Comment se fait-il qu'au moment où la rue turque réclame le départ de ce chef de gouvernement, cheikh Erdogan trouve le moyen de faire du tourisme au Maghreb ? Pour y faire des affaires? Soit. Pourtant, le roi du Maroc n'a pas voulu le recevoir, contrairement à ses amis Frères musulmans dirigés par le laquais Benkirane. Même s'il a fait une déclaration fracassante contre le peuple sahraoui et son légitime représentant, le Front Polisario - propos qui auraient dû plaire à Mohammed VI -, sa visite au Maroc s'avère un fiasco, le roi l'ayant dédaigné. Comme nous sommes loin de l'époque où Tayyip Erdogan, tel un enchanteur, usait de sa magie pour influencer les conféries des Frères musulmans sous la bienveillance de l'empire US et de son bras armé au Moyen Orient, Israël. Que n'avons-nous pas entendu comme chiffres mirobolants concernant la croissance, la bonne gouvernance, au point où la Turquie est devenue la tête de pont de ce maudit enfer arabe, surnommé «printemps». Toutes les confréries des Frères musulmans n'hésitaient pas à nous exhiber le modèle AKP des grands cheikh et imam Erdogan et Gül tout en rêvant du nouveau califat. Aujourd'hui, la placeTaksim vient perturber la grande manigance et les calculs retors des Occidentaux qui ont vendu leur âme au diable en pactisant avec les islamistes, croyant acheter un simulacre de paix dans un enfer semblable à celui de Dante. Nous assistons en ce moment à un véritable opéra tragique dont le héros maudit n'est autre que le cheikh Erdogan qui, d'après nos échos, sera le futur sacrifié de son propre parti, tel le mouton de l'Aïd. C'est la condition sine qua non afin que l'AKP puisse continuer à gérer la Turquie face à la mobilisation populaire sans précédent, imprévisible et spontanée, et n'ayant pas été préparée cette fois dans les laboratoires d'Otpor et de la CIA, marquant un tournant décisif contre les alliés de l'Occident et d'Israël ainsi que les islamistes, esclaves incontestés de l'Otan. Alors que l'Occident nous faisait croire que les islamistes savaient mettre de l'eau dans leur vin, Erdogan a voulu interdire la bière et autres boissons alcoolisées dans un pays qui aspire à adhérer à la Communauté européenne et qui est membre de l'Otan. Ce n'est certes pas la seule lacune de la gestion islamiste catastrophique en Turquie, car beaucoup d'experts en économie nous révèlent que nous sommes loin des chiffres officiels par rapport à la croissance et que bientôt la Turquie sera confrontée à une crise semblable à celle dans laquelle agonise la Grèce. Comment se fait-il qu'au moment où la rue turque réclame le départ de ce chef de gouvernement, cheikh Erdogan trouve le moyen de faire du tourisme au Maghreb ? Pour y faire des affaires? Soit. Pourtant, le roi du Maroc n'a pas voulu le recevoir, contrairement à ses amis Frères musulmans dirigés par le laquais Benkirane. Même s'il a fait une déclaration fracassante contre le peuple sahraoui et son légitime représentant, le Front Polisario - propos qui auraient dû plaire à Mohammed VI -, sa visite au Maroc s'avère un fiasco, le roi l'ayant dédaigné. Il se retrouve quelques heures plus tard à Alger afin, dit-il, de promouvoir de bonnes relations économiques entre nos deux pays, alors que nos positions sur la question du Sahara occidental et sur le dossier syrien sont diamétralement opposées. Sa déclaration au sujet du Sahara occidental et son alignement sur la politique belliciste de l'Otan ont torpillé sa visite à Alger. Je ne vois pas pourquoi un monsieur ayant appris, comme tous les Frères musulmans, une gymnastique politique consistant à sauter d'un fil à un autre et qui mériterait un emploi d'équilibriste dans un cirque, se pointe à Alger tout en insistant sur le caractère stratégique unissant nos deux pays. Serait-il atteint de schizophrénie au point d'oublier ce qu'il a dit à Rabat quelques heures auparavant alors que le sang coule dans son propre pays ? Cette visite revêt un caractère stratégique primordial pour tous les mouvements des Frères musulmans issus du grand complot dudit «printemps arabe» et l'on sent qu'il y a chez Erdogan un désir de rassurer les pays soumis à la botte des islamistes à commencer par le Maroc, et d'encourager les mouvements des Frères dans les pays où ils