Le décès de Henry Alleg, auteur du célèbre récit La Question a endeuillé la communauté internationale. Le militant et journaliste s'est éteint à Paris à l'âge de 91 ans. La majorité de la Presse algérienne et internationale a salué la mémoire d'un homme courageux qui a consacré sa vie à l'humanité et aux droits de l'Homme. Né en Grande-Bretagne, de parents juifs russo-polonais, Henri Alleg est arrivé en Algérie en 1939. Il a adhéré au Parti communiste algérien avant de diriger le journal Alger Républicain. En 1946, Henry Alleg épousa Madame Serfaty Gilberte qui deviendra comme lui une ardente militante communiste. Après l'interdiction du journal par les autorités françaises, Henry entre dans la clandestinité et continue cependant à transmettre des articles en France dont certains sont publiés par l'Humanité. Il est arrêté le 12 juin 1957 par les parachutistes de la 10e DP au domicile de Maurice Audin, son ami qui a été arrêté la veille et qui sera torturé à mort. Il est séquestré un mois à El-Biar où il est torturé à maintes reprises, puis subit un interrogatoire mené après une injection de penthotal, utilisé comme «sérum de vérité». Il est ensuite transféré au camp de Lodi (Draa Essamar, wilaya de Médéa) où il reste un mois, puis à Barberousse, la prison civile d'Alger. En prison, il écrit La Question, dissimulant les pages écrites et les transmettant à ses avocats. Dans La Question, il raconta sa période de détention et les sévices qu'il y subit en pleine guerre d'Algérie. Tout d'abord publié en France aux éditions de Minuit, l'ouvrage est immédiatement interdit. Nils Andersson le réédite en Suisse, quatorze jours après l'interdiction en France de mars 1958. Malgré son interdiction en France, ce livre contribue considérablement à révéler le phénomène de la torture en Algérie. Sa diffusion clandestine s'élève à 150 000 exemplaires. Trois ans après son arrestation, il est inculpé d'«atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat» et de «reconstitution de ligue dissoute» avant d'être condamné à 10 ans de prison. Transféré en France, il est incarcéré à la prison de Rennes où profitant d'un séjour dans un hôpital, il s'évade. Aidé par des militants communistes, il rejoint la Tchécoslovaquie grâce notamment à Alfred Locussol. Il revient en France après les accords d'Evian, puis en Algérie où il participe à la renaissance du journal Alger républicain. Henry se réinstalle en France en 1965. Il reviendra en Algérie 40 ans plus tard où il retrouve avec bonheur ses anciens compagnons. En 2005, il cosigne une lettre au président de la République, demandant à l'Etat français de reconnaître l'abandon des harkis en 1962. Henry et membre du pôle de renaissance communiste en France et déclare regretter en 1998 «la dérive social-démocrate du PCF, qui abandonne son authenticité communiste». Il fait partie de l'association «Comité internationaliste pour la solidarité de classe» (fondée le 10 octobre 1992 sous le nom de «Comité Honecker de solidarité internationaliste», qui soutient l'ancien dirigeant de la RDA, Honecker, poursuivi par la justice allemande. Henry Alleg est également membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine. Les presses algérienne et internationale ont salué le courage d'Henry Alleg qui a consacré sa vie à l'humanité et aux droits de l'Homme. «Henri Alleg était algérien de cœur et de combat», a écrit le quotidien Algérien El Watan. «Henri Alleg, un «Juste» s'en est allé» titre La Tribune d'Algérie. «Les Algériens saluent la mémoire de Henri Alleg», a indiqué quant à elle Radio France Internationale. «Henri Alleg, un homme libre», a titré aussi le journal l'Humanité. Pour le journal Libération il annoncera son décés en citant son oeuvre littéraire l'éternelle «Question». Enfin, le parti communiste français a indiqué je cite : «Henri Alleg, honneur de notre nation».