Dans l'ombre de Lionel Messi depuis son premier sacre en 2008, Cristiano Ronaldo a inversé la tendance en décrochant un deuxième Ballon d'Or. Obsédé par la reconnaissance d'un milieu du football qui l'a parfois boudé, le Portugais a réussi son tour de force à coup de travail et de performances de haute volée. Sans Lionel Messi, Cristiano Ronaldo serait l'incontesté meilleur joueur du monde. Sacré Ballon d'Or en 2008 à l'âge de 23 ans, CR7 semblait promis à une domination sans partage. Repéré par Sir Alex Ferguson à 18 ans, le Portugais quitte le Sporting Lisbonne contre 17 millions d'euros. Cinq saisons plus tard, refaçonné par René Meulensteen, adjoint du technicien écossais, le natif de Funchal est devenu une véritable machine de guerre. Ses 42 buts en 48 matchs sont prépondérants pour faire des Red Devils des champions d'Angleterre et d'Europe. Comme George Best ou Eric Cantona avant lui, le Portugais fait vibrer Old Trafford numéro 7 dans le dos. Un véritable rêve auquel succède un terrible cauchemar. Déjà battu en finale de l'Euro-2004 dans son pays, l'attaquant mancunien laisse filer un nouveau trophée lors de la finale de Ligue des champions 2009. Comme un symbole, Barcelone et son jeune prodige Lionel Messi sont les bourreaux de MU. Un véritable passage de témoin. La malédiction Messi Pour contrer la montée en puissance de son nouvel ennemi, Cristiano Ronaldo choisit de le rejoindre en Liga. Contre 94 millions d'euros, record du transfert le plus élevé de l'histoire à l'époque, il rejoint le Real Madrid. Les «Clasico» n'auront plus la même saveur. Devenu capitaine de la Selecçao, le Portugais souffre la comparaison avec la «Pulga» et son Barça modelé par Pep Guardiola. Comble de l'infamie, Ronaldo ne figure pas dans le Top 5 du vote pour le Ballon d'Or 2010. Au lieu de l'enterrer, ce coup d'arrêt sonne comme un réveil. L'homme de Madère redevient un mutant mais ne peut rien pour barrer la route au club blaugrana et à son triple Ballon d'Or argentin. En demi-finale de C1 2011, la star culé frappe deux fois quand son rival merengue reste muet. Critiqué pour ses difficultés supposées à briller dans les grands matches, CR7 se braque. Il ne comprend pas le désamour manifeste d'une partie du monde du football. «Je pense que parce que je suis riche, je suis beau, je suis un grand joueur, les gens me jalousent. Je n'ai pas d'autre explication», déclarait-il maladroitement la même année après avoir été conspué lors d'un match en Croatie. L'injustice de 2012 S'il a souvent payé une arrogance mue par sa haine de la défaite, Cristiano Ronaldo est reconnu par tous ses coéquipiers actuels ou anciens comme un bourreau de travail à l'hygiène de vie irréprochable. Sa frappe de balle d'une précision d' orfèvre et sa formidable technique en mouvement lui permettent de signer trois saisons consécutives à plus de 50 buts toutes compétitions confondues (2011, 2012, 2013). A l'issue de la saison 2011-2012, la Casa Blanca s'offre même un championnat d'Espagne grâce à des performances décisives de son artificier en chef lors des derniers matches. Le Portugais marque au moins une fois lors de 10 des 11 dernières journées, dont un but capital au Nou Camp pour offrir la victoire aux siens. Leo Messi termine cet opus sans trophée mais décroche pourtant son quatrième Ballon d'Or consécutif. Une terrible injustice, selon le gamin de Funchal. Une fois encore, ce coup de massue ne l'assomme pas mais le galvanise. Si la 10e victoire du Real Madrid en Ligue des champions se refuse toujours à lui, Cristiano Ronaldo termine meilleur buteur de la compétition (12 réalisations) et brille dans les matches couperets. Ses relations avec José Mourinho, et avec le club madrilène ont beau être tendues, le Portugais s'en accommode. Finies les sorties du début de saison pour réclamer un salaire plus élevé dans un pays secoué par la crise économique. Cristiano Ronaldo arrive à maturité Plus mûr, plus altruiste, l'ancien du Sporting Lisbonne est sûr de sa force. Même l'arrivée de Gareth Bale pour une somme supérieure à celle de son transfert (entre 95 et 100 millions d'euros) ne l'affecte pas. Le «fils» de Ferguson admet ses erreurs et envisage de «jouer pour ce club (le Real) peut-être jusqu'à la fin de (sa) carrière». En 19 journées de Liga lors de l'exercice en cours, la bombe Rouge et Verte a fait trembler les filets adverses à vingt reprises. Sans oublier ses 9 réalisations en phase de groupes de la «coupe aux grandes oreilles». En barrages d'accession au Mondial-2014, il a porté son pays sur ses larges épaules, inscrivant les quatre buts de la double confrontation avec la Suède pour envoyer sa Selecçao au Brésil. «Peut-être que je connais la meilleure période de ma carrière», jugeait la star portugaise de 28 ans, il y a quelques semaines. Quant à savoir s'il est le meilleur joueur du monde, il ne se défausse pas... «Je pense que ce n'est pas seulement cette année». Stratosphérique sur le rectangle vert (69 buts en 59 matchs la saison passée), Cristiano Ronaldo reste une énigme en dehors. Ses larmes lors de la remise du trophée trahissent une rage de vaincre et de réussir. Cinq ans plus tard, Cristiano Ronaldo a repris son histoire avec le Ballon d'Or là où il l'avait laissé. Repassé devant Leo Messi, le plus dur sera désormais d'y rester. Dans le cas contraire, cela lui donnera un motif supplémentaire pour se surpasser.