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Guerre du maintien colonial et lutte de libération (VI)
Publié dans La Nouvelle République le 23 - 03 - 2013

«Tout homme dévoué à son pays doit payer à sa patrie son tribut de patriotisme, en lui disant tout ce qu'il croit, en sa conscience, être la vérité.» (Sully)
En effet, l'état de guerre ne vaudra plus pour l'une des parties, généralement l'attaquant. Le droit de la guerre classique repose en effet sur une symétrie indéfectible en ce sens que celui contre qui on est en guerre est censé l'être aussi. La symétrie résulte de cet état de belligérance conjoint et réciproque qui est l'apanage des Etats souverains. Depuis les tentatives de bannissement de la guerre par le pacte de la SDN de 1919, la guerre est toujours conçue, du point de vue du droit international, quasi exclusivement comme une question symétrique entre Etats souverains. Sur la base de ces éclaircissements nous pouvons dire que les officiers déserteurs de l'armée française qui ont rejoint l'ALN sont à l'origine de tous les changements qui se sont fait dans l'ALN des frontières, qu'ils ont organisée en armée classique. Pour terminer, il faut simplement avoir présent à l'esprit que, dès que les troupes de l'ALN furent organisées en armée classique, il était plus facile à l'ennemi français de connaître notre nombre et notre armement puisque nous agissions comme ils l'avaient appris à faire aux officiers qui nous commandaient. Donc, nous étions fragilisés et non pas renforcés, ce qui d'ailleurs a fait que le nombre d'hommes que perdait l'ALN des frontières a été multiplié par dix. Et il va de soit que le ravitaillement des éléments de l'ALN de l'intérieur qui continuaient à faire la lutte de libération était de plus en plus difficile. En avril 1958, Krim Belkacem tente d'unifier le commandement militaire. Conseillé par les ex-officiers français, il crée deux comités d'organisation miliaire (COM). Celui de l'Ouest est confié à Boumediene qui a pour adjoint le colonel Saddek, le colonel Lotfi prenant la tête de la wilaya 5. De passage à Tunis, Boumediene se rend compte que les ex-officiers français qui viennent de déserter sont mal acceptés par les cadres issus des maquis. C'est alors qu'il emmène au Maroc Zerguini, Chabou et Bencherif, auxquels il confie la création et l'organisation des camps d'instruction. Le COM Est est attribué à Mohammedi Saïd, dit Sit Naceur, ancien chef de la wilaya 3. Ses adjoints sont Amouri et Benaouda, tandis que la Base de l'Est reste confiée à Amara dit Bouglez. Mais le COM Est ne parvient pas à unifier ses troupes. Après le bombardement de Sakiet Sidi Youcef, en février 1958, il lance des opérations de franchissement du barrage qui sont meurtrières : les deux tiers des katibas de la zone de Souk Ahras et une grande partie des mintakas 15 et 16 sont interceptées par les unités françaises de réserve et perdent 65 % de leurs moyens. Poursuivie jusqu'en mai, la bataille des frontières se traduit par un très grand nombre de tués (2.400 chouhada), 300 prisonniers, 3.000 armes individuelles et 350 armes collectives saisies. Ouamrane lance un cri d'alarme pour soutenir l'action de certains officiers qui veulent entraver la construction des barrages, mais les grands chefs de guerre à l'Est et à l'Ouest ne sont pas de cet avis et laissent faire. Le colonel Zerguini, pour sa part, a estimé que c'était une grave erreur tactique. Au Maroc, des pétitions circulent parmi les sous-officiers de l'ALN condamnant la direction arbitraire de Boussouf-Boumediene. A l'automne 1958, le colonel Lamouri et le commandant Lakhal, soutenus par le clan radical de la wilaya, sentent un putsch visant au renversement du GPRA. Ayant découvert le complot, les 3 B (Belkacem Krim, Boussouf, Bentobbal) font appel à Bourguiba qui fait encercler les insurgés par sa garde nationale. En novembre, un tribunal présidé par Boumediene prononce quatre condamnations à mort et la détention de nombreux officiers. Du 6 au 12 décembre 1958, quatre chefs de wilaya se réunissent — la wilaya V est absente et la wilaya II est présente sans participer — et font un bilan négatif de l'action du GPRA «jugé incapable de remplir sa mission de ravitailleur en armes». Ils décident, qu'«un des colonels devrait pénétrer en Tunisie, rassembler tous les contingents et lancer une offensive générale sur le barrage, tandis qu'un second colonel attaquerait simultanément de l'intérieur». La mort au combat d'Amirouche et Haoues le 28 mars 1959 fit échouer ce projet. Au début de 1959, Mohammedi Saïd est rejeté par la Base de l'Est, où il voulait s'installer. Le 21 mars 1959, Ali Hambli, avec ses 150 djounoud, se rallie au 3e Régiment des hussards (Français) et accuse les responsables politiques de vivre dans le luxe alors que les forceurs de barrage endurent les pires souffrances. Les chefs militaires, réunis pendant l'été 1959, refusent la présence du triumvirat