Cinq ans depuis sa mise en œuvre, le schéma directeur d'aménagement touristique (Sdat) est à l'heure de l'évaluation et de mise à niveau. En effet, «Agir ensemble pour atteindre la performance» est le thème retenu pour les 2es assises nationales du tourisme qui se tiennent depuis hier au Palais des nations, à Alger, où les participants doivent rendre compte au président de la République sur ce qu'a pu réaliser ce schéma et ce qu'il a raté pendant cinq années d'existence et la mobilisation de moyens colossaux au profit de ses programmes. Dans un message adressé aux participants à l'ouverture des travaux de deux jours, Abdelaziz Bouteflika instruit les différents acteurs dans le secteur sur la nécessité d'être réalistes et objectifs dans leur diagnostic et de débattre sérieusement les chemins à prendre pour joindre le tourisme aux secteurs de l'industrie et de l'agriculture censés garantir un développement économique hors hydrocarbures durable. Lue par Mohamed Boughazi, la lettre du Président a rappelé les potentialités touristiques naturelles du pays, mais «ces potentialités et la beauté naturelle des régions du pays ne suffisent pas à promouvoir le tourisme sans une politique adéquate et des efforts consentis par l'Etat et les différents acteurs des secteurs public et privé pour sa bonne exploitation», a-t- insisté, appelant à plus de réalisme et d'objectivité dans l'évaluation et la révision du Sdat. L'objectif est, en effet, de transformer lesdites richesses et potentialités d'un produit à l'état brut à de réels produits touristiques pour la promotion de la destination Algérie dans le monde du tourisme, le développement des pôles d'excellence du tourisme, la mise en œuvre du plan de qualité tourisme et le renforcement de la coopération entre les différents secteurs liés au tourisme. Pour sa part, Mohamed Benmeradi, le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, a positionné l'Algérie dans un contexte prometteur, exigeant de faire face à un ensemble de défis, versant dans le développement d'une offre touristique performante pour séduire et convaincre d'une part les ressortissants nationaux à l'étranger de choisir leur pays d'origine comme destination touristique et d'amener, d'autre part, des touristes de par le monde à opter pour cette même destination. Pour ce faire, Benmeradi estime que seule la concertation entre les différents acteurs du secteur constitue un gage de performance. En positionnant le tourisme domestique comme une priorité, le ministre a affirmé que «d'autres combats sont d'égale importance dont celui de la qualité, de l'attractivité et de l'investissement». Le premier responsable du secteur a, par ailleurs, relevé des situations indésirables à revoir et traiter, dont le retard flagrant dans la mise en place et l'adoption des programmes d'aménagement touristique et des programmes d'orientation d'aménagement touristique des wilayas, à savoir que 85% des programmes touristiques en cours de réalisation se trouvent en dehors des régions d'extension touristique et 98% de la superficie immobilière se trouvant dans ces régions n'est pas exploitée. Il s'agit, également, de revoir les mécanismes d'accompagnement et de financement des investissements, l'allègement des procédures administratives et l'amélioration de la formation en nombre d'écoles et en qualité de formation ainsi que la réorientation de l'activité des agences de tourisme et de voyages vers le tourisme réceptif. OMT : «Diversifier l'économie en jouant la carte du tourisme» Représentant le secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), le directeur régional du programme Afrique, Ousmane Ndiaye, a affirmé que l'objectif de travailler avec l'Algérie est de «l'aider à diversifier son économie en jouant pleinement la carte du tourisme, option qui est la sienne», a-t-il dit. Et d'expliquer que l'OMT veut apporter son expertise à la portée de ce pays «pour promouvoir un tourisme respectueux de l'environnement qui doit être le substrat sur lequel il doit se développer». Le représentant de l'OMT a, par ailleurs, cité un ensemble de défis à relever pour développer le tourisme en Afrique. Il s'agit, entre autres, d'assurer une meilleure connexion notamment en matière de transport aérien où les tarifs sont prohibitifs et les dessertes vers les destinations demeurent insuffisantes, le développement du niveau encore faible de l'investissement et de la formation et le renforcement des partenariats public-privé. Pour ce qui est des prévisions de l'OMT pour le tourisme africain, l'intervenant a indiqué que le continent s'attend à recevoir en 2020 quelque 85 millions de touristes internationaux et 134 millions à l'horizon 2030. «La part de l'Afrique dans le tourisme mondial qui est actuellement de 5% passera à 6,3% en 2020 et à 7,4% en 2030», a estimé le directeur régional de l'OMT.