«L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), à sa tête Aïssat Idir, a joué un rôle important et prépondérant dans l'organisation de la classe laborieuse algérienne et le resserrement de ses rangs au service des objectifs de la révolution, l'indépendance nationale», a indiqué, mardi, à Tizi Ouzou, Bachir Ramdhani, secrétaire général de l'Union de wilaya UGTA. «La naissance et le développement de l'UGTA, reflet de la profonde transformation qui s'est produite dans le mouvement ouvrier après le bouleversement révolutionnaire provoqué par la lutte pour l'indépendance, a eu un puissant retentissement», a-t-il dit. Il s'exprimait lors d'une journée d'étude consacrée à l'un des membres fondateurs de l'UGTA, Aïssat Idir, organisée par la direction de la culture à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Dans sa communication en hommage à celui qui «a joué un rôle considérable dans la défense des travailleurs et l'organisation du syndicalisme nationaliste», M. Ramdhani a rappelé que «le Front de libération nationale (FLN) a salué la création de l'UGTA comme l'expression d'une saine réaction des travailleurs contre l'influence paralysante des dirigeants de la CGT, de FO (Force ouvrière) et de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), deux structures syndicales de l'occupant. L'action syndicale maintenue longtemps dans le cadre étroit des revendications économiques et sociales, isolée de la perspective générale, était devenue un instrument majeur dans la lutte anticoloniale et un accélérateur dans le combat purificateur pour la liberté et la justice sociale, selon le secrétaire général de l'Union de wilaya. L'UGTA, dont Aïssat Idir fut naturellement désigné par ses camarades secrétaire général, avait, à sa création le 24 février 1956, à l'issue de plusieurs rencontres entre Aïssat Idir, dirigeant de la commission centrale ouvrière du Parti du peuple algérien (PPA) et Abane Ramdane, architecte de la Révolution, la charge de mobiliser les travailleurs pour lutter contre le colonialisme et son injustice dans le cadre de la lutte pour la libération nationale, a poursuivi M. Ramdhani faisant observer que «dès l'année 1956, Aïssat Idir réussit à propulser et à consolider la base UGTA avec l'adhésion de plus de 100 000 ouvriers et la parution du premier numéro du journal L'Ouvrier Algérien». Aïssat Idir est né le 17 juin 1915 à Djemaâ Saharidj, dans la commune de Mekla, à l'est de Tizi Ouzou, au sein d'une famille paysanne aux conditions modestes. Après son certificat d'études primaires obtenu à l'école installée par la commune au sein même de la maison familiale, Aïssat Idir prépara l'entrée à l'école primaire supérieure de Tizi Ouzou et passa le concours des bourses qu'il décrocha en 1930. N'étant pas admis en internat, l'enfant de Djemaâ Saharidhj sera pris en charge par la mission protestante de 1930 à 1934. Il fut appelé au service militaire et obtint le grade de sergent-chef en 1938 après quatre années passées en Tunisie chez la famille de son oncle où il a repris les études universitaires en droit et sciences économiques De retour en Algérie, il fut recruté aux ateliers industriels de l'air (AIA) de Maison-Blanche (Dar El-Beida, Alger), où il occupa les fonctions de comptable avant d'être mobilisé durant la Seconde Guerre mondiale. Aïssat idir fut élevé au grade de cadre supérieur au sein de cette entreprise qui comptait quelque 3 000 employés dont 300 Algériens. IL fut arrêté le 23 mai 1956 en raison de ses activités syndicales et interné au camp de concentration de Berrouaghia, puis, successivement détenu aux camps de Saint Leu et Bossuet dans la région de Sidi Bel-Abbès. En septembre 1958, il fut extrait du camp et incarcéré à la prison civile de Barberousse à Alger sous l'inculpation d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat français. Le 13 janvier 1959, le tribunal militaire français qui l'a poursuivi pour atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat français prononça son acquittement. Au soir de ce 13 janvier, bien qu'acquitté, Aïssat Idir fut ramené à Birtraria (Alger) où il subit la torture quatre jours durant avec une férocité et atrocité insoutenables menée par les parachutistes. Il est particulièrement brûlé au chalumeau aux jambes et sur le corps au point où sa peau se détacha de son corps par plaques et ses muscles détériorés profondément. Hospitalisé à l'hôpital militaire, il subit 6 greffes de la peau, 22 anesthésies et de multiples perfusions de sérum et rendit l'âme le 26 juillet 1959.