La mémoire collective sportive et footballistique algérienne est chargée d'images comme celle des joueurs de 1958 (celle des Mekhloufi Rachid), 1960 (la génération postindépendance des Hacene Lalmas), 1975 (celle des Draoui Aïssa), 1978 (du virevoltant Omar Bétrouni), 1982 (l'époque des Madjer, Belloumi, Assad, Zidane), 1986 (l'admirable Kaci-Saïd et consorts qui ont tenu la dragée haute au Brésil de Socrates), 1990 (l'Algérie championne d'Afrique avec les Amani, Oudjani, Menad), ou encore les années 1992 à 2000, à l'époque de la décennie noire ou seul l'athlétisme avec les Morceli et Boulmerka sont parvenus à monter sur la plus haute marche du podium. Et pourtant durant un temps, le football algérien avait une armada de joueurs doués et talentueux tels les Dziri, Kraouche, Belbey, Harchache, Tasfaout, Belatoui et bien d'autres. C'était une génération sacrifiée à cause de l'instabilité de la Fédération algérienne de football et des conflits qui existaient à l'époque. Entre les années 2010 et 2013, le football algérien revient en force et a galvanisé des milliers de supporters en vendant des rêves et en procurant que du bonheur, de la joie à tous les Algériens qui déambulent emblème national sur les épaules, banderoles, casquettes et autres écharpes aux couleurs de l'Algérie, et tee-shirts à l'effigie des joueurs... En un mot, le football en Algérie représente le second soleil pour tout un chacun, même pour la gent féminine, qui à chaque manifestation footballistique sportive, se retrouve sur les places publiques, dans leurs quartiers ou dans les cafés pour ne parler, comme le reste de la population, que d'un seul sujet : celui des Verts. Pour beaucoup, ils émettent des avis pour la plupart favorables plein d'optimisme à chaque fois que les Fennecs ou les guerriers du désert affrontent une équipe adverse, la fièvre du football investit alors les rues, les quartiers, les maisons, les lieux publics, les stades avec des slogans qui vous donnent la chaire de poule, alors là c'est le grand délire collectif qui habituellement accompagne chaque rencontre de football. Si les jeunes ont aujourd'hui pour idoles Bougherra, Slimani, Feghouli, Brahimi, Soudani, Ghilas, Belfodil, Djabou..., ils n'ignorent rien de la première génération d'avant-indépendance qui ressemble catégoriquement à celle précitée par leur dévouement à la patrie, leur abnégation... Cinquante ans déjà ! Ils étaient une poignée. Ils s'appelaient Bentifour, Boumezrag, Maazouza... En répondant à l'appel du FLN, en bâtissant la formation de la liberté, celle du FLN, ils donnaient une autre dimension au combat pour l'indépendance de tout un peuple. Les Mekhloufi, Bentifour, Brahimi, Maouche, Kermali, Bouchouk, Oudjani, Zitouni, Benfedha, Amara, Boubekeur, Doudou, Bouchache, les frères Soukhane, les frères Ibrir, Rouai, Arribi, Haddad, Defnoun, Bekhloufi, Boumezrag, Bourtal, Oualiken, Mazouz, Bourricha, Kerroum, Zouba, Chabri, Settati, Khaldi demeurent des légendes vivantes et historiques qu'ils faut raconter aux plus jeunes. C'est plus qu'un résultat sportif, c'est le gain politique et diplomatique qui importait à cette époque aux joueurs professionnels et au FLN-1958, qui illustrait la formidable épopée de la glorieuse équipe du Front de Libération nationale sous l'occupant français. Plus de cinquante ans que cette équipe est née pour une cause noble et juste de surcroît, l'indépendance de l'Algérie. Le combat de ses hommes braves à travers le football fut magique avec un palmarès éloquent de 91 matchs disputés entre 1958 et 1962, avec 65 victoires, 13 matchs nuls et seulement 13 défaites avec 385 buts marqués pour 127 encaissés. «Vous savez, les gens raisonnent en terme de carrière, de palmarès et de finances. La Coupe du monde bien sûr que j'y pensais mais ce n'était rien au regard de l'indépendance de mon pays», disait Rachid Mekhloufi. La génération post-indépendance Huit des joueurs sélectionnés dans l'équipe du FLN feront partie de la première sélection nationale d'une Algérie libre et souveraine en 1963 constituée de Boubekeur, Aftouche, Messaoudi, Siki, Salah, Belbekri, Issad, Meziani Bouhizeb, Lalmas, Zitouni, Lemoui... Les jeunes actuels, sans avoir vécu les matchs de l'époque ont la tête pleine de ces images transmises par leurs ainés qui continuent de vouer une très grande admiration pour la génération des Lalmas, Seridi, Meziani... 1975, c'était l'année du premier sacre officiel pour le football algérien, bien sûr ce n'est pas un titre continental, ni une qualification pour les phases finales des Jeux olympiques ou mondiaux, mais pour un pays encore jeune, cette médaille d'or symbolisait les efforts consentis pour la promotion du sport au service des citoyens, c'était la génération des Cerbah, Menguelti, Betrouni, Keddou...menée par un diablotin Draoui Aïssa, la nouvelle coqueluche du football algérien, celui qui est parvenu à tromper le Tunisien Attouga, l'un des meilleurs gardiens au monde en demi-finale des Jeux méditerranéens d'Alger. C'était la grande lessive effectuée par Rachid Mekhloufi qui est arrivé à remettre les pendules à l'heure en faisant appel à des joueurs de l'équipe nationale militaire, pur produit de son passage comme entraîneur, et du jour au lendemain, les Gamouh, Hadefi, Ouchéne, Selmi et les autres disparaissent. En 1982 et 1986, il y a eu les deux participations à la Coupe du monde en Espagne et au Mexique, le fruit d'un long travail planifié par les hautes instances footballistiques. Puis vint la décennie noire...