Témoignage - L'hebdomadaire français a publié dans son dernier numéro les témoignages exclusifs d'anciens terroristes du GIA qui confirment leur implication directe dans l'assassinat le 21 mai 1996, des sept moines français de Tibhirine (Médéa). S'appuyant sur un documentaire qui sera diffusé le 23 mai sur la chaîne française France 3, l'hebdomadaire a consacré sa rubrique «Evénement» à cette tragédie d'il y a dix-sept ans, sous le titre «La vérité sur l'assassinat des moines de Tibhirine», signé par Martine Gozlan qui considère que cette vérité est «une vieille bataille, un autre maquis». L'hebdomadaire publie ainsi des extraits de témoignages saisissants de ces terroristes, dont celui de Hassan Hattab, ancien membre du GIA et fondateur du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) qui affirme que Djamel Zitouni, son rival parmi la chefferie du maquis terroriste, l'a appelé pour lui dire : «Je t'informe que j'ai tué les moines ce matin.» Il rapporte également les aveux d'Abou Imen, dernier geôlier des moines assassinés, qui a assisté à leur décapitation et qui dit, sans état d'âme, «on n'a pas tiré une seule balle. Ils ont tous été égorgés au couteau. L'un d'eux (terroriste) m'a dit ‘'Tiens, égorge''. J'étais pétrifié. Il m'a poussé et l'a égorgé». Abou Mohamed, émir du GIA, affirme, quant à lui, que «Zitouni a pris la décision de se débarrasser des moines. Il n'était pas facile de prendre leur corps en entier, alors, ils les ont décapités», ajoutant, qu'«ils ont enterré les corps dans les montagnes de Bougara. Et moi, j'ai emmené les têtes dans une voiture pour les jeter sur la route». Marianne rappelle alors que les terroristes du GIA ont pourtant revendiqué le crime dans le communiqué 44 de leur bulletin «Al-Ansar», mais que «néanmoins, pour dédouaner l'islamisme de sa barbarie, certains ont imputé l'assassinat à une bavure de l'armée algérienne ou à une machination des services secrets». «C'est dans les journaux, voire devant les tribunaux qu'on s'est affronté. Marianne aussi s'est retrouvé dans les prétoires pour rappeler les faits, les forfaits, la sauvagerie du GIA», soutient l'hebdomadaire qui «ne doute pas» que, cette fois encore, «dix-sept ans après les meurtres, la polémique va faire rage» et que «cette fois plus que jamais, l'idéologie, celle qui décrète coupable par nature l'armée et le pouvoir algérien, voudra ferrailler contre la force et la vérité du témoignage». Marianne, qui a suivi étape par étape la réalisation de ce document filmé, qualifié d'«exceptionnel», affirme qu'il a fallu des années de patience, de rigueur mais aussi de passion pour les réalisateurs Malik Aït Aoudia et Séverine Labat pour retrouver les témoins directs dans cette affaire, qui a fait couler un fleuve d'encre et apporter des preuves irréfutables sur l'implication des terroristes du GIA dans l'assassinat des moines de Tibhirine.