Une résidence d'artistes, réunissant plus de 20 créateurs, dont des plasticiens, des sculpteurs et des photographes professionnels, a été ouverte samedi au musée de l'Eau de Toudja, à 30 km à l'Ouest de Béjaïa, avec l'objectif d'y réaliser en cinq jours une œuvre commune dédiée à la problématique de l'eau dans la région éponyme. Initiée par l'Association universitaire Gehimab (Groupe d'étude d'histoire et de mathématiques de Béjaïa) et l'Association Rivage de Marseille (France), la résidence entend, en effet, offrir un espace temporaire et privilégié de création à un groupe d'artistes, «conviés à y échanger et confronter leur expérience dans leurs domaines respectifs, mais aussi à conduire et réaliser un projet commun, dont la substance reste l'eau de Toudja et ses implications socio-économiques et touristiques», a indiqué le président de Gehimab, M. Djamil Aissani. «L'objectif est de faire de Toudja une destination privilégiée pour les artistes de tous bords», a-t-il souligné, indiquant que pour ce faire, il est prévu, en concertation avec le ministère de la Culture, l'institution d'une bourse d'étude annuelle pour encourager les jeunes artistes à venir y séjourner et créer une oeuvre originale. En avril dernier, une expérience de cette nature (séjour) a déjà été éprouvée avec bonheur par des photographes professionnels qui, au bout de leur activité, ont dû publier un livre prenant sur la région de Toudja, et ce qui est appelé «Le Chemin de l'eau», un parcours conçu par les Romains, au prix d'un système hautement ingénieux, pour alimenter, depuis Toudja, la ville de Béjaïa, sur une distance de plus de 50 km. L'ouvrage hydraulique, en partie sur pied, suscite de plus en plus de curiosité scientifique et touristique et se prédestine à devenir le poumon d'une activité touristique de choix, grâce à la réhabilitation prévue de tout son circuit, ponctué par des étapes de découvertes, mêlant à la fois les panoramas de la région que d'aucuns considèrent uniques, les sites archéologiques, notamment la ville romaine de Tiklat, et les repères historiques, notamment ceux en rapport avec la guerre de libération et qui font la joliesse et l'attractivité de l'espace. Aussi, la présence dense d'artistes de talent sur les lieux ne peut que magnifier cette image de carte postale, que nombre d'écrivains et d'érudits ont déjà louée. Le plus connu, étant l'archiduc d'Autriche, Louis de Habsbourg (1897) qui, au détour d'un séjour accidentel, s'est entiché de la beauté des lieux, estimant «qu'au printemps, la région de Toudja est un véritable paradis pour les artistes.» En fait, l'occasion de cette résidence a été saisie opportunément pour «re-braquer» les regards sur tout ce qui fait la notoriété de Béjaïa en tant que carrefour de civilisation à travers les âges. Pas moins de cinq expositions ont été programmées dans ce cadre, chacune se chargeant de remettre au goût du jour un pan spécifique de son histoire. Ainsi, c'est le cas de l'exposition de peinture, dressée à la galerie Emile Aubry, à la Casbah, et qui présente une série de toiles d'importance, notamment les oeuvres de l'artiste éponyme et de Fragonard. C'est le cas également de l'exposition dédiée à la maison de la culture, au séjour de Louis Habsbourg à Béjaïa, dont le parcours a été reconstitué, ou celle reconstituant les iconographies anciennes. Cinq manifestations de cette nature ont été inaugurées à cette occasion pour permettre au grand public de replonger dans l'histoire glorieuse de la ville et de ses environs.