Hydrocarbures : ALNAFT signe un mémorandum d'entente avec la société qatarie "Gulf Petroleum"    Yahia Benmabrouk, un parcours artistique singulier au service de la cause nationale et de la culture algérienne    Publication de nouveaux ouvrages didactiques pour soutenir l'apprentissage et l'enseignement de Tamazight    Le festival culturel national "Okadiate" de la poésie populaire, une récompense bien méritée pour les poètes en Algérie    Accidents de la circulation : 24 morts et 1516 blessés en une semaine    Ouverture des travaux de la Conférence internationale sur les paiements numériques en Algérie    Ghaza: le bilan de l'agression sioniste s'alourdit à 41.965 martyrs et 97.590 blessés    Rentrée professionnelle dans les wilayas du Centre: des formations adaptées aux besoins du marché de l'emploi    Ouverture de la conférence des femmes parlementaires à N'djamena avec la participation d'une délégation des deux chambres du Parlement    L'Algérie abrite novembre prochain le 4e Forum panafricain de la jeunesse    Le suivi personnel du Président de la République de la situation sanitaire dans les régions du Sud salué    L'Algérie et le Japon sont liés par des relations excellentes    Foot/Ligue des champions: le CRB débutera à domicile face à Orlando Pirates    Foot/Coupe de la Confédération: Le CS Constantine débutera contre le CS Sfaxien    La décision d'invalider deux accords commerciaux entre l'UE et le Maroc "marquera la jurisprudence" de la CJUE    La préparation du Togo débute aujourd'hui    OCHA exprime son inquiétude face aux répercussions de l'agression sioniste en cours à Ghaza    Le président de la République reçoit l'ambassadeur du Japon en Algérie    Le tirage au sort de la Coupe de la CAF Ligue des champions    Le Conseil des ministres s'est réuni, hier, sous la présidence du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.    Grand Prix International d'Ongola: Victoire de Oussama Abdallah Mimouni    Un besoin financier existentiel pour le complexe militaro-industriel américain    Les raisons de la dépréciation du dinar sur le marché parallèle et l'impact sur le processus inflationniste    Renforcement et amélioration de l'AEP    Situation épidémiologique en amélioration    Un jeune à bord d'une moto fauché mortellement par une voiture à Mansourah    Plus de 400 capsules de psychotropes saisies, quatre arrestations    Le premier hôtel Halal du Japon ouvre ses portes face au Mont Fuji    Le verdict de la CJUE constitue une «grande victoire» pour les Sahraouis    L'Iran soutiendra toute trêve qui serait acceptable pour le Liban    Les lauréats du concours national de récitation du Saint Coran honorés    Affaire Lassana Diarra-FIFA : «L'arrêt Diarra»    Plus de 60 films en compétition    Des interprètes amateurs du chaâbi animent un concert    Situation et mutations géopolitiques dans les zones d'intérêt commun examinées    La composition, l'organisation et le fonctionnement, fixés    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



BARRAGE �LECTRIFI� � LA FRONTI�RE ALG�RO-TUNISIENNE
Les maquisards face � la th�orie du �champ clos�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 02 - 2012


Par Mohamed Chebila, commandant de l�ALN
Les ind�pendances du Maroc et de la Tunisie vont permettre � la r�volution alg�rienne de disposer de bases ext�rieures pour approvisionner les Wilayas en armes et en �quipements militaires. Ce sera l�op�ration dite de �l�acheminement�, ainsi que l�a intitul�e le colonel Amara Bouglez, commandant de la Base de l�Est, de d�cembre 1956 � f�vrier 1958. La n�cessit� pour les Fran�ais de trouver une solution aux probl�mes militaires auxquels ils sont d�sormais confront�s sur le terrain, et dans l�impossibilit� de recourir, pour plusieurs consid�rations, au droit de poursuite d�une ALN accus�e d�attaquer puis de se r�fugier derri�re la fronti�re internationale, les conduit � opter pour l��dification de fortifications le long des fronti�res de l�Alg�rie, remettant au go�t du jour le phantasme co�teux de l�ing�nieur Maginot.
