«L'anarchie qui règne dans ces espaces est due au non-respect, par les APC propriétaires des marchés et les adjudicataires qui les prennent en location, des lois définissant les conditions et modalités d'organisation et de fonctionnement des marchés de gros de fruits et légumes», a indiqué le directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, Abdelaziz Aït Abderrahmane. Sur les 43 marchés existants, 32 appartiennent aux communes et loués par adjudication pour des montants allant de 1,5 à 2 milliards de DA par an, selon ce responsable. «L'adjudicataire ne cherche qu'à assurer des gains pour payer l'APC et garantir ses marges bénéficiaires sans donner, cependant, aucune importance au respect des règles d'organisation», a-t-il dit. Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, avait souligné la nécessité de réaliser de nouveaux marchés de gros des fruits et légumes, qui répondent aux normes internationales, relevant l'important déficit en Algérie en offre d'espaces. L'Algérie ne compte que 43 marchés de gros de fruits et légumes à l'échelle nationale, dont 15 ont une superficie inférieure à un hectare avec une superficie moyenne pour les marchés fonctionnels ne dépassant pas les 2,5 ha au moment où celle-ci atteint les 9 ha au Maroc et les 18 ha en France. L'insuffisance avérée en infrastructures adéquates par rapport à l'offre en fruits et légumes et la gestion défaillante de ces infrastructures a créé une congestion de ces marchés en plus de la configuration des infrastructures existantes qui ne répondent pas aux normes internationales. Les mandataires des marchés de gros dénoncent, pour leur part, l'absence «totale» d'organisation et de sécurité dans ces espaces d'où l'activité est plongée dans une «anarchie flagrante» échappant à tout contrôle. «Ces marchés sont des espaces non aménagés ne disposant pas du minimum requis pour l'exercice de cette activité», dénonce le président de la Fédération nationale des marchés de gros de fruits et légumes, Mustapha Achour. Un nouveau décret fixant les conditions et modalités d'implantation, d'organisation et de fonctionnement des espaces commerciaux notamment du commerce de gros de fruits et légumes est entré en vigueur en avril 2012. Ce nouveau texte a été élaboré dans le but de remédier à la situation critique qui caractérise la gestion, l'organisation, le fonctionnement et l'état général dans lesquels sont exercées les activités au sein des marchés. Une stratégie pour le développement du réseau de distribution La législation stipule, entre autres, que «les marchés de gros doivent être aménagés en carreaux et/ou locaux qui peuvent faire l'objet de cession ou de location au profit d'opérateurs économiques ayant le statut de personnes physiques ou morales et habilités à effectuer des opérations d'achat et de vente en gros». A ce titre, seuls les mandataires grossistes, les collecteurs livreurs des produits agricoles, ainsi que les prestataires de services sont autorisés à effectuer des transactions commerciales au stade de gros, selon ce décret. Cette mesure devait contribuer à lutter contre la multiplication des intermédiaires qui opèrent dans le circuit de distribution des fruits et légumes. En effet, une stratégie de développement du réseau de distribution des produits agricoles frais a été arrêtée, avait indiqué M. Benbada qui a précisé que la première phase de cette stratégie porte sur le lancement d'un programme d'urgence pour pallier aux insuffisances actuelles et répondre aux besoins immédiats. Ainsi, il a été décidé de développer les espaces de commerce de 76 ha, extensibles à 153 ha à moyen terme, et l'augmentation de la capacité de réception des infrastructures existantes de 30 millions de quintaux par an de fruits et légumes, soit 25% de la production nationale en plus de la capacité actuelle de 31%. Quant à la deuxième phase de cette stratégie, celle-ci «découlera des études et évaluations» qui seront réalisées dans le cadre du schéma directeur national des infrastructures commerciales. A noter que huit grands projets portant sur la création d'espaces commerciaux de gros seront réalisés au niveau national pour combler le déficit en infrastructures répondant aux normes et pour améliorer la distribution des produits agricoles frais.