Elles sont de plus en plus nombreuses à s'intéresser à la bande dessinée sous toutes ses formes, ces jeunes dessinatrices généralement issues de l'Ecole des beaux-arts, qui présentent sans complexe au FIBDA 2013 leurs planches et leurs différentes perceptions de la BD. Lors de la 6e édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda), qui se déroule dans la capitale, certaines ont édité leurs premiers albums alors que d'autres présentent des travaux réalisés en ateliers de formation. Un album collectif, intitulé «Les déchaînés» et composé des planches de bédéistes ayant suivi la session de formation de la précédente édition, regroupe à lui seul une dizaine de jeunes dessinatrices de différents horizons. Une œuvre qui confirme s'il en est la tendance de cette année qui voit un grand nombre de jeunes filles s'intéresser de plus en plus à la BD. Sans aller jusqu'à parler de perception spécifiquement féminine de la BD, deux dessinatrices se distinguent par une tendance à proposer des scénarios puisés dans le quotidien ou dans le vécu, loin de la pure fiction. Hana Kerboua, étudiante à l'Ecole des beaux-arts, se démarque par un premier album de quelques pages «Shurga» marqué par un style de personnages et une richesse de couleurs qui s'adresse plus aux petites filles. Pour Bouchra Mokhtari, jeune dessinatrice d'Oran, étudiante en biologie et lauréate du «Prix du coup de cœur» de l'édition 2012, «les couleurs réputées féminines suscitent plus l'intérêt des lectrices», ce qui fait que les dessinatrices ont plus «tendance à créer des héroïnes auxquelles elles-mêmes s'identifient». Auteur de l'album «Les aventures de Zozo, papa la bourrique», cette bédéiste en herbe, qui a suivi les ateliers du Fibda 2012, se réjouit de pouvoir trouver en ce festival un cadre, le seul, dit-elle, lui permettant de canaliser et de travailler sa créativité. Fella Mathougui, dessinatrice de BD autodidacte, qui a déjà quatre albums à son actif, confirme elle aussi l'intérêt croissant des jeunes femmes pour la bande dessinée et notamment pour le manga, sa discipline de prédilection, qui comporte au Japon un genre destiné surtout au lectorat féminin. Une autre nouvelle bédéiste découverte chez l'éditeur Z- link, Yasmine Boubakir, qui vient de sortir son album «Loundja», illustre les tendances féminines de la BD dans son œuvre avec un grand sens de l'esthétique et des personnages typés manga sur un scénario puisé dans le quotidien signé Amir Cheriti. Cette tendance (intérêt en hausse des femmes pour la BD) est confirmée par Pascal Genot, en charge des ateliers de formation du Fibda, qui a relevé un «bond quantitatif» des dessinatrices dans son atelier depuis deux ans. Le formateur a affirmé à l'APS que cette tendance n'était pas propre à l'Algérie mais que le constat était «le même dans plusieurs pays, notamment en France, en Belgique et au Canada». Au sujet des spécificités de la BD au féminin, Pascal Genot pense que les auteurs femmes ont «plus de facilité à parler d'elles- mêmes et de leur quotidien», ce qui justifie un tant soit peu les choix de scénarios sans en faire une spécificité féminine. Inaugurée mardi dernier à Alger, la sixième édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger se poursuivra à l'esplanade Ryadh El Feth jusqu'au 12 octobre.