De retour d'une tournée effectuée en Afrique du Nord, le Premier ministre turc est revenu en grande pompe à Istanbul où des milliers d'islamistes «AKP» ont été mobilisés pour l'accueillir à 2h du matin à l'aéroport. Ce qui est inquiétant est que les pro-pouvoirs ont lancé des slogans de violences, sans que le Premier ministre ne réponde. En effet, surchauffés, les militants islamistes scandaient Allah Oua Akbar. Prenant la parole à sa descente d'avion, le Premier ministre turc a exigé l'arrêt immédiat des manifestations et tiré à boulets rouges sur l'opposition. «Les manifestations ont perdu leur caractère démocratique et ont tourné au vandalisme», a lancé le Premier ministre à plusieurs milliers de ses partisans, qui agitaient des drapeaux turcs en scandant «nous sommes prêts à mourir pour toi, Tayyip» ou encore «allons-y, écrasons-les tous». Face aux slogans de violence, le Premier ministre n'a pas réagi, chose qui a inquiété les observateurs, craignant une éventuelle manipulation, pour un face à face entre les deux camps. Il est encore un peu tôt pour tirer des leçons des derniers propos du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan mais la plupart des manifestants de la place Taksim sont inquiets. Ils considèrent qu'il est en train de diviser le pays : non seulement il campe sur ses positions mais il déclare à nouveau en s'adressant aux 3 000 militants, qui étaient venus l'accueillir cette nuit à l'aéroport, «nous sommes les plus nombreux». Cette démonstration de force de Recep Tayyip Erdogan à deux heures du matin intrigue tous les analystes politiques. L'opinion internationale suit avec beaucoup d'attention les événements en Turquie et dénonce la violence des policiers contre les manifestants. Les Etats-Unis d'Amérique et plusieurs pays européens ont appelé depuis le début, le gouvernement turc à la «retenue» et dénonce la brutalité de la répression policière. Pourtant Washington est partenaire d'Ankara sur la scène internationale mais dénonce la «rhétorique inutile» du Premier ministre turc qui «ne contribue pas à apaiser la situation». Cet état de fait n'a pas été du goût du pouvoir islamiste, accusant la communauté internationale et surtout les médias, de vouloir donner «une mauvaise image» de la Turquie. Le mouvement de contestation a provoqué la mort de deux manifestants et d'un policier. Outre les trois morts, 4 785 personnes ont été blessées en une semaine, dont 48 très grièvement, selon un dernier bilan du syndicat des médecins turcs. Interrogés sur l'entêtement du Premier ministre turc et sur le maintien des revendications par les manifestants, les spécialistes de la Turquie craignent des affrontements entre civils dans les prochains jours. Selon les mêmes spécialistes, l'armée, qui est la grande absente pour l'instant, sera contrainte d'intervenir si toutefois le conflit se prolonge.