L'armée a affronté des Touareg à Kidal et un attentat-suicide a fait six morts à Tombouctou. L'état de grâce n'aura duré que quelques semaines pour le nouveau président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta (dit «IBK»), élu en août. Et comme pour son prédécesseur, Amadou Toumani Touré, déposé en mars 2012 par un quarteron de sous-officiers, le principal danger vient encore et toujours du nord du pays. Hier, pour la deuxième journée consécutive, des tirs ont retenti à Kidal, au pied de l'Adrar des Ifoghas (extrême nord du pays). Les affrontements opposent les activistes touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et les soldats maliens, qui ont repris pied à Kidal au cours de l'été. Les échanges de tirs n'ont cessé qu'avec l'intervention des Casques bleus de la Minusma (Mission des Nations unies au Mali). Pour l'heure, ces heurts n'ont fait que des blessés de chaque côté. Mais, affirme un bon connaisseur de la région, «on est au bord du précipice, l'ambiance est ultratendue à Kidal». A l'origine de ce brusque coup de chaud, la conviction tenace chez les Touaregs qu'ils sont en train de se faire rouler dans la farine. En juin, ils avaient signé l'accord de Ouagadougou (Burkina Faso), acceptant de renoncer à leur principale revendication, l'indépendance, en échange de l'ouverture de négociations sur le statut du Nord-Mali. Mais, conformément à sa promesse de campagne, Ibrahim Boubacar Keïta se contente d'évoquer la tenue d'Assises du Nord, excluant toute idée d'autonomie. D'un point de vue institutionnel, le chef de l'Etat envisage une décentralisation accrue sur l'ensemble du territoire malien. Après plusieurs semaines d'expectative, plusieurs organisations touaregs, dont le MNLA, ont décidé de passer à l'action en annonçant la rupture des pourparlers avec le gouvernement de Bamako.