La th�orie du �champ clos� est tr�s vite d�fendue par les strat�ges de l��tat-major ennemi. Les barrages fortifi�s commencent � �tre �difi�s � partir de mai-juin 1957, le long de la fronti�re avec la Tunisie. Cet ouvrage qui tient son nom, dans sa version initiale, d�un de ses initiateurs, le ministre Andr� Morice, finira dans sa phase finale par rendre tr�s difficiles le passage et le d�ploiement des forces alg�riennes. Dans cette contribution, le commandant Mohamed Chebila, acteur de la guerre de Lib�ration nationale, �voque pour les lecteurs du Soir d�Alg�rie ce qu��tait en r�alit� cette ligne infernale, comment elle a �volu� dans le temps, ainsi que les parades que l�ALN a mis en �uvre pour tenter d�y faire face.
Lorsque la guerre d�Alg�rie �clate, les Fran�ais ne prennent pas tout de suite la juste mesure des �v�nements. Roger L�onard, gouverneur g�n�ral, et le commandant en chef des forces fran�aises pr�sentes en Alg�rie, le g�n�ral Cherri�re, pensent qu�il s�agit d�une de ces rebellions que l�ordre fran�ais a eu d�j� � affronter et qu�il a su m�ter rapidement par le recours � la force. Ils ignorent tout de la maturation du projet d�ex�cution des architectes de la r�volte. L�esquisse du 8 mai 1945 a d�finitivement convaincu ces derniers de la n�cessit� d�inscrire leur projet dans le long terme, en �vitant la concentration des moyens et les canevas qui ont fait la preuve de leur inanit�. L�envoi de renforts de CRS d�s le d�but de l�ann�e 1955 laisse appara�tre que les responsables en charge de la s�curit� de la colonie s�attendent � des d�bordements dans des cadres urbains. Seul l�Aur�s, o� les combats sont imm�diatement importants et �tendus gr�ce � l�excellente pr�paration de Mostefa Benboula�d, et au volontarisme de Abb�s Laghrour et de ses compagnons, est investi par les troupes d�un sp�cialiste en �affaires indig�nes�, le g�n�ral Parlange, qui multiplie les offres d��aman� en direction de �sidi� Abb�s. Les r�giments de troupes mercenaires, L�gion �trang�re, tabors marocains, transfuges indochinois et goumiers recrut�s localement ont fort � faire dans cette r�gion au relief tourment� et peupl�e de farouches montagnards. Cette approche folklorique des �v�nements due � une trop grande assurance de soi, � une m�connaissance crasse du sentiment profond des Alg�riens et aux contraintes du r�gime parlementaire de la IVe R�publique, permet au Front de lib�ration nationale d��tendre son entreprise et de l�asseoir durablement. La doctrine des �tats-majors fran�ais, partant de postulats archi-faux, g�n�re des solutions inefficaces. Le quadrillage, c'est-�-dire l�implantation horizontale de postes fixes, permettant une vue d�gag�e sur les lointains, inspir�e des fameux hameaux strat�giques vietnamiens, n�emp�che nullement les mouvements des formations de l�ALN. La mont�e en puissance du Front de lib�ration nationale qui a su rassembler sous sa banni�re les forces vives du peuple alg�rien permet � l�ALN d��tendre son action. Le constat que font les Fran�ais de la situation est d�courageant. Ils n�ont plus face � eux quelques groupes de �hll� hantant les djebels de l�Aur�s mais une innombrable arm�e de gu�rilleros pr�sents dans chaque asp�rit� du territoire alg�rien. Le congr�s de la Soummam r�uni � l�initiative de Larbi Ben Mhidi et de Abane Ramdane est le r�sultat d�une pr�occupation : encadrer la mobilisation des Alg�riens pour donner � l�ALN une autre vitalit� physique et fournir les armes � m�me de traduire l�engagement et l�abn�gation en succ�s militaires. Le directoire politique de la R�volution, repli� pour des raisons tactiques imp�rieuses sur la Tunisie, anim� par Belkacem Krim, Abane Ramdane, Abdelhafid Boussouf et Lakhdar Bentobal, r�ussira � faire de l�ann�e 1957 celle du grand bond en avant. Le colonel Amara Bouglez, commandant de la Base de l�Est, sera, apr�s les membres �minents du directoire supr�me issu du congr�s, l�homme de l�ann�e 1957. Les compagnies d�acheminement d�armes qu�il constitue