Krim-Boussouf-Bentobbal et mettent Belkacem Krim en minorité. D'anciens officiers déserteurs de l'armée française complotent alors pour kidnapper trois colonels dont Boumediene. Pendant le même été, dans l'ALN de l'Est, l'insubordination se répand dans les bataillons, qui enregistrent cinq à six déserteurs par jour. Par compagnies entières, les soldats abandonnent leur casernement. L'édification de la ligne Challe 400 qui double le barrage principal crée un no man's land de 30 km, zone interdite où les djounoud ne trouvent ni relais ni refuge. La psychose des cadavres suspendus aux barbelés électrifiés amplifie la baisse du moral. Lors d'une visite à Ghardimaou à la fin de 1959. Krim Belkacem est hué aux cris de «Vive la paix». Le capitaine Boutella est rejeté par les cadres du 5e bataillon. A titre d'exemple, en novembre et décembre 1959, les opérations Didouche et Amirouche lancées par Krim Belkacem confirment l'imperméabilité des barrages ; sur 2.500 combattants engagés le long de la frontière, 800 atteignent le barrage et 150 seulement le franchissent. Diverses tactiques de franchissement ont en effet été expérimentées : les coupures du fil électrifié et les passages en un seul point étant détectés, on a essayé en avril 1958 de saturer la défense française en multipliant les points de passage. Ahmed Draïa propose en août d'effectuer de larges brèches au moyen d'armes lourdes et de bengalores, tactique qui échoue en septembre octobre 1958, mais qui est reprise avec de gros moyens en août 1959, lors des opérations Zirout, Didouche et Amirouche. Prenant la suite de Krim, Boumediene sait utiliser les compétences des anciens officiers déserteurs de l'armée française : Boutella, Zerguini, Hoffmann et Chabou. Ces officiers professionnels sont affectés au bureau technique de l'état-major général (EMG), d'autres sont en place à la direction de l'armement et dans les centres d'instruction, alors que Boumediene conserve comme adjoints directs ses fidèles : Mendjeli, Kaïd Ahmed et Azzedine. Accompagné de ses adjoints techniques, il inspecte en février-mars 1960 toutes les unités frontalières du nord au sud, désigne les commandants d'unité et fixe les dotations d'armement et de matériel. Témoignage de Zerguini : les ex-officiers français ne seront pas admis au CNRA, à l'exception de Bencherif, qui a déserté en 1957 en égorgeant les soldats français et musulmans placés sous ses ordres. «Lentement mais sûrement, l'ALN extérieure perd son caractère initial d'armée de partisans et évolue vers une armée classique. Composée de 23.000 hommes dont 8.000 au Maroc, elle dispose de tous les services : intendance, génie, sécurité militaire, transmissions, centre de transit et d'instruction, parc automobile, commissariat politique... La surveillance de la marine française empêche un approvisionnement en armes lourdes de l'ALN à la frontière algéro-marocaine. Aussi, les unités cantonnées à la frontière tunisienne sont l'objet de soins particuliers... Elles sont, avant l'heure, l'embryon de l'Etat futur et donneront à la future Armée nationale populaire (ANP) la quasi-totalité de ses chefs. A la frontière tunisienne, l'armée comprend 21 bataillons, 5 compagnies lourdes d'appui avec canons sans recul et 4 groupes autonomes de mortiers de 106 mm. A la fin de 1962, elle recevra des canons de 85 et 122 millimètres. Des centaines de combattants et d'officiers planqués dans les villes sont renvoyés aux frontières. Les officiers emprisonnés par l'ALN sont libérés et retrouvent leurs unités d'origine à la satisfaction de leurs soldats. «La discipline ne repose plus sur le libre consentement des combattants, mais sur la contrainte. Désormais les déserteurs seront punis de la peine de mort, au même titre que les homosexuels. La condition des combattants s'améliore, la stricte définition des rations alimentaires et le contrôle strict sur l'intendance met un terme au trafïc qui a enrichi plusieurs officiers. La gestion financière devient plus rigoureuse. En deux ans, l'état-major réalise de grandes économies.» L'analyse de l'encadrement à l'Est permet de distinguer quatre figures de combattant : les officiers issus du mouvement nationaliste, les chefs partisans, les militaires professionnels et les jeunes officiers formés dans les académies arabes. Pour terminer il nous faut dire que cela fait 50 ans, c'est-à-dire un demi-siècle, depuis que la guerre est finie. C'est bien beau de demander à la France de nous ouvrir les archives de la Guerre d'Algérie, mais il faudrait dire à l'Algérie qu'elle aussi doit ouvrir ses archives. Et quoi que nous puissions découvrir dans nos archives, rien ne pourra changer ou diminuer de la valeur de notre combat de libération et rien ni personne ne pourra diminuer du sacrifice de ceux qui nous ont fait la patrie. Allah yarham echouhada et vive l'Algérie, mon frère ! (Suite et fin)

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