C'est parce qu'elles ont révolutionné le monde artistique que l'auteur Djamila Guendil Flici leur a consacré un beau livre de haute facture intitulé Pictural au féminin. Publié par les éditions Casbah, Pictural au féminin est un livre qui rend un vibrant hommage à onze artistes algériennes dont deux sont décédées. Dans la préface, Djamila Guendil Flici rappelle que ces artistes peintres sont «pionnières ou héritières de traditions ancestrales, militantes de première heure ou activistes dans les années 2000, autodidactes ou formées à l'Ecole des beaux-arts : c'est un florilège de onze artistes algériennes qui se donnent à découvrir». A travers la publication de ce beau livre, l'auteur s'inscrit dans la continuité de son dictionnaire intitulé Diwan El Fen. Cette spécialiste du monde des arts plastiques est allée au- delà des choses. Elle a voulu savoir ce qui se cachait derrière ces femmes de talent. «Le parcours d'une femme est plus difficile qu'un homme. Les pionnières ont eu un parcours plus difficile que les générations qui ont suivi. Elles ont eu affaire à des mentalités parfois sclérosées. Au bout de leurs pinceaux, elles ont raconté des émotions et un vécu. Chaque artiste a un style différent. Elles ont eu des destins fabuleux et particuliers à la fois. Durant la colonisation, Djamila Bent Mohammed a été emprisonnée par l'armée française pour cause d'engagement politique», explique-t-elle. Djamila Guendil Flici a retracé le parcours de ces femmes de l'art qui ont tant brillé. Parmi ces dernières, citons entre autres Baya Mahieddine, Souhila Belbahar, Latifa Boulfoul, Djahida Houhadef et Meriem Ait El Hara. Dans ce beau livre à la maquette des plus attrayantes et aux belles photos, le lecteur redécouvrira avec un réel plaisir la première génération dont les regrettées Baya Mahieddine ou Aïcha Haddad et les plus jeunes telles que Meriem Aït El Hara, Djahida Houadef ou encore Habiba Bensekhar, Djamila Flici Guendil. L'auteur n'omet pas d'indiquer qu'elle a tenté d'inscrire «l'épopée de ces conteuses du beau» dans la lignée des «aïeules réputées depuis des siècles pour leurs œuvres d'artisanat traditionnel et ce, en se référant aux peintures rupestres du Tassili N'Ajjer à Illizi. La redondance des thèmes en relation avec le patrimoine est perçue par Djamila Flici Guendil comme «un legs culturel, riche et ancien, qui leur permettra de reprendre le flambeau des mains de leurs mères et de poursuivre le chemin, parfois semé d'embûches, de la créativité et de la connaissance». L'auteur insiste également dans son ouvrage sur la quête spirituelle propre à chaque artiste en revenant sur les moments de doute et de solitude qu'elles ont vécu durant la décennie noire. Preuve en est avec Meriem Aït El Hara, «une aventurière de l'art pur et dur» qui a opté pour des installations artistiques déroutantes et démentielles à la fois. Cette dernière a interrompu ses études après l'assassinat, en 1994, du directeur de l'Ecole des beaux-arts, Ahmed Asselah, et de son fils Rabah, étudiant dans le même établissement. Il est à noter que Pictural au féminin est à feuilleter avec beaucoup d'intérêt de par les textes riches, les portraits parlants des artistes peintres, le tout agrémenté de très belles œuvres. Djamila Guendil Flici, Pictural au féminin, éditions Casbah, mars 2013, Prix public : 3 000 DA