et qu�il dirige vers les wilayas de l�int�rieur cr�eront une situation nouvelle pour les troupes ennemies. La nouvelle donne sur le terrain, marqu�e par un renouveau de pugnacit� des unit�s de l�ALN partout o� les armes leur sont parvenues, conduit � des changements au sommet de la hi�rarchie militaire fran�aise. Avec leur d�gagement d�Indochine et leur retrait de la Tunisie et du Maroc, les Fran�ais sont d�sormais en mesure de renforcer et de r�organiser leur machine de guerre. Les pi�ces ma�tresses de leur dispositif de combat, leurs atouts d�terminants sont les r�giments parachutistes de la l�gion �trang�re et de para-commandos, auxquels sont adjoints des �l�ments de secteurs et des moyens en aviation et en artillerie. Leur entra�nement, la nature de leurs armements (acquis � prix d�or aupr�s de l�alli� am�ricain ) et la rapidit� de leur intervention, gr�ce � l�utilisation de l�h�licopt�re, les d�signent � la mission de poursuivre, de fixer et de tenter de d�truire tout �l�ment hostile accroch�. Au d�but de l�ann�e 1958, la zone Est constantinois o� se joue le destin de la guerre dispose de 15 groupements mobiles, tels ceux des colonels Jeanpierre et Buchoud qui joueront un grand r�le dans la bataille, dite de �Souk-Ahras�. Parall�lement � ce d�ploiement de forces sans pr�c�dent, les �tats-majors planchent sur la probl�matique n�e du nouveau contexte g�opolitique r�gional. Comment venir � bout d�un mouvement ind�pendantiste soutenu par la population, disposant de groupes arm�s qui ressuscitent aussit�t qu�ils sont d�truits, et qui b�n�ficie, depuis l�acc�s � l�ind�pendance du Maroc et de la Tunisie, de bases pour l�entra�nement et l�approvisionnement ? Ils vont adapter leur strat�gie � la nouvelle donne. L�id�e d�une s�rie de fortifications �rig�es le long des fronti�res voit le jour.
La th�orie du champ clos
Le g�n�ral Hugues Silvestre de Sacy, chef du service historique de l�arm�e de l�air, �crit � ce sujet : �Les barrages vont devenir, � partir de leur cr�ation en 1957, une pi�ce ma�tresse du dispositif militaire en Alg�rie et un souci majeur de tous les commandants en chef.� Le g�n�ral Challe, sur la p�riode correspondant � son commandement des forces fran�aises en Alg�rie, fait �tat de cette pr�occupation de l��tanch�it� des fronti�res et rejoint sa directive n�3 du 18 d�cembre 1959, dans laquelle il affirme que le succ�s de la poursuite de son plan d�pendra de trois points principaux : �Conservation du secret, pr�paration des op�rations, mais surtout l��tanch�it� des fronti�res, � laquelle je veillerai personnellement et que je vous demande, chacun en ce qui le concerne, de consid�rer comme une t�che essentielle.� Et le g�n�ral de Sacy de conclure : �Tout le plan Challe a repos� sur cette id�e fondamentale de �champ clos� n�cessaire pour que se tarisse le ravitaillement de l�ALN.� Le barrage, dans sa version initiale, n��pousait pas le trac� de la fronti�re alg�ro-tunisienne, mais suivait une ligne continue d�El-Kala au nord jusqu�� N�grine au sud. La marge, quelquefois large de plusieurs dizaines de kilom�tres entre le barrage et la fronti�re, avait pour but de faciliter l�intensit� des feux de l�aviation et de l�artillerie sur les formations de l�ALN en mouvement vers l�ouest dans une zone vid�e de sa population. Le quotidien de cette population, accus�e de ravitailler l�ALN, �tait d�j� dans ces zones, avant qu�elles ne soient d�cr�t�es interdites, tr�s difficile. Les massacres et les incendies puis les d�portations dans des camps de �regroupement� o� elle est livr�e aux manipulations des officiers des SAS tyranniques et brutaux l�ont r�duite � une indescriptible mis�re. Le barrage a d�abord �tait une simple cl�ture d�alerte, plus ou moins difficile � franchir, puis � le besoin cr�ant l�organe � il deviendra, au gr�s de son renforcement, une zone d�arr�t, soit dans l�enchev�trement de ses obstacles soit dans ses proches environs. Ces obstacles �taient constitu�s par des r�seaux de