La confirmation, aujourd'hui, de l'assassinat des moines de Tibhirine par les criminels islamistes du GIA est pour nous un «non-événement». Néanmoins, les aveux des terroristes rapportés par l'hebdomadaire français Marianne est une «gifle» pour les inventeurs du «qui tue qui» et de ceux qui voulaient à tout pris impliquer les vaillantes forces de sécurité algériennes dans ce crime. Ces témoignages nous rappellent les années 1990 durant lesquelles les citoyens algériens se font égorger par milliers par les hordes sauvages islamistes. Sans aucune aide des «frères» des voisins ou des amis, les citoyens se sont mis derrière les forces de sécurité et ont affronté les groupes armés. Non seulement personne n'est venue au secours du peuple algérien mais des voix se sont élevées ici et là pour induire l'opinion publique en erreur. Ne s'arrêtant pas là, les ennemis de l'Algérie ont créé la fameuse phrase «qui tue qui ?» tout en offrant des armes, des munitions et des fonds aux groupes terroristes. Si le terrorisme a été vaincu c'est grâce aux sacrifices des forces de sécurité et du peuple algérien, sauvant le pays et la République. C'est pour ces raisons que les aveux des terroristes sur l'assassinat des malheureux moines sont pour nous un «non-événement». Connaissant parfaitement la cruauté des fanatiques islamistes, nous savions, dès le premier jour de leur enlèvement, qu'ils allaient être assassinés. Comme d'habitude, les ennemis de l'Algérie ont saisi cette occasion pour tenter de souiller l'image de l'armée algérienne, le dernier pilier sur lequel se posait le pays et la République. L'hebdomadaire français s'est appuyé sur un documentaire qui sera diffusé le 23 mai sur la chaîne française France 3. Marianne a consacré sa rubrique «Evènement» à cette tragédie d'il y a dix-sept ans, sous le titre : «La vérité sur l'assassinat des moines de Tibhirine», signé par Martine Gozlan qui considère que cette vérité est «une vieille bataille, un autre maquis». Marianne rappelle alors que les terroristes du GIA ont pourtant revendiqué le crime dans le communiqué 44 de leur bulletin Al-Ansar, mais que «néanmoins, pour dédouaner l'islamisme de sa barbarie, certains ont imputé l'assassinat à une bavure de l'armée algérienne ou à une machination des services secrets». «C'est dans les journaux, voire devant les tribunaux, qu'on s'est affrontés. Marianne aussi s'est retrouvé dans les prétoires pour rappeler les faits, les forfaits, la sauvagerie du GIA», soutient l'hebdomadaire qui «ne doute pas» que, cette fois encore, «dix-sept ans après les meurtres, la polémique va faire rage» et que «cette fois plus que jamais, l'idéologie, qui décrète coupable par nature l'armée et le pouvoir algérien, voudra ferrailler contre la force et la vérité du témoignage». Marianne, qui a suivi étape par étape la réalisation de ce document filmé, qualifié d'«exceptionnel», affirme qu'il a fallu des années de patience, de rigueur mais aussi de passion pour les réalisateurs Malik Aït Aoudia et Séverine Labat pour retrouver les témoins directs dans cette affaire, qui a fait couler un fleuve d'encre et apporter des preuves irréfutables sur l'implication des terroristes du GIA dans l'assassinat des moines de Tibhirine. L'hebdomadaire publie ainsi des extraits de témoignages saisissants de ces terroristes, dont celui de Hassan Hattab, ancien membre du GIA et fondateur du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) qui affirme que Djamel Zitouni, son rival parmi la chefferie du maquis terroriste, l'a appelé pour lui dire : «Je t'informe que j'ai tué les moines ce matin.» Il rapporte également les aveux d'Abou Imen, dernier geôlier des moines assassinés, qui a assisté à leur décapitation et qui dit, sans état d'âme, «on n'a pas tiré une seule balle. Ils ont tous été égorgés au couteau. L'un d'eux (terroriste) m'a dit : Tiens, égorges-le. J'étais pétrifié. Il m'a poussé et l'a égorgé.» Abou Mohamed, émir du GIA, affirme quant à lui que «Zitouni a pris la décision de se débarrasser des moines. Il n'était pas facile de prendre leur corps en entier, alors, ils les ont décapités», ajoutant, qu'«ils ont enterré les corps dans les montagnes de Bouguara. Et moi, j'ai emmené les têtes dans une voiture pour les jeter sur la route». L'hebdomadaire révèle également que l'enlèvement des moines devait permettre au GIA, qui réclamait en échange la libération d'Abdelhak Layada, de se faire reconnaître comme interlocuteur par la France, estimant que «ce que prouve ce film, c'est que l'égo des politiques français, les imbroglios et les rivalités au cœur de l'ambassade de France à Alger ont joué leur rôle dans ce drame». Les sept moines français de Tibhirine avaient refusé de quitter le monastère de Notre-Dame-de-l'Atlas, malgré les menaces du GIA qui promettait de tuer tout étranger non musulman resté sur le sol algérien. Ils restaient fidèles aux villageois, au monastère et à la coopérative agricole qu'ils avaient créée. Cité par Marianne, le réalisateur et journaliste algérien Malik Aït Aoudia, correspondant de l'hebdomadaire en Algérie et co-auteur du film, a déclaré avoir voulu «rendre hommage à ces hommes qui aimaient mon pays et ne l'avaient pas abandonné malgré le fleuve de sang et la solitude». «Ma part à moi, c'est de faire toute la vérité sur leur martyre», a résumé ce journaliste qui est déjà aussi l'auteur, avec Séverine Labat, du documentaire Autopsie d'une tragédie, sorti en 2003.