguer nos forces et nos efforts pour aller dans une démarche harmonieuse et stratégique», a ajouté M. Berraf, actuellement 1er vice-président de l'Association des comités nationaux olympiques d'Afrique (ACNOA) chargé du règlement des conflits et des relations internationales. L'ex-président du COA a invité également les collectivités locales à s'impliquer davantage, elles qui sont «assez sensibles mais privilégient certaines disciplines à d'autres», relevant une «ségrégation entre le football et quelques disciplines pourvoyeuses qui ont réalisé des résultats ayant honoré le pays». Pour le prochain mandat olympique, M. Berraf dit avoir de «plus grandes appréhensions par rapport aux fois passées, car la situation n'est pas reluisante et le mouvement sportif a été entredéchiré par plusieurs problèmes». Il a appelé, à cet effet, à «engager un large processus de rassemblement et de réunification de toutes les forces vives du mouvement sportif pour essayer de mettre en place des procédures et des règles qui ne peuvent plus être remises en cause par personne». M. Berraf a eu, à la fin, quelques mots pour son adversaire, Mohamed Bouabdallah, un ancien sportif et athlète «pour qui il a tout le respect». «Je ne peux pas lui souhaiter bonne chance puisque je vais le faire à moi-même (rires). Mais je crois que le COA sera placé entre de bonnes mains, avec Berraf ou Bouabdallah comme président», a-t-il conclu.