barbel�s, des champs de mines anti-personnel et surtout par des fils �lectrifi�s superpos�s aliment�s, 10 km en amont et 10 km en aval, par des groupes �lectrog�nes mis en place sous des abris b�tonn�s. La configuration �tait la suivante : r�seau de barbel�s c�t� Tunisie, r�seau �lectrifi� central, r�seau de barbel� c�t� Alg�rie. Le r�seau �lectrifi� �tait pi�g� par des fils de fer barbel�s qui passaient entre les fils �lectriques pour rendre leur franchissement encore plus difficile. Les �lectrom�caniciens en charge de l�alimentation en �lectricit� �taient en liaison permanente avec les patrouilles blind�es. Les EBR (engins blind�s de reconnaissance), et les autres v�hicules tout-terrain (Dodge 6/6, Jeeps �Delahaye� et chars AMX13) courent sans cesse le long des abords imm�diats de la ligne, selon le principe de �la herse�. Les chars AMX finiront par �tre plus ou moins s�dentaris�s (emboss�s) dans des positions aptes � les rendre moins vuln�rables aux tirs des armes antichars que mettra en action l�ALN dans tr�s peu de temps. L�activit� motoris�e des d�fenseurs du barrage a �t� rendue possible gr�ce � d��normes travaux d�infrastructure r�alis�s par les sapeurs du g�nie, le travail forc� des Alg�riens et par des entreprises priv�es. La surveillance du barrage �tait assur�e par les diff�rentes articulations de l�arm�e fran�aise pr�sentes sur le terrain : arm�e de terre, aviation et artillerie. Voil� ce qu��crit, � ce sujet, un officier fran�ais, le lieutenant Jaques Vernet, charg� de la protection d�une portion du barrage en 1959-1960 : �A la tomb�e de la nuit, balayage de la portion de r�seau relevant du r�giment par un �l�ment blind�, puis mise en place des blind�s de surveillance sur des points pr�cis. Arriv�e et mise en place de la compagnie d�infanterie port�e. Veille radio permanente sur le Channel qui regroupe le bataillon, la compagnie, les �lectrom�caniciens et l�aviation. Tout le personnel est en alerte� Au lever du jour, balayage par la m�me patrouille sur la totalit� du secteur pour relever les indices� d�une tentative de franchissement.� Lorsque, au cours de la nuit, un passage est suspect�, l�artillerie coupl�e � un syst�me radar entre en action. Le syst�me atteindra un haut degr� de sophistication avec l�introduction de nouveaux mat�riels provenant essentiellement des unit�s des Forces fran�aises en Allemagne : le radar AN/MPQIO am�ricain et le COTAL fran�ais. Lorsque l�ALN sera dot�e de mortiers lourds, les Fran�ais emploieront des SDS DRMT�2A qui permettront de d�terminer l�origine exacte d�un tir gr�ce � la mise en �quation, par un calculateur �lectronique coupl� au radar, de la trajectoire de l�obus ennemi. C�est ce type de mat�riels qui entrera en action contre les CLZ (Compagnies lourdes zonales) et les bataillons de l�ALN qui op�rent � sa port�e. Dans ses m�moires de guerre, le futur g�n�ral-major Khaled Nezzar relate en ces termes comment l�unit� qu�il commandait en 1961 a �t� prise � partie par le couple radarscanons � la suite d�une attaque men�e par ses hommes : �Le dispositif fin pr�t, le jour J est arr�t� et l�heure H fix�e � une heure apr�s minuit� mise en place de nos pi�ces� je jette un coup d��il � ma montre. Il ne reste qu�un quart d�heure avant l�attaque� Le feu de mes propres canons et de mes mitrailleuses provoque en retour une vigoureuse riposte� Les obus de l�ennemi �clatent autour de nous.� Cette capacit� � s�adapter aux moyens sans cesse am�lior�s de l�ALN est le r�sultat d�une r�flexion permanente d�officiers d��tat-major disposant d�une formation et d�orientations claires de leur hi�rarchie qui les rendent aptes � remplir au mieux les missions attendues d�eux. Khaled Nezzar, qui a perdu cette nuit-l� des officiers de valeur, a �t� victime de canons �parallax�s� au radar. L�arriv�e des coups des hommes de Nezzar a �t� int�gr�e par les tables de tir en temps r�el et communiqu�e aux artilleurs. Lorsque l�unit� de l�ALN, durement malmen�e par la riposte d�croche, elle est poursuivie, pas � pas, par des obus de mortiers guid�s, sans doute, par les �chos r�percut�s par un deuxi�me radar de veille. Les moudjahidine ne devront leur salut qu�� la nature du terrain. (Je cite Khaled Nezzar parce que c�est un des rares moudjahidine qui, � ma connaissance, a relat� en d�tail son exp�rience du barrage fortifi�). Toujours selon le brigadier-chef Philippe Alix, : �D�s le troisi�me trimestre de 1957, six postes radars-canons sont op�rationnels. Au d�but de l�ann�e 1958, leur nombre est port� � neuf et des sections de radars mobiles leur sont adjointes en 1960.