ont des difficultés à mobiliser comme en Algérie, surtout à la veille d'une élection présidentielle qui est un enjeu majeur pour la nation algérienne. Certes, Erdogan veut signer des contrats pour son pays, mais derrière cela, il y a toute une stratégie qui ressemble à celle de ses alliés qataris consistant à intégrer un pays pour ensuite le dominer en plusieurs étapes. Le volet économique est l'une de ces étapes. Voilà la raison pour laquelle il n'a pas voulu reporter son voyage alors que n'importe quel chef de gouvernement, voyant son pays en ébullition, se comporterait en responsable en faisant face à la situation au lieu de pratiquer la fuite en avant, même si les raisons sont vitales pour le régime turc. De l'aveu même des chefs d'entreprise algériens du secteur public et privé, le cheikh Erdogan n'est pas venu porteur de projets de partenariat avec l'Algérie mais bien dans le but de commercialiser les produits turcs et l'image de la Turquie en Algérie, comme un vulgaire délégué commercial, et ils ont trouvé ces agissements peu sérieux de la part d'un chef d'Etat. Cet aveu sonne comme un bilan négatif et annonce l'échec de la visite à Alger de ce chef de gouvernement qui cumule les défaites et dont les jours sont comptés. Qu'il garde ses khebabs et ses durums et aille donc fourguer sa camelote ailleurs ! Sur le plan éthique, l'Algérie et son gouvernement ne doivent pas signer de contrats avec des régimes liberticides. Nous ne devons sous aucun prétexte être complices de ce qui se passe en Turquie actuellement ni soutenir un régime qui ne représente pas tout son peuple. Traditionnellement, la diplomatie algérienne a toujours été respectueuse de la souveraineté des peuples, et le cheikh imam Erdogan qui tyrannise sa population comme un vulgaire despote d'Etat bananier ne doit pas être le bienvenu dans notre pays. Je me permets un bref rappel historique à tous les amnésiques qui affirment que les Turcs sont nos amis, en leur rappelant que la Turquie a attendu des années avant de reconnaître l'indépendance de l'Algérie, et lorsqu'ils étaient chez nous, ils nous faisaient payer un impôt tout en voulant nous turquiser. N'oublions pas que Hussein Dey a livré Alger sur un plateau d'argent en trahissant les Algériens qui voulaient combattre les Français lors de la prise d'Alger. Etant le descendant de la redoutable tribu amazigh des Kotamas qui a combattu les Turcs pendant trois siècles, je revendique mon algérianité et l'histoire brutale des conquêtes que nous avons subies. Cette nation qui nous a accablés jadis continue sur sa lancée en tant qu'allié inconditionnel des sionistes et de l'Otan. Nous n'avons pas donné six millions d'Algériens lors de la conquête meurtrière des Français et un million et demi de martyrs à la Révolution pour nous retrouver aujourd'hui acoquinés à des valets de l'impérialisme, des pantins qui bâillonnent leur peuple et complotent contre des pays frères comme celui de la Syrie. Où était la Turquie quand notre pays faisait face à l'islamisme et à ses hordes barbares pendant la décennie du sang ? Bien évidemment, à ce moment-là, l'Algérie n'avait rien dans ses caisses, le baril était au plus bas, et nous n'avions pas la manne pétrolière d'aujourd'hui, tant convoitée par tous les pays. Sommes-nous un gâteau à partager entre les nations ? Non ! Notre patrie n'est pas un dessert gourmand, ni la cerise sur le gâteau pour l'émir Erdogan et ses alliés islamistes en Algérie que le peuple a désavoués dans les urnes et dans la société, et qui ne constitueront jamais, au grand jamais, une alternative viable. Espérons que les Morsi, Ghannouchi et autres suivront le même chemin vers la porte de sortie sur fond de rejet populaire. Donc, nous demandons solennement au cheikh al mernikh Erdogan, symbole du déclin de l'Islam de la tolérance et du respect, lui le wahhabite planqué, le salafiste qui a dévoilé son jeu face à son propre peuple et qui connaîtra le châtiment qu'il mérite dans l'urne lors des prochaines élections, de ne pas jouer avec nous, comme il l'a fait lorsque la France a pondu sa loi mémorielle sur la question arménienne et où il n'a pas hésité à instrumentaliser l'événement pour évoquer le peuple algérien et sa lutte contre le colonialisme français. (à suivre)