Les soirées du Ramadhan 2013 dans la capitale n'ont pas ou peu dérogé à la règle : affluence record dans les rues commerçantes et autres espaces récréatifs mais désaffection relative, durant la majeure partie du mois sacré, à l'égard des différentes activités culturelles proposées, en raison surtout d'une programmation jugée dans l'ensemble inadéquate et tatillonne. Les salles et lieux de spectacle habituellement prisés par les Algérois comme le patio du palais de la Culture, la salle El Mouggar ou encore la scène de l'Institut national supérieur de musique (Insm) n'ont pas réussi cette année à attirer un nombre satisfaisant de spectateurs. Rencontrées au festival de musique andalouse d'Alger qui s'est déroulé à l'APC de Kouba, plusieurs familles habituées du palais de la Culture ont avoué leur déception de voir que beaucoup de grands artistes habituellement programmés «manquent à l'appel cette année». En se tenant cette fois à la salle ibn Zeydoun, loin du centre historique d'Alger, le Festival national de la musique chaâbi a lui aussi bouleversé les habitudes des fans de cette musique qui, du coup, étaient beaucoup moins nombreux à se présenter. D'autres programmations de variétés ont elles aussi échoué à attirer le public algérois comme les soirées du Casif, de la salle Atlas ou de la salle Ibn Khaldoun, à l'exception notoire de quelques galas. L'absence de public à ces spectacles s'expliquerait par les tarifs jugés «prohibitifs par rapport à la qualité du programme proposé» par des habitués des soirées artistiques, qui se sont également plaints de la difficulté d'accéder aux salles et des contraintes de stationnement automobile. Les jeunes mélomanes relativement mieux lotis Les jeunes mélomanes ont, par contre, trouvé leur bonheur cette année au Théâtre de verdure Laâdi-Flici où se sont tenus les rendez-vous habituels du mois sacré avec les groupes «Gaâda Diwan Bechar», «Tinariwen» et «Gnawa Diffusion» qui ont enregistré un record d'affluence de 6 500 personnes, malgré des tarifs toujours aussi élevés mais pour ces passionnés, «seule la qualité compte». Entre les plages, les khaïmas et les espaces aménagés en plein air, où l'on peut toujours trouver des animations musicales de qualité, les Algérois, et particulièrement les plus jeunes, ont ainsi changé de destination nocturne. D'autres disciplines artistiques ont tenté -sans grand succès- de se frayer une place comme les arts plastiques (exposition collective à l'initiative de plasticiens) ou, plus inquiétant encore, le théâtre dont la production reste, il est vrai, indigente du point de vue qualitatif. Dans cette atmosphère mitigée, le chaâbi, genre musical emblématique du mois de Ramadhan, reste le spectacle le plus couru- malgré la fermeture de certains espaces comme l'esplanade du mythique café El Bahdja- grâce à des initiatives de citoyens pour animer des quartiers de la Casbah, des places publiques, voire un musée. Hors de la capitale, d'autres villes ont accueilli des spectacles qui ont eu l'heur de connaître beaucoup de succès, à l'exemple du septième festival national de malouf à Constantine, une grande ville où le choix en matière d'animation culturelle demeure très limité. D'autres villes du pays n'étaient pas en reste à l'instar de ce programme d'animation dédié à la musique citadine à Annaba, à la variété à Relizane ou à l'Inchad à Batna et à Mascara.