� L��dification de ces postes s�est accompagn�e de travaux d�infrastructure importants, pistes, routes et ouvrages d�art pour acheminer les mat�riaux et le ravitaillement et pour assurer, en permanence, l��volution du syst�me en fonction de l�adaptation de l�ALN � ce dernier. Le dispositif ennemi destin� � contrer les attaques des unit�s de l�ALN dans la r�gion d�El-Kala est un exemple parfait de ce qui �tait install� tout le long du barrage. Il d�montre que la vigilance �tait permanente. Ecoutons ce qu�en dit le capitaine Philipe Fouquet- Lapar, longtemps en charge de la surveillance et de la protection du barrage dans la r�gion de Souk Ahras-El Kala : ��Nous constituons une r�serve d�attaque. De nuit, des d�tachements constitu�s d�une section et d�une patrouille d�automitrailleuses sont mis place � proximit� des diff�rents postes tenus par les chasseurs alpins. De jour, des reconnaissances de compagnies ont lieu p�riodiquement� elles ont pour but d�interdire toute installation de l�ALN�� L�arm�e de l�air fran�aise a �t� mise tr�s fortement � contribution, en exploitant toutes ses possibilit�s, pour rendre le franchissement du barrage p�rilleux. La reconnaissance a�rienne pour v�rifier l��tat physique de l�obstacle et de d�celer d��ventuelles traces de franchissement et l�appui feu. Elle a align� de nombreuses escadrilles d�avions l�gers d�appui (EALA), �quip�es des redoutables T6 ou T28, des h�licopt�res Pirate, des MistralF47 Thunderbolt et AD4 Skyraiders. Gr�ce � ses moyens particuliers, l�arm�e de l�air fran�aise a �tendu ses missions au-del� de l�espace a�rien alg�rien, le plus loin possible, pour emp�cher le ravitaillement de l�ALN par voie maritime ou a�rienne. Les B2 interviennent en mission lucioles d��clairage du champ de bataille, ou en mission de bombardement. Les concentrations de l�ALN, destin�es � d�truire des portions du barrage pour permettre le passage vers l�Alg�rie, sont surtout contr�es par des forces terrestres o� l��l�ment blind� domine. Les chars AMX 13 et les automitrailleuses rapides et silencieuses sont les pi�ces-ma�tresses du dispositif. La concentration de l�implantation des forces ennemies, sur une petite portion du barrage, � la hauteur de la ville de Souk-Ahras, donne un aper�u quant � la densit� et � la profondeur du dispositif. Pas moins de treize implantations de la sortie est de Souk-Ahras � la petite ville de Taoura (Gambetta) ! La r�action de l�ALN a connu trois grandes phases. La premi�re est marqu�e par une course effr�n�e pour prendre de vitesse les constructeurs du barrage et introduire le maximum d�armes en Alg�rie. Elle durera de f�vrier 1957 � mai 1958, jusqu�� la conclusion d�sastreuse pour le COM, de la grande bataille de Souk-Ahras men�e par le quatri�me bataillon de la Base de l�est, renforc� par des forces des Wilayas I, II et III. Le danger de la r�alisation d�un rideau de fer destin� � isoler le champ de bataille alg�rien pour mieux venir � bout de l�ALN est relativement occult� en 1957 et 1958 par les �v�nements qui mettaient la Tunisie alg�rienne en effervescence. La deuxi�me phase est celle du volontarisme sanglant du COM, dont le chef, int�griste du sacrifice supr�me, refuse d�admettre les r�alit�s nouvelles du terrain et contraint les moudjahidine � affronter les fortifications fran�aises
