La formation professionnelle ne répond pas à la demande du marché du travail. C'était le constat relevé par le Forum des chefs d'entreprises (FCE), hier à Alger. Il serait question de l'élaboration d'un livre blanc qui sera soumis aux autorités. Le FCE a organisé ce jour-là la deuxième édition des «Journées de l'entreprise algérienne sous le thème : «la formation, l'emploi et l'employabilité» en présence des ministres de la Formation et de l'Enseignement professionnels, Noureddine Bedoui, et du Travail et de la Sécurité sociale, Mohamed Benmeradi, ainsi que de nombreux économistes et personnalités du monde du travail. Le FCE a souhaité, par cet événement, contribuer à faire évoluer la réflexion sur la question sensible de l'emploi et sur la relation d'interdépendance qui existe entre l'emploi, la formation et l'employabilité, d'une part, et le développement économique et social, d'autre part. L'objectif est également de formuler une esquisse de quelques axes de travail en vue de l'élaboration d'un «livre blanc» pour un système d'enseignement et de formation plus performant en adéquation avec les besoins en emplois de l'économie nationale. Pour Mohamed Saïb Musette, directeur de recherche au Cread, «L'Etat algérien maintient encore une très forte intervention mais le taux de chômage reste inquiétant.» Pour cela, une nouvelle stratégie, dit-il, mérite d'être engagée dès maintenant afin de réduire à terme les coûts de cette intervention, qui risquent de devenir insupportables face aux incertitudes du marché mondial et de l'économie algérienne.» En dépit de sa lutte contre l'informalité de l'emploi, l'Algérie continue à faire appel à la main d'œuvre étrangère pour la réalisation des programmes en cours. Pour sa part, Mohamed Cherif Belmihoub, professeur d'économie institutionnelle et de management, a souligné qu'aujourd'hui, «le système de formation algérien vit en autarcie et en rupture avec son environnement économique. Ses organes d'administration et ses instances pédagogiques et de recherche sont totalement intra-muros.» Quant au président d'honneur du FCE, Omar Ramdane, il a relevé que l'Algérie devrait prendre conscience qu'un système d'éducation, d'enseignement supérieur, de recherche, de formation et de perfectionnement professionnels de qualité est la clé de voûte de toute politique de développement économique et social et une assurance importante pour l'avenir. «Une telle prise de conscience collective serait salutaire pour notre pays», a-t-il soutenu. M. Ramadane a indiqué lors de ce forum que «si nous voulons créer davantage de richesse, doubler ou tripler notre taux de croissance et offrir du travail à tous les Algériens, il faut certes investir beaucoup dans l'équipement, accomplir davantage d'efforts pour faciliter le développement des entreprises, mettre en place une véritable flexibilité qui donne plus de souplesse aux entreprises et améliorer le climat des affaires. Il faut surtout, poursuit-il, investir dans la ressource humaine, concevoir et mettre en œuvre résolument des politiques renouvelées d'éducation, d'enseignement supérieur, de recherche et de formation professionnels pour garantir le développement de nos capacités créatives, de nos capacités compétitives et d'innovation. Il a entre autres soulevé le problème de manque de main-d'œuvre qualifiée dans le BTP avant de formuler quelques suggestions notamment, le lancement d'un programme de formation spécialisée dans les métiers du bâtiment, de niveaux 3 et 4, à l'endroit des jeunes pour atténuer la crise de main-d'œuvre dans cette branche, de concevoir et de lancer un vaste programme de formation des jeunes dans tous les métiers manuels parallèlement à la politique d'octroi de crédits mais aussi tirer profit des partenaires étrangers qui investissent dans notre pays. «Les investissements étrangers sont eux-mêmes un mode privilégié d'acquisition de connaissances techniques», soutient-il.