La localité de Ksar El-Boukhari, d'une population de 62 089 habitants et d'une superficie de 54 km2, distante de 63 km du chef-lieu de wilaya de Médéa, est une ville façonnée par des siècles d'histoire, marquée par de grandes figures spirituelles, à l'image de son père fondateur, le cheikh Sidi Mohamed El-Boukhari, et émaillée de grandes épopées comme la résistance populaire conduite par la tribu des Ouled Sidi Cheikh et El-Hadj El-Berkani, bras droit de l'Emir Abdelkader. Toutes ces épopées ont été racontées par d'illustres écrivains et artistes européens, parmi lesquels Guy de Maupassant, Henri Maltussen, Eugène Delacroix. D'innombrables récits furent consacrés à cette ville aux couleurs ocres, bâtie autour de la zaouia de Sidi El-Boukhari, offrant de larges perspectives sur les vastes étendues steppiques ceinturées par l'Atlas tellien et les Hauts-Plateaux, d'abord par Ibn-Khaldoun qui lui réserva de longs écrits dans ses récits de voyage, puis ce fut au tour d'Eugène Fromentin, dont le livre Un été au Sahara met en exergue la beauté des lieux et ses mystères, avant qu'Henri Maltussen ne lui emboîte le pas et parle d'une «terre africaine renfermant une multitude de senteurs et de secrets, que Dieu a créée pour les mystiques et les philosophes», alors que Guy de Maupassant la décrit comme une «ville rebelle où toutes les révoltes se font et se défont à l'heure des Boukhari», nom qui désigne les habitants de cette ville. L'histoire et l'influence des lieux se sont mêlées, à travers les âges, à celle des hommes pour donner naissance à un patrimoine culturel né de la rencontre entre la pensée mystique de cheikh El-Boukhari, portée à son apogée par la lignée de la confrérie de la Chadouliya , représentée par l'érudit cheikh El-Moussoum, et le courant moderniste mené par un aréopage d'intellectuels et d'artistes locaux. Cette rencontre a donné naissance à des personnages et des œuvres qui ont marqué notre époque, à l'image des regrettés Abdelkader Farrah, scénographe et dramaturge, Hassan Bencheikh, de son vrai nom de Hassan El-Hassani (Boubaguera), un illustre comédien, ainsi que d'autres auteurs contemporains comme Maissa Bey, Saïd Benzerga ou Mohamed Fadheli, qui jouit d'une grande renommée au sein de l'intelligentsia libanaise, pays où il s'est installé depuis plusieurs années. La ville a enfanté également des poètes au talent avéré, en l'occurrence Mohamed Bourahla, auteur de Grappes d'amertume, les Causeries et le Roi joue la verrue et Cheikh El-Moussoum (1820-1883), un poète ésotérique et autorité morale de l'ordre des Chadouliya, confrérie religieuse de rite malékite. Il est l'auteur de 26 manuscrits de poésie mystique et publia également un ouvrage sur Ibn-Arab ainsi qu'un traité philosophique intitulé le Bâton de Moïse et un recueil de ses visions du Prophète (QSSSL) qu'il appela El-Touhfa El-Ghoufla.