sans moyens cons�quents pour en venir � bout. Il faut souligner, pour rendre hommage aux sacrifices des hommes de l�ALN qui se sont attaqu�s aux d�fenses du barrage pendant cette p�riode qui va d�avril I958 � janvier I960, date du d�but de la prise de fonction effective de Houari Boumediene, que l�activisme du COM a contraint le g�n�ral Challe a ordonner le doublement du barrage fortifi� pour faire face � la pression constance de l�ALN. C�est pendant cette p�riode que des passages r�ussis de la ligne ont �t� effectu�s par de grands responsables de l�ALN (Tahar Zbiri, Ali Soua�, Ali Kafi, Hadj Lakhdar Abid et de tant d�autres). Pendant cette p�riode, les franchissements �taient effectu�s par des unit�s de l�ALN tr�s entra�n�es pour des passages �clairs, effectu�s apr�s une approche prudente et �un arr�t sur image� destin� � donner de meilleures chances � l�ultime bon en avant. Les moyens utilis�s sont la toute simple cisaille coupante, qui avait le d�savantage d�alerter les �lectrom�caniciens et de d�clencher les tirs de l�artillerie et des op�rations de recherche, puis, l�exp�rience aidant, le cisaillement sera fait de telle sorte � ne pas provoquer l�interruption du courant par la mise en place judicieuse de d�rivations. Les barbel�s �taient d�truits par des explosifs charg�s � compression dans des tuyaux m�talliques de diam�tre 50 mm environ, appel�s �bangalore�, l�explosion venait � bout, en m�me temps, des mines antipersonnel dont les glacis avant et arri�re �taient truff�s. Quelques fois, la coupure de la ligne �lectrifi�e �tait faite � dessein �grossi�rement� dans le but d�attirer sous le feu de nos armes antichars les blind�s de �la herse�. Lorsque l�h�catombe des v�hicules ennemis deviendra insupportable, l�arm�e fran�aise restructurera son dispositif pour agir de pr�f�rence par le couple radarscanons pour �viter de d�placer, et donc d�exposer, ses pions. Les canons mis en couple avec les radars sont le 105 TF, le 105 mod�le 36 et le 155 GUN. Les canons et les radars sont coupl�s en fonction de leur port�e voisine. Le 16 mai 1958, nous �tions une petite unit� tentant de franchir la ligne pour �valuer �in vivo� ses hauts et ses bas. L�approche de l�obstacle a commenc� � 17h dans le but d�atteindre ses premi�res d�fenses juste apr�s la tomb�e de la nuit. Nous avons abord� le champ de mines avec pr�caution. La progression est lente. Nous avan�ons � la queue leu leu, ploy�s en deux. Le premier �de cord�e� auscultait soigneusement le sol � l�aide d�une ba�onnette. Il mettait le pied l� o� l�instrument ne rencontrait aucune r�sistance. Nous suivons derri�re, en positionnant le pied exactement sur l�empreinte du sien. M�tre apr�s m�tre, nous atteignons, tout en coupant les barbel�s, les fils sous tension. Arriv�s au contact, nous creusons un boyau sous la ligne afin de ne pas alerter l�ennemi. Trois des n�tres sont d�j� de l�autre cot�, lorsque le quatri�me, Moussa Khadraoui (dit Guerroum) au lieu de continuer � ramper au plus pr�s du sol, l�ve brusquement la t�te. Il heurte, du visage, le fil le plus bas. Il reste coll� au c�ble. J�ai la pr�sence d�esprit d�appuyer, avec la pelle que j�ai encore � la main, sur ses �paules. Je parviens � le lib�rer de l�emprise mortelle. Nous le tirons vers l�arri�re. Moussa est devenu bleu. Pendant que j�intime l�ordre � ceux qui sont d�j� pass�s de continuer plus avant, j�essaie de r�animer Moussa. J�arrive � lui faire desserrer les m�choires en ins�rant la pointe de mon poignard entre ses dents. Est-ce qu�on peut survivre � trois mille volts ? Oui quand on est sedratien. En tous cas, c�est l�explication que Moussa donnera en se r�veillant. L�immortel Sedratien gardera pour le restant de ses jours une profonde cicatrice en travers du visage. En nous affairant autour du bless�, nous avions oubli� le champ de mines. Nous avons sans doute eu la baraka. Je rapporte cette exp�rience pour d�crire les difficult�s que rencontraient les moudjahidine face � la ligne Morice. La troisi�me p�riode commence avec la prise en main de la situation par l�EMG, compos� de