Les associations Dar El Ghernatia de Koléa et Ibn Badja de Mostaganem ont animé vendredi à Alger la 2e soirée du 7e Festival national de la musique andalouse Sanaâ, mettant en valeur la tradition et le patrimoine, à travers des rythmes composés et de belles mélodies du terroir. Devant un public de connaisseurs venus en surnombre, l'association Dar El Gharnatia, sous la direction de Mohamed Cherif Saoudi , interprétant, une heure durant, la «Nouba Sika» dans ses différents mouvements, a été la première à se présenter sur la scène de la salle Ibn Zeydoun de l'Office Riadh El Feth, ornée d'un décor somptueux représentant la cour intérieure d'une villa ottomane . «a ness ama taâdirouni, Zada el hobbo wajdi, Katalatni bi gheiri char'âin, Rimoun nedretni, Law laka ma, Ya saki la taghfel, Ifarradj Rabbi, Touiari mesrar et Ya men dara men naâchakou» furent les différentes pièces interprétées dans des poésies lyriques et des rythmes à cadences irrégulières. Les voix expressives et vivantes de Yazid Bellouti à la kouitra, Medjadji Walid au violon, Zaghouani Hamza à la derbouka et Hadji Chahrazed à la mandoline, ainsi que la virtuosité de Larbi Djihad au qanun, ont donné à l'orchestre, également soutenu par les sonorités denses de la contre- basse, toute son ampleur professionnelle et académique. La deuxième partie de la soirée a mis à l'œuvre l'association Ibn Badja qui a choisi d'entonner des airs mélodieux en mode majeur, enchaînant six pièces constituant la «Nouba H'sine», sous la direction de Fayçal Benkrizi. Bah serri, Aâchiktouka min noudayra, Ya tayhi Koum, Ahin Laoulaka ma et Ya ahil el hima sont les chansons interprétées par l'ensemble de Mostaganem dont les instrumentistes ont brillé de maîtrise et de dextérité. Les deux associations ont ravivé une partie des variations rythmiques que recèle le patrimoine andalou, notamment dans les mouvements du M'seddar, B'taïhi, Istikhbar, Derdj, Insiraf, D'lidla et Kh'lass sur lesquels les mélodies ouvertes et pénétrantes des modes «Sika» et «H'sine» ont savamment été interprétées.Le public a savouré chaque moment des deux récitals, dans l'allégresse et la volupté, reprenant les refrains en sourdine, applaudissant les solistes dans leurs interprétations vocales et instrumentales et saluant chaleureusement les artistes pour leurs prestations. «Ma fille et moi sommes particulièrement ravies ce soir, car on a été gratifié de deux belles suites de notre cher patrimoine», a commenté une dame, avant d'être reprise par un monsieur venu en famille : «Vous savez, cette musique ne mourra jamais, elle continuera de voyager à travers les siècles car elle est authentique». En marge du festival, une conférence mettant en valeur les différences et les similitudes entre l'Ecole andalouse de Tlemcen et celle d'Alger a été animée durant la matinée, par le musicologue et chef d'orchestre Salah Boukli à l'Institut national supérieur de musique. Le 7e Festival national de la musique andalouse Sanaâ, prévu jusqu'au 10 décembre, accueillera samedi les associations d'El Djenadia de Boufarik et El Kaïssaria de Cherchell.