Quelle différence, pour les partis politiques, entre une agonie durable et une disparition totale ? La première donne toujours l'espoir d'une sortie de coma, même avec des séquelles, mais quand même avec l'espoir que tout va changer, au moins qu'il y ait une sortie de la stagnation car ce qu'on appelle la stabilité en terme de personnels hautement placés peut s'appeler, en réalité, une régression du fait que ce sont toujours les mêmes idées qui tournent, même si les contextes stratégiques changent. Prendre le pouvoir ? Comment faire quand on est dans l'opposition ? En rester au niveau des questions, faudrait-il être assez naïf pour croire qu'il est possible que ceux qui sont au pouvoir vont changer complètement les règles du jeu politique pour finir par perdre le pouvoir en faveur de ceux qui se mettent en position de le cueillir c'est-à-dire l'opposition ? Saïd Sadi disait, quand il était prolifique sur le plan de phrases se voulant assassines, que le système ne pourra pas se réformer de l'intérieur. Il avait quand même rejoint cet «intérieur» avant d'en sortir avec la même conviction. En viendrions-nous un jour à réfléchir «rupture» alors que de tout temps, on ne réfléchit que «continuité» ? Ceux qui, à partir de l'opposition ou simplement de positions d'observation, croient savoir à chaque élection, présidentielle surtout, qu'il est inévitable que cette fois-ci, les décideurs vont réfléchir «rupture» se rendent compte qu'en réalité, la tendance une fois de plus ira vers la continuité. Rupture par rapport à quoi ? Ou alors, rupture par rapport à qui ? Qu'on ne se trompe pas. Ceux qui y sont veulent y rester et tentent d'affaiblir les autres, c'est-à-dire ceux qui sont dans l'opposition. Ils l'ont déjà fait, ne serait-ce qu'en refusant d'accorder la légalité aux partis que l'opposition veut créer, et en décidant d'attendre la nouvelle loi pour autoriser les nouveaux partis à fonctionner.