Houari Boumediene, Ali Menjeli, Slimane-Ahmed Ka�d et Azzedine Zerrari. Le r�alisme intelligent des responsables de l�EMG, � leur t�te Houari Boumediene, inaugure l��re de la r�flexion, de la pr�paration patiente, de la mise en �uvre de moyens mat�riels cons�quents, et de la d�signation aux postes de commandement des unit�s de combat de grands professionnels, tels les jeunes Alg�riens qui ont d�sert� l�arm�e fran�aise pour servir leur pays, Khaled Nezzar, chef du 25e bataillon, Selim Sa�di, Abdelmalek Gu�na�zia, Abdennour Beka, Slimane Hoffman, Abdelkader Chabou, Mohamed Boutella, etc., ou des v�t�rans de l�ALN de grande exp�rience � l�image de Abderrazak Bouhara, 33e bataillon, Bouhadja Ali, 24e, Ch�rif Braktia 19e, Mohamed Salah Bechichi 27e. Ahmed Terkhouche 11e, Mohamed Attailia 15e, Dib Makhlouf 17e, etc. Cette troisi�me phase est celle de la guerre d�usure qui finira par miner la volont� de l�ennemi. L�EMG, lorsque les moyens lui seront fournis, sera en mesure de lancer des offensives d�envergure sur le barrage sur des fronts �tir�s sur plus de 100 kilom�tres. C�est le cas dans les nuits du 27 au 30 novembre, du 19 au 20 d�cembre et du 21 au 23 janvier 1961 en mettant en �uvre des mitrailleuses de 12/7, des mortiers de 81, et des canons sans recul. Les hommes de l�ALN, malgr� le d�luge de feu qui s�abat sur eux, d�truisent de grandes portions du barrage (de un � trois kilom�tres). La construction du barrage fortifi�, d�s l�implantation des premiers piquets, n�a jamais laiss� indiff�rent les responsables de la Base de l�Est ou ceux de la Wilaya I. Amara Bouglez a multipli� les tourn�es � l�int�rieur et les envois de missions d��tudes et d��valuation. J�ai eu l�honneur de commander personnellement une de ces missions compos�es d�officiers de la Base de l�Est et de la Wilaya I. Les barrages fortifi�s continueront � �tre am�lior�s sans arr�t jusqu'� la veille du cessez-le-feu. Ils �taient maintenus au maximum de leurs possibilit�s pour emp�cher l�ALN stationn�e c�t� Tunisie de rentrer en Alg�rie en cas de rupture des n�gociations et surtout pour continuer � tarir la source des armes. Il y a lieu de dire que l�arm�e dite �des fronti�res� n�a jamais con�u son r�le comme celui d�une garde pr�torienne de Houari Boumediene pour lui permettre de conqu�rir le pouvoir, mais comme une partie indissociable de l�ALN. La cat�gorisation des moudjahidine qui ont lutt� sous la direction directe de l�EMG en �planqu�s� des fronti�res est une atteinte � la m�moire des milliers de chouhada, tomb�s face � l�ennemi. Je me souviens que quelques jours avant la proclamation du cessez-le-feu du I9 mars 1962, les bataillons de l�ALN menaient encore des op�rations offensives. Des centaines de moudjahidine tomberont encore une semaine avant le silence d�finitif des armes. Leurs compagnons ne les ont jamais oubli�s. Je voudrai, parce que j�ai �t� t�moin pendant des ann�es des grandes souffrances de notre peuple, dire, au nom de beaucoup de mes compagnons, que l�exigence de repentance que formulent de temps en temps certains, et peu importe de ce que pourrait �tre leur r�action � la lecture de ce que j��cris ici, que les moudjahidine n�ont que faire de la repentance de l�Etat fran�ais. Que ceux � qui l�ind�pendance de l�Alg�rie est rest�e en travers de la gorge gardent leur hypocrite repentance. Nous ne sommes pas concern�s par leurs psychodrames, nous ne sommes pas concern�s par leur nostalgie de l�Alg�rie de papa, ni par leurs comm�morations folkloriques ni par leurs envol�es �namour�es en direction de leurs Fran�ais musulmans � la poitrine charg�e de ferrailles puant la paille br�l�e des mechtas incendi�es. Contentons-nous de veiller sur notre m�moire. Demandons � ce que les plaques fix�es au coin de nos rues, par des �diles press�s, ne soient plus orphelines. Au fait, petit fr�re �g� de vingt ans, qui sont donc Sebti Bouma�raf, Ab�s Laghrour ou Abderrahmane Oumira ?


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.