Le chef d'état- major de l'armée égyptienne, le général Abdel Fattah Al-Sissi, a appelé samedi 3 août les Etats-Unis à faire pression sur les Frères musulmans, le mouvement du président destitué Mohamed Morsi, pour «mettre un terme» aux violences. Le chef d'état major de l'armée égyptienne, le général Abdel Fattah Al-Sissi, a appelé samedi 3 août les Etats-Unis à faire pression sur les Frères musulmans, le mouvement du président destitué Mohamed Morsi, pour «mettre un terme» aux violences. «L'administration américaine a de grands moyens de pression et une influence sur les Frères musulmans et j'aimerais beaucoup qu'elle les utilise pour mettre un terme au conflit», déclare le général Abdel Fattah Al-Sissi dans un entretien publié par le Washington Post sur son site internet. Des milliers de militants des Frères musulmans occupent deux places du Caire depuis un mois pour réclamer le retour au pouvoir du président islamiste déchu Mohamed Morsi, destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet. Plus de 250 personnes sont mortes dans des violences depuis cette date. L'armée n'interviendra pas, dit-il : «Ceux qui mettront un terme à ces sit-in et nettoieront ces places, ce ne sont pas les militaires. Il y a une police civile qui est affectée à ces tâches». «Le 26 juillet, plus de 30 millions de personnes sont sorties dans les rues pour me manifester leur soutien. Ces gens attendent de moi que je fasse quelque chose», poursuit-il. Les Egyptiens avaient massivement manifesté le 26 juillet, à l'appel du général Sissi mais aussi des partisans de Mohamed Morsi. Des dizaines d'islamistes avaient alors été tués dans des heurts avec la police. Interrogé sur les inquiétudes exprimées par les Etats-Unis face à la situation en Egypte, Sissi n'hésite pas à critiquer Washington, qui fournit annuellement quelque 1,5 milliard de dollars d'aide - essentiellement mlilitaire - au Caire. Nous nous demandons vraiment quel est le rôle des Etats-Unis, de l'Union européenne et de toutes les autres forces internationales qui sont pour la sécurité et le bien-être de l'Egypte? Les valeurs de liberté et de démocratie sont-elles uniquement valables dans vos pays (...) ? Vous avez laissé tomber les Egyptiens, vous leur avez tourné le dos, et ils ne l'oublieront pas». Interrogé sur son éventuel souhait de se présenter lors d'une prochaine élection présidentielle, le ministre de la Défense du gouvernement intérimaire égyptien déclare : «Le plus important dans ma vie, c'est de surmonter ces difficultés, de m'assurer que nous vivons en paix, de suivre notre feuille de route et d'être à même d'organiser les élections à venir sans verser une seule goutte de sang égyptien». «Vous ne pouvez pas croire qu'il y a des gens qui n'aspirent pas au pouvoir», poursuit-il, assurant que c'est son cas. «L'espoir du peuple est le nôtre. Et quand les gens vous aiment, c'est la chose la plus importante pour moi», ajoute-t-il. Le général justifie également l'intervention de l'armée pour destituer Mohamed Morsi, à un moment où se multipliaient les manifestations contre le premier président égyptien démocratiquement élu, accusé d'avoir accaparé le pouvoir au seul profit des Frères musulmans et d'avoir achevé de ruiner une économie déjà exsangue. «Si nous n'avions pas agi, cela se serait transformé en guerre civile. C'est ce que j'ai dit à Morsi quatre mois avant son départ», assure-t-il. «Ce que je veux que vous sachiez et ce que je veux que les lecteurs américains sachent, c'est qu'il s'agit d'un peuple libre qui s'est révolté contre un ordre politique injuste, et ce peuple libre a besoin de votre soutien». Abdel Fattah Al-Sissi s'est entretenu samedi par téléphone avec le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel qui lui a demandé de favoriser un processus politique réunissant toutes les parties, selon un résumé de la conversation présenté par le porte-parole du Pentagone, George Little. «Le général Sissi a assuré au secrétaire Hagel que les autorités égyptiennes travaillaient à un processus de réconciliation politique [...] qu'elles restaient attachées à la 'feuille de route' menant à des élections et à la rédaction d'une Constitution en Egypte», a déclaré George Little.